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9e édition d’Oxyjeunes : HARO SUR LE MARIAGE PRÉCOCE


Oxyjeunes unicef enfant mariage precoceCette année, ce forum qui réunit des enfants venus de tout le pays, met en exergue la contribution des enfants contre cette pratique néfaste

« 25 ans après l’adoption de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant : accélérons les efforts collectifs pour mettre fin aux mariages des enfants en Afrique. Quelle contribution des enfants du Mali pour mettre fin au mariage précoce ? », tel est le thème de la 9e édition de Oxyjeunes, la radio par les enfants et pour les enfants. C’est Koulikoro qui abrite la présente édition lancée lundi à Banamba. Pendant une semaine, d’intenses activités donnent l’occasion de rassembler des représentants de tous les enfants et jeunes de Kayes à Kidal, isolés ou regroupés, sans distinction d’origine ethnique ou sociale, de conviction religieuse ou philosophique.
Ensemble, ils mèneront des actions d’intérêt public dans le sens de la participation et découvriront les valeurs, les réalités socio-économiques et culturelles des contrées de Banamba et de  Koulikoro. Par la même occasion, ils tisseront des liens de fraternité et favoriseront ainsi le brassage et l’unité au sein de la jeunesse dans la saine émulation d’un rendez-vous du donner et du recevoir. L’activité vise à mettre en exergue la contribution des enfants pour mettre fin au mariage précoce.

UNE INVITATION LANCEE A NOTRE PAYS. La tenue des assisses  d’Oxyjeunes offre l’opportunité aux différents acteurs en charge de la promotion des droits de l’enfant, d’examiner d’une part, les  progrès accomplis dans l’accès aux droits de l’enfant (survie, protection, développement, participation), y compris la jouissance du principe d’équité et d’égalité, et d’autre part, de servir de cadre pour susciter l’intérêt des décideurs et du public en faveur de la mobilisation des ressources de qualité pour bâtir l’environnement protecteur de l’enfant au Mali.
Oxyjeunes est donc un espace qui permet de former de nombreux enfants et jeunes à leurs droits, aux techniques et genres journalistiques, et des les armer contre les conséquences des pratiques traditionnelles néfastes, le VIH et le SIDA ainsi que bien d’autres maux qui minent notre société. Cet espace leur permettra également d’apprivoiser les médias qui sont les outils les plus efficaces de sensibilisation, d’information et de plaidoyer.
La présente édition s’inscrit dans le cadre de la campagne africaine de lutte contre le mariage des enfants, décrétée par l’Union africaine à laquelle les plus hautes autorités ont souscrit à travers le lancement d’une campagne nationale de lutte contre le mariage précoce. Le thème de la présente édition a ainsi été choisi par le Comité d’experts africains sur les droits et le bien-être de l’enfant de l’Union africaine et adopté par le Conseil exécutif lors de sa 25è session ordinaire tenue du 20 au 24 juin 2014 à Malabo en Guinée Equatoriale.
L’organisation d’Oxyjeunes autour d’un thème aussi évocateur est une invitation lancée à notre  pays. Celui-ci qui a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention sur  l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique dit «Protocole de Maputo »  et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, est appelé à prendre des mesures adéquates pour lutter contre les pratiques traditionnelles néfastes, particulièrement les mariages d’enfants qui, de nos jours, constituent de graves violations des droits de l’enfant.
Les mariages d’enfants constituent une réalité dans notre pays. La pratique s’appuie sur une tradition qui recommande de marier la fille dès ses premières menstrues à l’âge de 12 à 14 ans, de peur qu’elle ne tombe enceinte alors qu’elle est célibataire. Ce drame silencieux frappe selon l’enquête démographique et de santé (EDSM-V) 50% des femmes qui avaient entre 19 et 49 ans au moment de l’enquête et étaient déjà mariées avant l’âge de 18 ans. 20% de ces enfants étaient déjà en union avant d’atteindre l’âge de 15 ans. Cette situation, déjà très préoccupante, s’est encore aggravée pendant la période de la crise multidimensionnelle de 2012. Des témoignages concordants font état de près de 289 jeunes filles mariées précocement et de force, a dénoncé la présidente du Parlement des enfants, Lala Wangara.

UN THEME MULTIDIMENSIONNEL. La jeune parlementaire a jugé le thème de cette édition d’une importance capitale car il contribuera, à travers l’implication effective des enfants et jeunes en tant que véritables acteurs, à sensibiliser les familles et les communautés afin de lutter efficacement contre le fléau du mariage précoce. Au regard de ces constats, quel doit être le rôle des enfants dans tout ce processus, s’est interrogée Lala Wangara en invitant ces camarades participants à poser des actes qui leur permettront de définir leur rôle en tant que futurs leaders du pays.
La présente édition de ce forum d’enfants et de jeunes devra donc leur permettre tout d’abord de débattre des enjeux du mariage précoce et de proposer à travers leurs productions écrites, radiophoniques, artistiques, des éléments pour une lutte active et efficiente contre le mariage des enfants en Afrique et au Mali. La tenue d’Oxyjeunes constitue, à cet égard, une opportunité pour mûrir la réflexion sur les stratégies de lutte contre les mariages d’enfants, particulièrement des filles  dans le respect  des engagements pris par l’Etat malien.
Ainsi, les assises d’Oxyjeunes 2015 vont  permettre de partager les informations avec l’ensemble des acteurs intervenant dans la promotion des droits et du bien-être de l’enfant et des jeunes. Elles s’emploieront à sensibiliser les enfants et les jeunes à la culture de l’excellence à l’école pour contribuer à l’amélioration d’un environnement protecteur et favorable au développement inclusif, social, émotionnel, cognitif et physique.
Le patron  de la communication de l’Unicef dans notre pays, Hector Calderon, a salué l’adoption par notre pays, il  y a un an, d’une politique nationale de l’enfant. Aussi, dira-t-il, face à des menaces qui pèsent sur des millions d’enfants, le gouvernement a adopté une approche renouvelée de l’enfant qui tient compte de ses besoins les plus profonds ainsi que de son droit à la vie et à un développement intégral y compris spirituel. Cette nouvelle approche est un appel au ralliement face aux enjeux de l’heure. Il s’agit, entre autres, de la lutte contre toute forme de violence à l’égard des enfants et de l’assurance d’une éducation de qualité pour tous les enfants.
Cependant, a indiqué Hector Calderon, l’harmonisation des textes législatifs nationaux aux normes internationales relatives aux droits de l’enfant devrait se traduire, entre autres, par l’adoption d’une loi qui relève l’âge du mariage à 18 ans. Il est évident, a-t-il souligné, qu’une réponse efficace aux problèmes de protection va au delà des capacités des seuls acteurs de la protection de l’enfance. La contribution des autres secteurs notamment de la santé, de l’éducation, de la société civile, des leaders communautaires et des enfants eux-mêmes, est déterminante. Il revient donc à tous et chacun d’infléchir la courbe du mariage précoce dans le respect des engagements pris par notre pays.
Mamadou Attaher Maïga, le secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille,  a souligné que  la problématique de la participation des enfants et des jeunes à la vie et au développement de la nation ont toujours été au cœur des questions de développement dans notre pays.  Selon lui, le thème du mariage précoce est multidimensionnel. Il a donc plaidé pour des échanges sous l’angle de la santé, de l’éducation notamment le maintien de la fille à l’école. Il a attiré l’attention des uns et des autres sur l’ampleur du phénomène à Koulikoro. En effet,  le taux de scolarisation dans la région est de 60% à l’inscription pour les filles. Ce taux n’est plus que de 5% à la fin du second cycle.
Le troisième thème proposé par le secrétaire général du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille est la problématique de l’enregistrement à la naissance. Cela pose le problème de l’exploitation de l’enfant qui court aussi le risque d’être un apatride. Mamadou Attaher Maïga a encouragé les enfants à proposer, au sortir de cette rencontre, des stratégies qui puissent être intégrées dans l’élaboration de la campagne de l’UA qui sera bientôt lancée et dont la coordination est confiée à la Première dame, Mme Kéita Aminata Maïga.

M. A. TRAORÉ

source : L’Essor

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