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A Tombouctou, l’enfance sacrifiée sur l’autel de la modernité ?

L’enfance est le plus beau moment de notre existence. Aujourd’hui, cette enfance caractérisée par des aspects traditionnels a laissé la place à celle des nouvelles technologies, regrette Adian Traoré.

Tombouctou, ma ville natale, ville de culture et de tradition a marqué tant de générations. L’enfance y était surtout marquée par des jeux traditionnels tels que « tougoum tougoumakara aba, alkoura kar » et tant d’autres. Mais pour la génération actuelle, ces jeux sont vides de sens.

Pour ceux et celles qui les ont connus, ces jeux renforcent l’unité et la cohésion entre les enfants de tout bord, sans distinction aucune. Ils étaient l’occupation favorite pour les enfants. En plus du caractère ludique, il y a même un côté éducatif permettant d’éviter à l’enfant la voie déshonorante du vol, de la consommation de stupéfiants.

Nostalgie

Le souvenir de ces bons moments de l’enfance continuent de marquer des générations, qui assistent aujourd’hui, impuissantes, á la dégradation de nos mœurs. Pourtant, la jeunesse d’aujourd’hui peut se servir de cette culture pour recoudre le tissu social menacé.

A l’heure des nouvelles technologies, aucun de ces jeux traditionnels n’est pratiqué à Tombouctou au nom d’une évolution mal cernée. L’enfant n’a presque pas de repère : « Avant, l’enfant appartenait à toute la société. Tout le monde contribue à son éducation. Aujourd’hui, il est sous la seule responsabilité de ses parents. Quiconque lui parle trouvera ses parents sur son chemin » fait remarquer Adourra Maïga, notabilité de Sareikeina, quartier de Tombouctou.

Autres temps, autres mœurs

On me dira que les choses changent avec le temps. Pourtant, ce n’est pas ce pan de notre culture qui doit disparaitre au nom d’une évolution dont nous ne maîtrisons pas tous les termes. Je n’ai rien contre cette évolution qui, d’ailleurs, a nombre d’aspects positifs. Mais, il y a besoin de lever la confusion entre évolution et abandon de culture.

Mahamadou Adiawiakoye, parajuriste, estime qu’il ne faut pas rejeter toutes nos valeurs anciennes : il faut y prendre ce qu’il y a de mieux ou bon et en faire autant chez l’ « Autre ». « Autrefois, à Tombouctou, tout notre temps était consacré aux jeux traditionnels et au football. Personne n’osait toucher à l’alcool, à la drogue ou même penser à voler. Chacun voulait être un modèle pour l’autre. Ces jeux renforçaient l’amitié entre enfants, qu’ils aient été sonrhaï, tamasheq ou arabe. Nous étions tous une même famille. »

Marche à reculons

La jeune génération, qui n’a pas connu cette époque, la qualifie de rétrograde. Dans son grin (groupe informel de discussion), entouré d’amis autour de la musique, chicha vissée entre les lèvres, Mahamar Kangaye défend une enfance au milieu des nouvelles technologies. Son ami, surnommé El Diablo, va même plus loin : « Vous nous imaginez aujourd’hui pratiquer ces jeux et venir nous asseoir au grin très sales. Avant, ces outils n’existaient pas, on pouvait se contenter de cette culture. Mais pour nous, les choses évoluent, il faut évoluer avec elles », rétorque-t-il.

Comme le traditionaliste Hamidou Maïga , ce qui se passe aujourd’hui à Tombouctou m’inquiète. En réalité, il n’y a plus d’enfance dans la cité d’Ahmed Baba.

 

Source: Benbere

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