C’était hier que la Coordination des mouvements de l’AZAWAD (MNLA, HCUA, MAA dissident) devait se concerter sur l’opportunité de signer l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Leur refus de signer l’accord serait d’autant plus surprenant que le gouvernement ait décidé d’avaler des couleuvres, en acceptant des compromis importants, même si c’est sous le couvert d’une décentralisation avancée.
Cela prouve encore une fois que l’Etat, comme il l’a paraphé : « est déterminé à éliminer définitivement les causes profondes de la situation actuelle et à promouvoir une véritable réconciliation nationale fondée sur une réappropriation de l’Histoire à travers une unité nationale respectueuse de la diversité humaine caractéristique de la Nation malienne ». C’est donc à ce titre que l’Etat a accepté des compromis de taille.
Concernant l’appellation Azawad, l’accord mentionne que :« L’appellation AZAWAD recouvre une réalité socio-culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du nord Mali, constituant des composantes de la communauté nationale. Une compréhension commune de cette appellation qui reflète également une réalité humaine, devra constituer la base du consensus nécessaire, dans le respect du caractère unitaire de l’Etat malien et de son intégrité territoriale. » Outre ce compromis, le gouvernement malien a décidé de se conformer à une gouvernance qui tienne compte, entre autres, des spécificités locales et qui s’articule autour des éléments suivants:
– la mise en place d’une architecture institutionnelle fondée sur des Collectivités territoriales dotées d’organes élus au suffrage universel et de pouvoirs étendus;
– la gestion par les populations des régions concernées de leurs propres affaires sur la base du principe de la libre administration;
– une plus grande représentation des populations du nord au sein des institutions nationales;
– le renforcement de l’État de droit, en rapprochant la justice des justiciables;
– la mise en place d’un système de défense et de sécurité basé sur les principes d’unicité, d’inclusivité et de représentativité;
– une participation active et significative des populations, en particulier celles du nord à la gestion de la sécurité locale;
– un redéploiement progressif des forces armées et de sécurités reconstituées du Mali;
– la mise en place d’une Zone de Développement des Régions du Nord, dotée d’un Conseil consultatif interrégional et d’une Stratégie Spécifique de développement adaptée aux réalités socio-culturelles et géographiques ainsi qu’aux conditions climatiques.
La Stratégie sera financée notamment par un Fonds pour le développement durable dont les ressources proviendront de sources publiques nationales et de contributions internationales. On ne saurait donc mettre en cause la bonne foi d’un Etat qui accepte de se dépouiller de si importantes prérogatives.
Compte tenu de toutes ces concessions du gouvernement malien, il reste, aujourd’hui, incompréhensible que la Coordination des mouvements de l’AZAWAD tergiverse encore pour signer l’accord.
B.D.
Source: Canard Déchainé