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A Ségou, on perpétue la tradition du bogolan malien

Salif Keïta et Beyoncé en ont porté sur scène. Le tissu à motifs géométriques, pilier du patrimoine culturel du Mali, revient au goût du jour grâce au travail de passionnés. Non seulement bio et permet de contribuer à l’économie locale au développement du pays.

Au Centre Ndomo, une entreprise école de fabrication de bogolan (mot qui signifie « issu de la terre » en Bambara) à Ségou, au centre du Mali, pinceau et pipette sont les seules traces de modernisme dans la confection traditionnelle de ce tissu aux motifs sombres tracés à l’argile du fleuve Niger. « Avant nous, les artisans peignaient avec un bout de fer forgé », explique Boubacar Doumbia, le directeur du centre, que ses élèves (quatre ou cinq jeunes par an) et sa vingtaine de salariés surnomment « le gardien de la tradition ».

Depuis 1990, son école entreprise fait de la résistance face à l’expansion des teintureries chimiques et des fabriques de tissus synthétiques. « Ici, tout est traditionnel, insiste-t-il, en faisant le tour de son atelier. L’objectif est de créer de l’emploi pour les jeunes en leur enseignant les techniques traditionnelles de teinture sur coton. Le Mali est le premier producteur africain de coton, mais nous en transformons seulement 2 %, alors que nous avons des techniques traditionnelles uniques. Il faut valoriser notre potentiel ! »

A l’arrière de l’atelier de décoration, un vieil homme peint une écharpe à l’argile en attendant que les tissus jaunes, bleus et rouges placés face à son pupitre sèchent au soleil. Ces couleurs sont le résultat de teintures naturelles, obtenues à partir d’arbres locaux : feuilles de bouleau et d’indigotier, écorces de raisin sauvage. « Le fixateur aussi est naturel, on le trouve directement dans la plante », ajoute M. Doumbia. Au centre Ndomo, tout est naturel et recyclé, du savon aux bois des teintures en passant par l’eau. Tout ce qui ressort est distribué aux maraîchers des environs ou directement réutilisé pour fabriquer de nouveaux bogolans.

Cette tradition s’est ensuite ancrée et perpétuée grâce aux femmes mandingues qui se sont servies du bogolan comme d’un instrument de communication. Elles inventèrent une quinzaine de symboles, représentant des notions aussi bien abstraites que concrètes comme par exemple la droiture, le carrefour, le soutien… Une fois dessiné à l’argile sur les vêtements de coton de leur mari, ce langage leur permettait de donner de véritables leçons de savoir-vivre à toute leur communauté.

Derrière la styliste, les portants de vêtements sont encore vides. Son showroom, implanté à Bamako, est en travaux. Il sera, dans quelques jours, rempli de pièces en bogolan, son tissu favori. Le Centre Ndomo est l’un de ses principaux fournisseurs. « J’essaie d’innover, je change les motifs pour que les jeunes apprécient le bogolan, explique-t-elle. Beaucoup pensent encore que c’est un tissu pour les vieux. » En parallèle, Mariah Bocoum s’est fixé un autre challenge : habiller le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en bogolan. « Le président est toujours en bazin, regrette-t-elle, le sourire aux lèvres. Mais ça va venir ! »

Peuple du Mali

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