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Accord d’Alger II (2015): c’est le pire !

Certes, l’irrédentisme touareg est vielle que l’indépendance du Mali. Ceux qui, à base ethno-régionaliste, ont opté vivre à l’écart, ont, à plusieurs reprises connu des échecs dus au départ à leur hostilité d’être administrés par une administration à majorité noire, et par la suite aux différentes méthodes employées par les régimes qui se sont succédé à Bamako. De 1962 à 2012, le constat reste le même: Il s’agit d’une situation qui ne se règle pas de manière définitive. Par contre, pour le régime IBK qui croit pouvoir faire ce que Modibo, Moussa, Alpha et ATT n’ont pu en un laps de temps, « l’affaire est banale». En croyant mordicus à une telle utopie, le Mali d’IBK finit par commettre l’une de plus graves erreurs jamais commise par un régime ! Démonstration.

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Si face aux révoltes Touaregs des années 1962-63, le régime socialiste de Modibo Keïta a su par la méthode forte, maintenir l’unité nationale, il n’est pourtant pas parvenu à torpiller de manière définitive les velléités indépendantistes.

Il faut noter qu’à cette époque, plusieurs raisons expliquent l’échec de ces velléités restées en veilleuse jusqu’à la fin du régime fondateur de la république du Mali. Non seulement, la France, ancienne puissance coloniale ne voyant aucune capacité en les touaregs de s’auto-administrer dans un espace où ils sont minoritaires, mais aussi, dans les multiples lettres que les chefs des tribus sécessionnistes ont adressées au Général De Gaulle, n’est exposé qu’une sorte d’auto victimisation teintée d’un racisme gérée à l’interne. En clair, aucune raison valable, arrangeant ni la France, ni les indépendantistes eux-mêmes, ne servait de base pour convaincre Paris à tordre la main à Modibo Keïta afin de l’obliger à céder l’espace revendiqué.  Telles furent les raisons qui n’ont jamais poussé la France Gaulliste à opter pour une scission du Mali.

D’autres raisons que nous épargnons de citer ici, sont beaucoup plus impressionnantes. Puisque l’une des vérités c’est que de tous les temps, les irrédentistes Touaregs veulent vivre à part. Mais la question cruciale c’est de savoir quelles seraient les conséquences sur eux-mêmes s’il leur est toutefois cédé le territoire qu’ils revendiquent à cor et à cri.

Héritant d’une situation jusque-là, dans une apparence, maîtrisée par la méthode forte du régime socialiste, le Général Moussa Traoré verra lui aussi la situation lui échapper plus tard.

Début de la décennie1990, la méthode Modibo poursuivie par Moussa ayant vieilli, sans être innovée, finit par ne plus effrayer les irrédentistes pour les confiner.  Ce qui s’est soldé à la révolte de 1990. Lassé, le régime de Moussa Traoré parviendra à l’accord de Tamanrasset. Lequel accord sera le premier à ouvrir la porte à tous les dangers.

D’ABORD LE CAS DE L’ACCORD DE TAMANRASSET

Dans le souci, dit-on de rétablir et de maintenir la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire et notamment dans les 6ième et 7ième régions le Gouvernement du Mali et le mouvement populaire de l’Azaouad et le Front Islamique Arabe ont convenu de mettre fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l’ensemble du territoire et principalement dans les 6ième et 7ième Régions du Mali le 6/01/91(article 1).

Pire, ‘’elles procéderont  à un allégement progressif de leurs dispositifs dans les 6ième et 7ième Régions.’’(Article 4).

L’article 5 pour sa part, est plus clair : « Dans le cadre du présent accord, les Forces Armées Maliennes se désengageront de la gestion de l’Administration civile et procéderont à la suppression de certains postes militaires. En ce qui concerne les villes (chefs-lieux de Régions et de cercles), les casernes seront progressivement transférées vers d’autres sites plus appropriées.[ndlr]»

En 6, « Les Forces Armées Maliennes éviteront les zones de pâturage et les zones à forte concentration de populations dans les 6ième et 7ième Régions actuelles». Nous sommes toujours dans le Mali de Moussa Traoré.

Quelques mois plus tard, la situation se détériore dans le nord. Et à cette époque marquée par le changement du régime au Mali, c’est la transition dirigée par le lieutenant-colonel ATT qui initiera et établira un pacte national.

Pour une énième fois décisive, la révolte est contenue grâce aux satisfactions qu’offre ledit pacte aux belligérants. Notamment, le passage au règlement de la crise par des plans et mesures divers pour le développement des régions nord du Mali.  Une première mais qui aura du mal à germer. De Gaulle avait raison !

Vingt ans après le pacte, c’est-à-dire de 1992 à 2006, le Mali connaîtra une accalmie. L’instauration du régime démocratique facilitera la décentralisation des régions à travers une libre administration des collectivités locales, prévue dans le  pacte et par la constitution de 1992. Cette fois, ce fut une grande avancée pour les irrédentistes qui n’attendront que 2006, c’est-à-dire 14 ans après, pour reprendre les armes. Une situation favorisée par les accords de Tamanrasset qui ont démilitarisé le nord pendant que les salafistes envahissaient la bande sahélo-saharienne.

Attaqué, le Mali revient à la table avec des groupes armés et signe l’accord pour la cessation des hostilités en 2006.

LE PACTE EN QUESTION

Rappelant les acquis du pacte national d’avril 1992 qui a reconnu la spécificité du Nord du Mali, la nécessité pour ce faire d’une prise en charge des affaires locales par les populations de chaque région, leur association à la gestion nationale et l’institution d’un processus économique d’assistance et de développement avec l’apport des partenaires étrangers, l’accord d’Alger de 2006 ne cédera pas grand-chose, encore non cédé à Tamanrasset. Car, outre une révision quasi conforme aux engagements du pacte, le seul tort qu’on peut reprocher à l’accord d’Alger de 2006, c’est d’avoir dans la prise en charge des préoccupations sécuritaires dans son titre III, prévu « la poursuite du processus de délocalisation des casernes militaires dans les zones urbaines conformément aux dispositions du Pacte National, et plus loin l’accord de Tamanrasset. Et le retour sous l’égide du facilitateur, de toutes les armes et munitions ainsi que de tous autres matériels enlevés depuis les attaques du 23 mai 2006 de Kidal, Ménaka et Tessalit selon les modalités arrêtées dans le présent accord ». Si erreur fut-elle, cette initiative n’est autre que la poursuite des engagements pris par l’Etat malien depuis le 6 janvier 1991 à Tamanrasset. Notamment l’article 5 des accords de Tamanrasset.

Nonobstant tout, les initiatives entreprises en matière de développement des régions du nord, sont selon l’avis de tous jusqu’à nos jours, nécessaires. Ce qui ne peut être récriminé donc. Mieux, en aucun lieu ces initiatives n’ont nécessité une révision constitutionnelle.

Concernant la réinsertion des anciens rebelles et la constitution d’unités spéciales, il s’est illustré comme stipulé que leur commandant opérationnel dépend hiérarchiquement de l’Etat-major de la Garde Nationale pour le second. Et le premier selon son corps ou sa structure respective.

Par ailleurs, tous les ex combattants réinsérés dans les rangs des forces de défense et de sécurité ont été déployés par mutation à titre national de Kayes à Kidal sans distinction de couleur, région ou d’ethnie.

A la différence de tous les accords antérieurement signés pour la paix dans le nord du Mali, l’accord signé le 20 juin 2015 est un document dans lequel, l’irrédentisme touareg a fait des avancées incommensurables, scellant ainsi et plus que jamais le sort de la République du Mali.

Si c’est le seul accord qui a été ouvert à la participation de la communauté international, et qui, aussi, offre plus de projets de développement du nord du pays, c’est aussi le premier des accords tendant à mettre en péril l’unité nationale avec des mesures institutionnelles jamais envisagées depuis 1960, il est aussi l’unique accord qui tendrait à la création de deux types de citoyens dans une République démocratique. Pis, un Etat identitaire qui émerge de jour en jour pour la rébellion.

Car même si dans l’accord (Alger II), il n’est pas question explicitement d’autonomie ou de fédéralisme de l’Azawad; il faut reconnaitre que certaines dispositions constituent des violations flagrantes de la constitution de 1992:

1- Dans l’article 5, chapitre 2 fondements pour un règlement durable du conflit à propos de l’appellation Azawad, il est stipulé que « l’appellation Azawad recouvre une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du nord Mali, constituant des composantes de la communauté nationale. Une compréhension commune de cette appellation qui reflète également une réalité humaine, devra constituer la base du consensus nécessaire, dans le respect du caractère unitaire de l’Etat malien et de son intégrité territoriale.» Ce qui est inexacte car on n’ignore mal avec quel moyen les populations du nord Mali, se sont toutes de Tombouctou à Kidal en passant par Gao, reconnus comme azawadiennes.

Puis, -« Une plus grande représentation des populations du nord au sein des institutions nationales ». Ceci constitue une violation de l’article 2 de la constitution de la République 2 Mali qui stipule: « tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ». C’est extraordinaire pour les générations futures !

2-Au Titre II, concernant les questions politiques et institutionnelles, chapitre 3, cadre institutionnel et réorganisation territoriale, il est dit:« les populations maliennes et en particulier celles des régions du nord auront à gérer leurs propres affaires sur la base du principe de la libre administration ». Et l’Etat central alors, il devient une coquille vide ?

3- Au Chapitre III du titre II « Il est reconnu à chaque région le droit d’adopter la dénomination officielle de son choix dans le cadre des dispositions relatives au statut juridique et fonctionnement des régions ».Voilà une disposition qui va jusqu’à tuer l’Etat au niveau régional.

Dans le même chapitre, on décèle : « le Président de l’Assemblée (régional) est élu au suffrage universel direct. Il est également le chef de l’Exécutif et de l’Administration de la région ». A y penser !

4- Pour les questions de défense et de sécurité traitées dans le titre III, il est question de forces armées et de sécurité reconstituées d’un nombre significatif de personnes originaires des régions du nord, y compris dans le commandement.

Gravement, l’une des pires erreurs qu’évoque l’accord est son appellation ‘’définitif’’ pour instaurer une paix définitive sur le territoire malien et dans ses régions nord plus particulièrement. Une chose qui ne peut se faire en maintenant l’unité nationale qu’en se réadaptant à la décentralisation pure et simple. Une méthode qui ne pourra donner de vrais résultats qu’après cent cinquante ans d’application continue et sans rupture. C’est un avis d’experts.

Cependant, il est bon de reconnaitre que s’atteler sur un accord primant les irrédentistes qui se voient de plus en plus proches de la finalité (fédéralisme puis indépendance), pour croire à l’unité nationale, est tout simplement illusoire !

Cet accord qui d’ores et déjà satisfait la rébellion, est une base directe  qui n’a d’autres avenirs que d’aboutir de manière institutionnelle, infrastructurelle, politique et bientôt juridique à l’indépendance de l’Azawad. Quel progrès indépendantiste ! Quelle régression nationaliste !

LES DANGERS DE L’AVENIR D’UN ETAT TOUAREG

Or, comme la France l’est accusée,  soutenir de manière irréfléchie la création d’un Etat à caractère identitaire, ne servirait qu’à accélérer la disparition de cette minorité dans une région qu’elle ne pourra contrôler ni par la force ni par l’intelligence.  Car aucune communauté majoritaire ne cautionnera vivre sous l’autorité d’une minorité asservissante comme c’est le cas spécifique du nord du Mali. Les régions de Gao et Tombouctou, que les indépendantistes incluent dans leur revendication comme partie intégrante de leur territoire, est pourtant à majorité noire. Le premier essaie de la part des occidentaux, tendant à imposer un état touareg pour se solder à des conséquences inimaginables.

 

Habi Sankoré

Source: Le Soft

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