La lutte contre les mutilations génitales, un défi entier pour le Mali. Dans le pays près de 90% des femmes en subissent avant l’âge de 15 ans. Le nord du pays n’est pas une exception. Dans le cercle de Goundam, la pratique de l’excision reste encore une réalité. Sur les 16 communes que compte le cercle, la moitié continue d’exciser leurs enfants, selon le service de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, le défi reste énorme dans le cercle où la pratique est devenue l’activité principale de certaines.
Les conséquences de l’excision sont multiples. Selon docteur Mama Dembélé, médecin généraliste au Centre de santé de référence de Goundam, elles peuvent être d’ordre gynécologique. « Une femme excisée peut avoir des douleurs, des saignements, les infections aigues, les infections des organes du vagin, la rétention urinaire, les difficultés d’avoir des relations sexuelles », explique-t-il entre autres. Sur le plan obstétrical poursuit le médecin, l’enfant peut avoir une souffrance foetale au cours de l’accouchement.
Fatouma Kipsi Salamoune est une ancienne exciseuse qui a aujourd’hui déposé le couteau. «Notre activité est la pratique de l’excision que nous avons héritée et ne saurions l’abandonner. Mais nos autorités nous ont déconseillées cette pratique », affirme-t-elle.Même si elle affirme n’avoir rencontré aucun problème dans ce travail, elle dit en avoir mesuré les risques grâce aux différentes campagnes de sensibilisation.
Mais pour cette mère de famille, il ne suffit pas d’expliquer les risques que comporte l’excision. Mais il faut aussi proposer des alternatives à celles pour qui, la pratique est devenue l’activité principale. « Nous gagnions tout dans la pratique de l’excision : maisons, champs et d’autres cadeaux. Certes, nous sommes désormais conscientes de ses conséquences néfastes mais nous voulons qu’on crée des alternatives afin que nous l’abandonnions définitivement », Ajoutant que depuis qu’elle a arrêtée d’exciser, elle ne jouit, ni profite plus de rien.
Dans la commune de Goundam, l’excision ne se pratique plus depuis la signature d’une convention pour son abandon total. Mais malgré cela les efforts doivent continuer afin de l’éradiquer dans tout le cercle.
A Kayes à l’ouest du pays, l’excision est toujours pratiquée et dans beaucoup de cercles. Même si la région a enregistré des progrès dans la lutte contre les mutilations génitales ces dernières années. Première région où le taux de pratique de l’excision était élevé, Kayes est aujourd’hui à la 3e place après Koulikoro et Sikasso, selon Donzé Diarra, directeur général de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de Kayes.
Source: studiotamani