Très engagé pour l’autonomisation des femmes et des jeunes au Mali, Abdou Coulibaly, président de l’association Siguida Yeelen du Mali, nous a accordé une interview dans laquelle, il fait le bilan des activités réalisées par l’association au cours de l’année 2023, parle des ambitions pour l’année 2024, de l’opération de sursaut national pour l’armée, ses impressions sur la gestion de la Transition et les solutions qu’il préconise aux autorités de la Transition afin qu’ils puissent résoudre définitivement ce problème de délestage.
Aujourd’hui-Mali : Comment se porte aujourd’hui l’association Siguida Yeelen du Mali ?
Abdou Coulibaly : L’association Siguida Yeelen du Mali se porte à merveille parce que nous menons régulièrement nos activités sur une bonne partie du territoire national. En plus de cela, nos ambassadeurs sont à pied d’œuvre pour mener à bien leurs activités et essayer d’avoir l’adhésion des femmes et les jeunes pour la cause de l’association.
Depuis la dernière assemblée générale, nous avons décidé de ne plus mener des activités comme nous le faisions avant. Maintenant, il faut avoir l’approbation de l’organe exécutif de l’association afin que nous puissions financer les activités.
Cela nous permettra de voir les avantages et les inconvénients d’une activité avant son exécution.
L’autonomisation des femmes et des jeunes est l’une des priorités de votre association. De quel bilan votre équipe peut se prévaloir dans ce domaine pour l’année 2023 ?
A mon avis, le bilan de l’association pour l’année 2023 est très positif parce que nous avons pu mener à bien notre programme d’activités annuelles. Sincèrement, nous avons mené plusieurs activités de l’autonomisation des femmes et des jeunes. Cette année, près de 1000 personnes ont bénéficié de nos formations en saponification et en maraîchage. Il est important de rappeler qu’aujourd’hui la force de notre association repose sur les femmes et les jeunes. Alors, nous n’avons pas intérêt à minimiser ces deux couches.
L’un de nos objectifs est que les femmes et les jeunes puissent être autonomes dans le vrai sens. Nous allons continuer cette session de formation des femmes et des jeunes et nous n’allons pas relâcher. Au cours de l’année 2023, plusieurs femmes et jeunes ont bénéficié de nos différentes formations, notamment sur les différentes gammes de la saponification et le maraîchage.
Quelles sont les ambitions de l’association pour l’année 2024 ?
Nos ambitions pour l’année 2024 sont les mêmes, une ambition se soigne et s’accroit. C’est dans ce cadre que nous continuons de collaborer avec toutes les associations, tous les regroupements et toutes les coopératives. Raison pour laquelle, nous venons de lancer il y a quelques semaines d’un projet phare de notre association en partenariat avec le mouvement MPS/Faso Den qui est le projet “le sursaut national pour le salut de l’armée nationale”. Ce projet permet de collecter des fonds pour les forces de défense et sécurité du Mali. En plus de cela, il a pour but de mobiliser tous les Maliens autour de notre armée.
Pouvez-vous nous parler de l’opération de sursaut national pour le salut de l’armée nationale que vous avez lancée il y a quelques semaines en partenariat avec Mouvement peuples solidaires (MPS/Faso Den) ?
L’idée du projet est née suite à un partenariat avec le Mouvement peuples solidaires (MPS/Faso Den). L’objectif du projet est de mobiliser tous les Maliens autour de notre armée. En tant que population, je pense que cette armée mérite notre soutien et notre accompagnement.
Vu les efforts et les sacrifices que nos Forces de défense et de sécurité sont en train de mener de jour comme de nuit sur toute l’étendue du territoire national, je pense cette armée mérite un suivi et une attention particulière de la part des populations maliennes. C’est pourquoi, l’association Siguida Yeelen du Mali et le Mouvement peuples solidaires (MPS/Faso Den) ont initié ce projet dénommé le sursaut national pour l’armée.
Le projet consiste à interpeller tous les Maliens à contribuer à hauteur de 200 F CFA. Pour envoyer votre argent, nous avons pu trouver un numéro court auprès de l’AMRTP : le 37475. Il y a deux possibilités pour participer à cette opération. Pour la première méthode, il s’agit d’envoyer le nom Mali par sms au numéro suivant : 37475 et les coûts de sms sont de 200 F CFA. Quant à la deuxième méthode, il s’agit d’envoyer les dons sur un compte bancaire au niveau de la Banque malienne de solidarité (BMS-SA). Ce projet s’étend sur six mois, mais nous allons travailler sur l’aspiration de la population malienne.
Au bout de six mois, si les Maliens demandent de prolonger, nous allons continuer sur une année. En plus de ce projet, nous avons d’autres qui ont trait à la souveraineté de l’économie. Ce projet a pour but d’aménager des espaces de maraîchage pour les femmes que nous allons soumettre à l’Etat du Mali. Sincèrement, nos deux organisations ne peuvent pas supporter ce projet, c’est pour cela que nous avons soumis le projet aux autorités.
Pour le réaliser à travers le Mali, il faut avoir au minimum une somme de 33 milliards de F CFA. Aujourd’hui, si l’Etat est prêt à réaliser ce projet tant mieux. Mais si l’Etat veut une collaboration avec nos associations pour la réalisation du projet, nous sommes prêts.
En tant que président d’une grande association et leader d’opinion, quel regard portez-vous sur les trois ans de gestion de la Transition au Mali ?
Personnellement, je juge très positifs les trois et demi de la Transition au Mali. Une nation se repose sur deux volets très importants. Si le pays n’est pas souverain sur ces deux volets, il peut ne pas n’exister. Le premier volet est la souveraineté sécuritaire. Dieu merci, aujourd’hui, nous sommes souverains sur le plan sécuritaire. Le deuxième volet est économique, aujourd’hui nous sommes libres de choisir les partenaires qui nous conviennent afin de relancer notre économie.
Si, un Etat parvient à soutenir ces deux volets, je pense que ce pays est désormais prêt à aller de l’avant. Aujourd’hui, nous disons merci aux autorités de la Transition pour la libération du territoire national. Pour ce qui est du volet économique, je pense que cela va venir Inch Allah. Qui parle d’économie, parle de stabilité du pays. Ces deux vont de pair parce que pour pouvoir mener une activité économique, il faut d’abord la stabilité. Après la stabilité, nous pouvons parler de la relance de l’économie. Je suis sûr que dans les années à venir, c’est-à-dire au bout de deux ans, l’économie sera relancée.
Aujourd’hui, les Maliens souffrent du délestage électrique. Quelle solution préconisez-vous aux autorités de la Transition afin qu’ils puissent résoudre définitivement ce problème ?
Je pense que ce problème de coupure d’électricité interpelle tous les Maliens, pas seulement les autorités de la Transition. Ce problème est devenu un problème national et chaque Malien est interpellé afin que nous puissions trouver ensemble une solution durable à ce problème de délestage. C’est un problème qui sévit depuis des années. C’est à partir de l’année 2023 que les choses ont empiré. Je pense que ce problème doit être débattu au niveau national. J’invite tous les Maliens à être patients et nous accompagnons cette Transition afin que nous puissions trouver ensemble une solution durable à ce problème d’électricité.
Aujourd’hui, qui parle d’économie, parle forcément d’électricité. Sans l’électricité, rien ne va et l’économie sera à terre. Je suis Malien et je suis conscient de la difficulté des Maliens, mais reconnais que ce problème n’est pas né aujourd’hui. J’invite les autorités de la Transition à fournir beaucoup d’effort encore pour résoudre de ce problème d’électricité surtout en cette période de canicule.
Si vous aviez un message à lancer au peuple malien, lequel serait-il ?
Oui, j’ai un message à lancer à l’endroit de la population malienne de manière générale sur l’état du pays. Je demande à la population malienne de continuer de soutenir la Transition afin que nous puissions aller aux élections avec toutes les conditions réunies.
Il ne faut pas que nous partions dans des élections bâcler, sinon les mêmes problèmes reviendront. Il faut que nous donnions un peu de temps à la Transition afin qu’elle puisse organiser des élections libres et transparentes et que le président élu ne soit pas contesté.
Propos recueillis par
Mahamadou Traoré