Le Mali est résolument engagé dans un vaste processus de paix durable et de réconciliation nationale à travers l’accord de paix qui sera bientôt signé. La mise en œuvre du document nécessite une vaste refondation des administrations publiques, une réorganisation institutionnelle ainsi que l’approfondissement de la décentralisation. Ce processus concerne en grande partie les collectivités territoriales.
Conscient de ce rôle fondamental affecté aux collectivités dans la nouvelle architecture administrative et institutionnelle de notre pays, le Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM), en partenariat avec le Haut conseil des collectivités, a organisé samedi une rencontre de haut niveau sur les grands défis et le rôle des collectivités dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger. La rencontre qui s’est déroulée à l’hôtel Radisson Blu, a été ouverte officiellement par le président du Haut conseil des collectivités, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim Haïdara, en présence des présidents des conseils régionaux, du représentant de la Banque mondiale, Pierre Joseph Kamano, des représentants des partenaires techniques et financiers, de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, de l’ancien ministre et expert en décentralisation, Ousmane Sy, ainsi que de nombreux experts et universitaires.
L’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger scelle un compromis dynamique devant permettre aux citoyens de se donner la main pour tourner définitivement la douloureuse page de la crise politico-sécuritaire qui secoue notre pays depuis 2012. Sa mise en œuvre, soulignera Ousmane Sy, place les collectivités territoriales au cœur du dispositif étatique et leur confère un rôle majeur dans la construction d’une nouvelle communauté de destin entre les citoyens, fondée sur la liberté de décider pour une large part de ce qui est bien pour eux et de comment l’atteindre. « La libre administration, plusieurs fois actée dans les textes, est consacrée par l’accord de paix et devrait faire des communes, cercles et régions, des acteurs majeurs du développement du Mali. Il ne faut cependant pas sous-estimer les nombreux conservatismes, les élus locaux et leurs organisations faitières n’ont pas les capacités nécessaires à penser leurs rôles dans la future architecture institutionnelle du pays et a fortiori, les revendiquer et les exercer de manière satisfaisante, dans les délais fixés par l’accord, ainsi que les changements quelques fois révolutionnaires prévus », a-t-il développé.
La rencontre, a souligné Ousmane Sy, permettra aux acteurs et experts de la question de faire des propositions précises permettant aux parties d’identifier de manière détaillée le rôle et les responsabilités des collectivités dans la mise en œuvre des questions institutionnelles, de défense et de sécurité.
Le président du Haut conseil des collectivités rappellera que la marche vers la paix dans notre pays passe obligatoirement par la mise en œuvre effective des dispositions de l’accord dont le succès repose sur l’appropriation par les collectivités de la gestion de leurs affaires sur le principe de la libre administration. « Le rôle dévolu aux présidents de région, au terme de l’accord, témoigne de la place de plus en plus importante qu’auront la gouvernance, le transfert de compétences et de ressources, le processus de prise en compte des aspirations et besoins des populations et la nécessité d’une législation et d’une réglementation devant aller de pair avec la souplesse, la clarté et l’efficacité », a indiqué Oumarou Ag Mohamed Ibrahim Haïdara. Il a, à ce propos, soulevé un certain nombre de questionnements : quelle amélioration apporter à la gouvernance des collectivités locales pour une plus grande satisfaction des populations ? Quelles sont les priorités en terme de compétences, de ressources humaines et financières pour un développement équilibré des régions ? Quelle articulation à mettre en place auprès des collectivités pour exercer efficacement ses compétences et quelles actions mener pour renforcer la paix et la cohésion dans un Etat sécurisé, laïc et réconcilié ?
Pour sa part, le représentant résident par intérim de la Banque mondiale, Pierre Joseph Kamano, a salué une initiative qui, selon lui, constitue un grand pas dans le processus de mise en œuvre de l’accord d’Alger. Les collectivités, a-t-il noté, sont les lieux et les places où les stratégies et politiques sont mises en œuvre. «Nous partenaires du Mali, réaffirmons donc notre soutien à cet accord qui constitue une avancée certaine dans le retour d’une paix durable au Mali. La Banque mondiale, à travers ses différents programmes, accompagne le Mali dans la mise en œuvre de sa politique de décentralisation et soutiendra ce processus en cours dont les collectivités territoriales constituent des acteurs majeurs », a-t-il souligné.
L’ancien Premier ministre Moussa Mara a axé son intervention sur le Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM) qu’il a présenté comme une structure de réflexion pour contribuer à la réhabilitation des activités intellectuelles dans notre pays à travers les analyses, la prospection sur les questions importantes du pays. La structure, précisera-t-il, est apolitique et ouverte à tous les intellectuels, les personnes ressources et les universitaires du pays. « Nous avons déjà engagé des réflexions de haut niveau sur des sujets majeurs notamment les défis majeurs pour le Mali : la sortie de crise, la problématique de l’école, la reforme de la justice, les défis de la relance économique », a énuméré l’ancien Premier ministre qui est également le secrétaire au développement du CERM.
D. DJIRE
source : L Essor