Des améliorations notoires en termes d’hygiène ont été relevées par la mission d’inspection dépêchée par le département. Ce constat a permis de lever la suspension qui frappait l’infrastructure
Depuis quelques mois, l’Abattoir frigorifique de Bamako (AFB) a repris ses activités. Ses responsables ont amélioré les conditions d’hygiène et d’abattage des animaux. Les autorités y avaient suspendu toutes opérations d’abattage pour cause de non respect des mesures d’hygiène et d’assainissement des lieux. Cette interdiction faisait suite à une inspection conjointe réalisée par les services techniques des directions nationales des services vétérinaires (DNSV) et des productions et industries animales (DNPIA) pour s’assurer que les activités se déroulaient dans un environnement sain et assaini.
Les résultats de ces missions avaient révélé des insuffisances notoires, rendant impropre à la consommation la viande d’animaux abattus dans cette usine. Amenant les autorités à y suspendre les activités d’abattage. Le but étant de permettre à cette industrie de réunir les conditions d’hygiène nécessaire et d’organisation du travail garantissant à nos compatriotes la consommation de viande saine. Des objectifs nobles que l’unité semble atteindre aujourd’hui, si l’on en croit les conclusions de la dernière mission conjointe des services vétérinaires, relative au suivi de l’état de mise en œuvre des recommandations, effectuée le 9 mai dernier.
Le lendemain 10 mai, le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la Pêche, visiblement satisfait, a adressé une lettre au président directeur général de l’AFB l’informant de la levée de l’interdiction relative aux opérations d’abattage. Les services techniques avaient, selon la correspondance, noté des améliorations significatives en matière d’assainissement dans tous les compartiments de l’abattoir. Les techniciens avaient également constaté l’amélioration du système de traitement de l’eau utilisée pour les opérations de production, le renforcement de la sécurité à la rentrée de l’abattoir pour filtrer les entrées, des mesures prises dans la lutte contre les nuisibles. Le président directeur général de l’AFB s’est aussi engagé à recruter un service de nettoyage qualifié et à mettre en place un programme permanent de lutte contre les nuisibles, selon la lettre.
TÂCHES SPÉCIALISÉES- Qu’en est-il dans la réalité ? Dernier mardi du mois d’août dernier. Une fine pluie matinale arrose Bamako. Il est environ 12 heures devant la grande porte d’entrée de l’Abattoir frigorifique de Bamako, situé au quartier Sans fil, en Commune II. Un impressionnant dispositif sécuritaire et de contrôle y est installé. Ces vigiles orientent les visiteurs qui sont obligés de montrer pattes blanches. Quelques personnes transportent des animaux à moto. Ils passent sous une barrière installée tout près de la grande porte pour avoir accès à l’Abattoir. Dans la cour, à quelques mètres de l’aire d’abattage, des jeunes se promènent. Des bouchers venus abattre leurs bêtes et employés de l’Abattoir. L’ambiance est festive.
Un grand édifice trône dans la cour à l’intérieur duquel plusieurs tâches sont exécutées. Spécialisées, les activités sont réalisées par différents groupes. Ceux-ci sont composés de personnes chargées d’immoler, de dépouiller, d’arranger les peaux, les pattes et les têtes décapitées. Des bouchers dépècent les carcasses pour en faire de petits morceaux.
Moutons et chèvres, visiblement affolés, regardent leurs semblables se faire égorger par un homme armé d’une machette tranchante et bien limée. Un jeune homme, la trentaine environ, note dans un registre le nombre d’animaux abattus par jour en délivrant des reçus aux propriétaires. Ils seront ensuite accrochés en file indienne au bout de crochets pointus. Au même moment, les excréments et autres déchets sont évacués de l’aire d’abattage par de l’eau potable qui jaillit des bouts de tuyaux installés à cet effet. Toute chose qui laisse penser que le défi sanitaire auquel l’établissement était jadis confronté n’est plus qu’un lointain souvenir.
C’est dans cette atmosphère sereine, organisée, joviale que de nombreux employés et usagers de l’abattoir accomplissent leur devoir quotidien. Couteau en main, Sidiki Amadou Cissé est spécialisé dans l’abattage d’animaux. Le trentenaire, qui pratique ce métier depuis plus de 4 ans, explique : «Ici, nous travaillons du matin jusqu’au petit soir. Nous sommes deux personnes chargées d’égorger les animaux. Par jour, nous en immolons des centaines», précise-t-il.
700 À 800 TÊTES PAR JOUR- À côté de lui, est debout Souleymane Keïta, un jeune homme âgé de 25 ans, coiffé d’une casquette assortie d’un t-shirt. Il découpe souvent plus de 20 animaux (moutons et chèvres) par jour.
Yaya Dembélé est chargé d’arranger les peaux en les superposant les unes sur les autres pour ensuite les stocker dans un magasin avant de les transporter à l’usine où elles seront transformées. «Je peux emporter plus de 500 peaux par jour. Nous n’avons pas de salaire fixe, nous sommes payés à la tâche», dit-t-il.
Non loin, un panier contenant des carcasses de mouton bien emballé est attaché au porte-bagage d’une moto. Issa Coulibaly en est le propriétaire. Boucher de son état, il quitte chaque jour Missabougou en Commune VI du District de Bamako pour venir abattre ses animaux à l’Abattoir frigorifique de Bamako. Interrogé, il juge plus ou moins satisfaisant les mesures d’hygiène en vigueur. Le circuit de traitement des animaux y est parfois un peu lent, déplore-t-il.
Un responsable de l’abattoir confie, sous anonymat, que la direction a fait de son mieux pour assainir l’abattoir. Il estime à entre 700 et 800 le nombre de bêtes qu’ils reçoivent par jour. «Ici, nous travaillons 24/24. Le traitement des bovins a lieu de 20 heures à 5 heures. Il se déroule de 5 heures à 20 heures pour les moutons et les chèvres», détaille-t-il.
Rencontré à son bureau, le président directeur général de l’Abattoir frigorifique de Bamako (AFB) abonde dans le même sens. Abdoul Wahab Moulekafou relate les efforts faits en matière d’entretien et de nettoyage des locaux de l’Abattoir. Des services de nettoyage composés de personnel qualifié et des équipements performants ont été mis à profit pour ce faire, précise le patron de l’AFB. Celui qui y travaille depuis 21 ans est catégorique : «à part l’Abattoir frigorifique de Kayes qui est plus récent, celui de Bamako est l’un des abattoirs les plus performants de la sous-région en terme de respect des normes d’hygiène».
Makan SISSOKO
Source : L’ESSOR