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Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne : « nous ne laisserons personne, ni aucun pays bafouer la dignité de notre pays et de notre peuple »

C’est un diplomate chevronné. Et de carrière. Il a roulé sa bosse pendant d’une décennie dans les coulisses des Nations-Unies. Il parle peu. Très peu. Trop peu. En jetant son dévolu sur lui pour conduire la diplomatie malienne, le président de la Transition ne pouvait faire un meilleur choix. Abdoulaye Diop, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas le meilleur des diplomates maliens ; c’est le meilleur. Avec, à la clé, un carnet d’adresses plus long que le fleuve Niger. Dans cette interview – imaginaire ou presque – qu’il nous a accordée, le week-end dernier, il revient en détails sur les péripéties, qui ont conduit à l’expulsion du représentant spécial de la CEDEAO à Bamako. Mais aussi, sur les autres mesures qu’il entend prendre pour restituer au Mali et aux Maliens leur dignité et leur fierté d’antan. Entretien.

Bonjour Mr le ministre

Bonjour, Le Mollah. J’ai appris par le téléphone arabe que tu étais gravement malade, raison pour laquelle ton journal était absent des kiosques. Alors, ça va maintenant ?

Par la grâce de Dieu, je vais mieux maintenant.

Alors, que veux-tu savoir que tu ne sais déjà sur l’expulsion du représentant spécial de la CEDEAO à Bamako ?

L’écrasante majorité des Maliens ont accueilli cette décision avec un tonnerre d’applaudissements. Car, pour eux, cette décision traduit la volonté des nouvelles autorités de ne plus se faire dicter leur conduite. Mais ce que nombre de Maliens ignorent, c’est le pourquoi de cette expulsion. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous l’avons expulsé de notre pays, parce que les pratiques auxquelles il se livrait juraient avec son rôle de diplomate, qui lui faisait obligation de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures du pays d’accueil. Aucun diplomate – qu’il soit européen ou africain – n’a le droit de s’ingérer dans les affaires intérieures du pays d’accueil. C’est ce que Mr Hamidou Boly a fait. Et voilà pourquoi nous lui avons donné 72 heures pour quitter le Mali.

Que voulez-vous dire par s’ingérer dans les affaires intérieures du Mali ?

C’est à dire que nous l’avons surpris, plusieurs fois, en train de recevoir des personnes, dont l’intention inavouée est de semer le chaos dans notre pays. Ces personnes que nous connaissons sont de mèche avec certains « vrais-faux » partenaires du Mali qui menacent de renverser les nouvelles autorités du Mali, qui refusent de jouer le jeu de leurs prédécesseures.

Qui sont ces personnes de mèche avec le représentant spécial de la CEDEAO au Mali, voire les impérialistes ?

Ils sont issus de la classe politique, de la société civile… Ces personnes ont un dénominateur commun : elles ont une certaine influence au sein de l’opinion publique.

Donc, selon vous, ces personnes suspectes étaient en mission de déstabilisation du Mali ?

C’est bien cela ! Parce que dès que nous avons reçu l’information, nous les avons mis sous surveillance des semaines durant pour savoir qu’elles étaient leurs intentions. Une fois que nous avons eu la preuve de leurs intentions malsaines, nous avons décidé d’agir. Sans attendre.

Mr le ministre, ce n’est pas pas la première, ni la seconde fois, que les « vrais-faux » partenaires décident de déstabiliser notre pays. Il y a environ deux mois, une quinzaine de militaires seraient arrêtés pour avoir tenté de renverser les autorités en place. Est-ce vrai ?

Je ne sais pas, Le Mollah. Par contre, je sais que tu es bien informé, étant moi-même un lecteur assidu de ton journal.

Donc, toutes réunions secrètes avec le désormais ex-représentant spécial de la CEDEAO au Mali et ces complots ourdis dans l’ombre visent le même objectif : la déstabilisation du Mali.

Je ne le dirais pas comme ça. Mais c’est un peu cela.

Selon le communiqué que vous avez publié à cet effet, vous avez indiqué que le diplomate burkinabè, Mr Hamidou Boly et sa hiérarchie avaient reçu plusieurs mises en garde sur ses agissements, avant que la décision de son expulsion ne soit prise.

C’est vrai ! Parce que nous ne voulions pas arriver à cette décision extrême. Mais il n’a rien voulu entendre. Et sa hiérarchie a continué à faire la sourde oreille. En fin de compte, nous nous sommes vu obligés de prendre nos responsabilités vis à vis de notre peuple et de l’Histoire. Nous ne laisserons personne, ni aucun pays bafouer la dignité de notre pays et de notre peuple sans réagir. Voici le message que nous voulons envoyer aux autres pays et institutions représentés dans notre pays. Si un autre diplomate emboiterait le pas à Mr Boly, nous n’hésiterons pas à l’expulser de notre pays. Nous voulons avoir des liens d’amitié et de coopération avec tous les pays du monde. Mais dans le respect mutuel de nos valeurs et de nos institutions.

Savez-vous, Mr le ministre, que la décision d’expulsion du représentant spécial de la CEDEAO a fait grimper la cote de popularité des autorités de la Transition au sein de l’opinion publique nationale, voire internationale ?

Je l’ignore !

Savez-vous, Mr le ministre, que vous ainsi que tous les membres de l’exécutif malien sont considérés comme des héros, par les Maliens de l’intérieur, comme ceux de l’extérieur ?

Je ne sais pas. Mais, si c’est Le Mollah sans barbe de Mollah qui le dit, je le crois. Car, autant la soutane ne fait pas le prêtre, autant la barbe ne fait pas Le Mollah.

Propos recueillis par Le Mollah Omar

Source: Canard déchainé

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