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A la loupe : Jeu de dupes

La semaine dernière, le gouvernement malien, qui avait juré la main sur le cœur qu’il ne négociera plus avec les rebelles terroristes après qu’IBK ait été mis sens dessus ladsous par les Nations unies, a scellé à Alger un pacte de non agression avec les représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), lesquels s’engagent à signer le 20 juin l’Accord pour la paix et la réconciliation déjà signé par le Mali et toutes les autres parties depuis le 15 mai.

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Par cet engagement, la CMA promet de mettre fin aux attaques des nombreux villages et forains qu’elle revendique depuis quelques temps. En contrepartie, les rebelles terroristes demandent que tous les groupes armés quittent la ville de Ménaka dont la sécurité sera assurée désormais par la Minusma. La communauté internationale, la médiation et le gouvernement malien se sont félicités de cet engagement de la CMA sans analyser un certain nombre de facteurs.

D’abord, les rebelles terroristes étaient contraints de prendre cette décision, parce qu’ils sont menacés de plus en plus dans leur existence même par les mouvements armés patriotiques d’autodéfense réunis dans la Plateforme, mais aussi par d’autres groupes armés incontrôlables. A la longue, sans un accord de paix avec le gouvernement, les éléments de la CMA auraient été chassés de tout le territoire malien et contraints à l’exil comme leurs chefs politiques réfugiés depuis des années à l’extérieur. D’ailleurs, les rebelles terroristes ne seront pas à l’abri, même au cas où ils signaient cet accord comme ils s’y sont engagés. En effet, même si plusieurs mouvements de la Plateforme et le Groupe d’autodéfense des Touareg Imghad et alliés (Gatia) y sont présents, la ville de Ménaka et alentours (environ 25 Km tout autour de la localité) sont essentiellement devenus depuis fin avril le sanctuaire de plusieurs autres groupes armés. Eux sont incontrôlés et ne sont signataires d’aucun accord. Et contrairement à ce que raconte la Minusma, ils ne sont par conséquent violateurs d’aucun texte, ni de l’accord d’Alger ni des accords précédents ou suivants. Ils sont tout simplement confondus avec la Plateforme ou le Gatia. Signer un accord sans eux ne rime strictement à rien. D’autant plus que c’est sous la pression de certains d’entre eux que la Plateforme a refusé de s’engager à quitter la ville de Ménaka pour se cantonner ailleurs.

Une exigence débile

Ensuite, c’est cette exigence de la médiation internationale conduite par l’Algérie sous pression de la France qui se révèle débile. En effet, ces groupes armés incontrôlés sont pour la plupart originaires de la région de Ménaka, et c’est à leurs risques et péril qu’ils ont volé au secours de leurs populations terrorisées par l’occupation des mouvements criminels et terroristes de la CMA. Et c’est à ces ressortissants de Ménaka qu’on demande de quitter leur ville et leurs populations dont le sort serait confié à la Minusma, comme si cette mission onusienne était capable d’assurer la sécurité de qui que ce soit. Ils l’ont compris et refusent de céder leur ville aux rebelles terroristes. Tout comme les populations et ressortissants de cette ville, qui ne cessent de le dire en tous lieux, ils ne veulent pas du retour du Mnla, du Hcua ou du MAA sous le couvert des Nations unies. A défaut de l’armée malienne dont la médiation exige le cantonnement, les populations et ressortissants de Ménaka exige que la sécurité de leur ville soit assurée par ces groupes armés, que ceux-ci soient étiquetés Plateforme ou pas. De la même manière qu’à Kidal, les populations exigent que la sécurité de leur ville soit assurée par les ressortissants kidalois que sont les éléments du Mnla, du Hcua et du MAA.

Des groupes armés de ce genre, il en existe aussi ailleurs dans le grand nord malien. Mais là, c’est avec la Coordination qu’ils sont confondus parce qu’ils sont constitués essentiellement de Touareg et d’Arabes. Ce sont eux qui attaquent les villages, volent et tuent dans un désordre généralisé. Et quand Bilal Ag Acherif, le chef de la CMA et du Mnla, s’engage à faire cesser les hostilités, il n’a dit que des paroles en l’air. En réalité, pas plus que la Plateforme ne contrôle les groupes armés agissant dans les cercles de Ménaka, Ansongo et Gao, la CMA n’a de main mise sur aucun des groupes armés qui sévissent à Tombouctou et Kidal.

Mise en œuvre incertaine

En outre, les éléments mêmes qui se réclament toujours de la CMA ou de la Plateforme ne font plus cas des instructions de leurs directions respectives. La situation échappe complètement au contrôle de la Coordination et de la Plateforme. L’Algérie et la France le savent depuis longtemps mais s’engagent quand même à faire signer des accords dont la mise en œuvre est plus qu’incertaine.

Aujourd’hui, à cause de cette duplicité et de cette hypocrisie qu’on reproche à la «communauté internationale» drivée en réalité par la France des Hollande et Ladsous, le nord malien est plus que jamais menacé, non pas seulement à cause de l’antagonisme entre la Plateforme et la Coordination, mais aussi par ces différents groupes armés nés de part et d’autre, et qui sont de plus en plus incontrôlables, multiplient les actes de violence et les scènes de pillage. Certains observateurs mettent cela sur le compte de la sortie de crise. Ainsi, pensent-ils, quand une crise d’une telle ampleur s’achemine vers sa solution, il y a toujours des petits malins qui s’invitent à la fête avec l’intention de tirer le maximum de profits avant le retour de la sécurité. Mais ils oublient que dans les années 90, la violence a duré longtemps après la signature du Pacte national (1992), violé par le FIAA d’un certain Zahabi Ould Sidi Mohamed, et la cérémonie de la Flamme de la paix (1995). A l’époque, les violateurs étaient appelés « bandits armés », mais aujourd’hui, si on ne peut même pas les appeler « violateurs » parce qu’ils n’ont rien signé pendant un quelconque marché de dupes, ils restent tout de même de dangereux bandits, car armés.

Cheick TANDINA

source : Le Prétoire

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