Il y a exactement 1 an jour pour jour que j’ai eu à la fois l’honneur, le privilège et la chance d’être reçu et d’échanger avec ATT, soit quelques heures avant son départ à Istanbul (Turquie) et 48 heures seulement avant son rappel à Dieu, Le Clément et Tout Miséricordieux. Ce 8 novembre 2020, ATT me reçoit chez lui entre 16 heures et 17 heures.
Coïncidence ou prémonition ? Ce jour d’adieu, je n’ai eu cesse d’avoir l’esprit tourné vers lui depuis le matin. Finalement, il me demande de passer. Bien qu’éprouvé par un état de santé fragile ATT reste égal à lui-même. Il ne perd ni son humour encore moins son sens légendaire de l’hospitalité. Il est resté humble jusqu’aux derniers instants de sa vie. “Cheickna mi don” (je ne t’ai pas reconnu, me lance-t-il en bambara) lorsque j’ai franchi le seuil de la porte d’entrée de la chambre. Le masque que je portais ce jour expliquait sans doute cette réaction du grand frère (je l’ai toujours appelé ainsi). D’ailleurs, ATT s’empressa de me le préciser. “Maintenant avec le masque on ne reconnaît plus personne”.
Sur ce Lobo nous rejoint, à elle aussi ATT fait part de sa méprise. On se met tous trois à rire dans cette belle ambiance qui a toujours caractérisé nos rencontres ici à Bamako et à Dakar pendant le séjour de la famille.
Ce 8 novembre, je reste avec le grand frère pendant une bonne trentaine de minutes. On parle de tout et de rien : boulot, famille, début de la Transition… Sur tout et à tout moment ATT avait le don de rassurer ses interlocuteurs. Ainsi, il me le fait sur l’évolution de son état de santé, il dira : “Les jeunes (médecins) de l’Hôpital Luxembourg sont très forts. Ils ont fait un excellent traitement, je voyage ce soir pour des compléments d’examens. Je vais en profiter pour prendre un peu de repos. Cheickna, on se reverra à mon retour”. Sur ce, je prends congé de mon grand frère vers 17 heures ce samedi 8 novembre 2020. Vers 22 heures (le même samedi), il s’envole pour la Turquie… Il était écrit quelque part que c’était là notre dernière rencontre sur cette terre d’illusions et de rendez-vous manqués. 48 heures plus tard (le 10 novembre 2020) j’ai été réveillé par la triste nouvelle de la disparition d’un Homme que j’ai eu la chance de côtoyer dans et hors d’un palais ! Un Homme exceptionnel qui, comme tout autre Homme, avait ses qualités et ses défauts ! Mais, cet Homme aimait foncièrement le Mali et les Maliens. Et il s’en est allé avec le Mali dans son cœur et pour l’éternité. À Dieu nous appartenons, À Dieu nous retournons ! Qu’Allah accueille tous nos morts dans sa Sainte Demeure.
Cheickna H. Sylla, directeur du journal “L’Aube”
Source: Aujourd’hui-Mali