Pourquoi la communauté internationale ne demande pas la dent de la panthère à tous ceux qui ont mangé la tête ? Celle-ci est une association de pays occidentaux qui cherche la défense des intérêts économiques des pays membres. Elle n’existe que de nom et sa composition dépend des intérêts en jeu. Elle prend des formes différentes selon les époques. Elle dit régulièrement défendre les petits contre les puissants et exiger le droit partout dans le monde. C’est ainsi qu’elle intervient très souvent dans les pays en développement pour exiger la justice.
Après la décennie de crise militaro-politique de 2012 au Mali, il était question d’établir les responsabilités dans cette crise afin d’éviter d’autres jours sombres au pays. Mais cette communauté internationale fait plus de mal que de bien au Mali. Depuis le coup d’Etat de mars 2012, notre pays est resté fragile. Le point de départ de cette crise demeure la guerre de succession du président sortant d’alors, Amadou Toumani Touré. Pour leur gloire personnelle, les responsables de la classe politique ont tourné le dos aux préoccupations des populations, optant pour le partage du pouvoir et des richesses du pays.
Mais après le fameux coup d’Etat du capitaine Sanogo, l’on avait cru que le pays allait se remettre sur les rails après les élections présidentielles et législatives de 2013. Les Maliens espéraient sortir de cette crise politique et sociale au soir du 1er mars 2015, après le paraphe des accords d’Alger entre le gouvernement et les protagonistes rebelles de la crise malienne. Mais contre toute attente, la coordination des mouvements de l’Azawad a catégoriquement refusé de parapher cet accord. Et nous revoilà une fois encore à la case de départ. La communauté internationale a perdu la raison
Elle a été appelée à jouer un rôle d’appui au processus de sortie de crise ; mais il ressort des pressions exercées sur le pouvoir de Bamako qu’elle avait visiblement choisi son camp, au mépris du respect des institutions maliennes.
Aujourd’hui, son incapacité à aider les Maliens à se réconcilier montre bien qu’elle a perdu la raison. Si la justice consiste à dire le droit, mais aussi et surtout de chercher la vérité, alors il est possible d’affirmer que la communauté internationale a décidé d’hypothéquer l’avenir du Mali. Elle peine à rétablir la vérité. Car comment comprendre qu’un groupuscule peut prendre en otage toute une nation ? Aujourd’hui les complices des rebelles sont pour la majorité remis en liberté sous le sceau de la paix. Entre celui qui revendique avec les armes et qui tue et celui qui le fait avec les mains nues, les Maliens voudraient savoir qui a fauté ? Les Maliens ne comprennent pas pourquoi ces rebelles du Mnla ne subissent aucune pression de la communauté internationale pour parapher ces accords pour que l’on tourne la page sombre de l’histoire de notre pays ?
Le Mali va très mal malgré le soutien massif de la communauté internationale pour aider le Président IBK. La raison est simple : un peuple divisé ne peut pas construire un véritable développement. Après cette crise militaro-politique de 2012, la fracture sociale est réelle et la réconciliation reste le socle d’un nouveau départ. En effet, la réconciliation entre peuples, communautés, ou ethnies, est sans doute la condition majeure pour une paix durable. Mais au Mali, la communauté internationale a pensé que les pluies de milliards peuvent réconcilier les Maliens.
Au Mali, nous avons tous péché et sommes coupables de ce qui est arrivé à notre pays. Sur le banc des accusés, les hommes politiques sont au premier rang. La communauté internationale pourrait aider le pays en sanctionnant les groupes rebelles qui refusent de s’allier sur le processus de sortie de crise afin de réconcilier les Maliens pour qu’ils apportent, tous dans leurs diversités, leurs forces à l’effort de développement. Cette façon de prescrire les règles d’une démocratie à minima n’est plus acceptable. A force de jouer avec les principes et de pratiquer la règle du deux poids, deux mesures, la communauté internationale détruit au lieu de construire les pays.
Paul N’GUESSAN
Source: Le Prétoire