Les joutes parlementaires sont le meilleur révélateur des équilibres politiques. Après un mois de septembre dispensé de session extraordinaire, les députés de la majorité présidentielle comme ceux des oppositions allaient pouvoir de nouveau se jauger, lundi 3 octobre, dans une Assemblée sans majorité absolue, sous la pression d’un ordre du jour chargé, qui débute avec un débat sur la guerre en Ukraine.
Si la réforme de l’assurance-chômage, examinée à partir de lundi soir, devrait être adoptée sans difficultés grâce aux soutiens des Républicains (LR), la partie risque d’être plus serrée pour le projet de loi accélérant le développement des énergies renouvelables, qui arrive au Sénat fin octobre, et surtout le budget, sur les discussions duquel plane l’ombre du 49.3, brandi par le gouvernement dès cet été.
Une menace qui brouille le message de la « nouvelle méthode » et de ses compromis prônés par la première ministre, Elisabeth Borne. Les relations entre l’exécutif et le Parlement se trouvaient symbolisées par les « dialogues de Bercy », lancés par le ministre des comptes publics, Gabriel Attal, en vue de l’examen du budget. « On n’en attendait rien d’extraordinaire et rien d’extraordinaire n’en est ressorti, mais c’était plus utile qu’espéré », souligne le président socialiste de la commission des finances du Sénat, Claude Raynal. « C’est un changement de ton de l’exécutif mais ça ne change pas la teneur des affrontements politiques », résume la députée écologiste Eva Sas.
« Fébrilité » de Macron
Entre volonté de dialogue et rappel à l’ordre, la stratégie de l’exécutif reste difficilement lisible pour les parlementaires. « C’est quoi la ligne ?, s’interroge le président du groupe centriste au Sénat, Hervé Marseille. Ils font en même temps le Conseil national de la refondation, puis ils veulent passer en force sur les retraites mais aussi lancer des conventions citoyennes et des référendums. » Dernièrement, l’exécutif a évoqué l’hypothèse de la dissolution de l’Assemblée en cas de renversement du gouvernement par une motion de censure des oppositions. Le député « insoumis » de Haute-Garonne Hadrien Clouet y voit de « la fébrilité » de la part d’Emmanuel Macron. « Il refuse d’accepter le résultat des législatives, de reconnaître qu’il n’est plus majoritaire », explique le sociologue de formation.
Pour les partisans du chef de l’Etat, ces quelques semaines ont permis de réaffirmer « l’ambition réformatrice » du camp présidentiel, après le choc de la perte de la majorité absolue. « Le président a bien repris en main la feuille de route. C’est lui qui dicte les débats et l’agenda », rétorque le député Renaissance du Bas-Rhin Charles Sitzenstuhl. En souhaitant accélérer la mise en œuvre de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a fini par brusquer sa majorité, provoquant la fronde du MoDem de François Bayrou, qui a finalement obtenu une concertation de trois mois sur le sujet et un projet de loi ad hoc.
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Source: Le Monde