Le gouvernement malien a initié à Bamako, une rencontre de haut niveau sur l’Accord issu du processus d’Alger qui peine à être appliqué depuis bientôt 8 ans. Les Mouvements signataires, Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la Plateforme, Coordination des Mouvements de l’inclusion (CMI) et le gouvernement ont entamé 5 jours d’échanges sur 3 grands points. A savoir : le quota d’ex-combattants à intégrer, la question des hauts cadres civils et militaires à intégrer et les réformes politico-institutionnelles sans nécessité de révision constitutionnelle.
Mahamed Elmaouloud Ramadan, Responsable CMA
« 26 000 ex-combattants seront intégrés »
Cette rencontre était attendue depuis un certain temps. Depuis février 2021, toutes les parties signataires de l’Accord n’attendaient que cette rencontre. C’est cette rencontre qu’il faut pour démarrer le processus de la mise en œuvre de l’Accord. Tout le blocage en quelque sorte a été lié à cette rencontre. Depuis que c’est commencé, les choses se déroulent très bien. Les gens sont optimistes. Toutes les parties confondues. Nous avons eu des travaux bilatéraux avec le gouvernement à huis clos. Chacun signe un document de consensus entre les parties pour les synthèses et la conclusion.
La rencontre concerne en général l’aspect défense et sécurité même s’il y a aussi celui du politico-institutionnel. Le principal objectif c’est de tomber d’accord sur un nombre déterminé, un quota de commun accord. Un quota des membres à intégrer parmi les ex-combattants dans les rangs des Forces armées maliennes, la fonction publique et d’autres corps de l’Etat. Le principe est acquis. On s’est compris sur 26 000 ex-combattants seront intégrés sur deux ans. Ce serait en deux tranches, 13 000 pour cette année et 13000 pour 2023. Il y a vraiment du sérieux dans les travaux.
MAHAMADOU DIOUARA, CHEF DE CABINET DU MINISTRE DE LA RECONCILIATION
« Traitements cas par cas pour les hauts cadres »
« La partie gouvernementale se réjouit de la réussite jusqu’à ce stade de la rencontre. Nous avons constaté la présence exhaustive des partis concernés, la médiation à travers les ambassadeurs, le gouvernement et les mouvements signataires. Nous avons engagé des rencontres bilatérales avec toutes les parties. La rencontre de haut niveau a trois objectifs : la répartition des quotas, la gestion des hauts cadres civiles et militaires et les réformes politiques et institutionnelles qui ne sont pas liées à la révision constitutionnelle. Il y a un total, parmi l’ensemble des combattants recensés, 26 000 ex-combattants, que le gouvernement a conclu pouvoir absorber dans l’intégration.
De façon particulière, il y a les hauts cadres civils militaires de ces mouvements qui doivent faire l’objet d’un traitement au cas par cas. Certains d’entre eux ne peuvent pas être des combattants dans les bataillons. Eu égard à l’âge, eu égard à leur profession et à leur expérience et beaucoup d’autres aspects. Du coup, il est question quelles seront les modalités de gestion de ces hauts cadres militaires et civils. La répartition a été acceptée par toutes les parties que nous avons rencontrées jusque-là. Les différents mouvements à leur tour ont fait des doléances. Le gouvernement a pris note et fera l’objet de traitement. La rencontre ne concerne que les parties signataires de l’Accord. Elle est un pan majeur dans l’histoire du processus. Tous les acteurs sont dans une dynamique d’aller vers la paix.
FAHAD AG ALMAHMOUD, PRESIDENT DE LA PLATEFORME
« Chacun doit réviser son agenda pour l’actualiser par rapport à la situation »
Cette rencontre est très importante pour la mise en œuvre de l’Accord. Le gouvernement a fait un grand effort en proposant à intégrer 13 000 ex-combattants des mouvements.
On ne peut que le saluer Pour la répartition des 13 000 ex-combattants entre les mouvements, on est dans l’aspect stratégique, on n’est pas arrivé dans l’aspect technique d’abord. Nous, nous sommes mis d’accord sur l’offre que le gouvernement a proposée. Le reste est technique.
Quelques soient les différends d’hier, quelques soient les objectifs, ou les agendas d’hier des uns et des autres, chacun doit réviser son agenda et l’actualiser par rapport à la situation d’aujourd’hui. Qu’est l’insécurité. Le Malien aujourd’hui, son premier besoin, c’est la sécurité.
MOHAMED ATTAIB SIDIBE, PRESIDENT DE LA CMI
« Une occasion exceptionnelle de s’entendre et d’avancer… »
Cette rencontre est une occasion exceptionnelle pour le gouvernement et pour les mouvements de s’entendre et d’avancer dans la mise en œuvre de l’Accord. Quoi que l’on dise, le problème entre le gouvernement et les mouvements était à l’origine de l’insécurité. D’autres problèmes aussi importants, sinon plus, sont venus se greffer à ce problème.
Il faut que cet accord soit mis en œuvre pour que l’ensemble des Maliens épris de paix puissent se mettre ensemble pour qu’ensemble, nous puissions faire face aux autres enjeux. Notamment, l’insécurité grandissante, nos problèmes avec d’autres pays, le changement climatique entre autres. Il faut se réunir pour résoudre toutes ces divergences qui ont été déjà résolues par l’Accord.
Propos recueillis par
Koureichy Cissé
Source : Mali Tribune