La dégradation de l’économie rurale due à l’absence d’investissement des pouvoirs publics a considérablement augmenté le taux de l’exode féminin vers les grandes agglomérations notamment à Bamako. Mais, ce phénomène a bien des réalités jusqu’ici méconnues par le public. Lire notre cri de cœur.
Nos sœurs villageoises vont dans les centres urbains avec l’espoir de trouver de l’argent nécessaire aux besoins familiaux (paiement des impôts, achat de céréales et trousseaux de mariage). Dans cet esprit, leur exode devient également un complément à celui des hommes.
Mais le besoin de survie n’explique pas seul cet état de fait. Il y a des jeunes filles qui, fréquentent aussi les villes, juste par un souci d’intégration aux valeurs citadines. Pour y parvenir, le seul chemin qui s’ouvre à elles, c’est de faire la main d’œuvre domestique dans les familles aisées. Ainsi, à longueur de journée elles effectuent des travaux pénibles et dégradants.
Communément appelées «les 52 ou bonnes», elles subissent toutes sortes de violences de la part de leurs employeurs (femmes patronnes). Une grande majorité ne perçoit pas sa rémunération, fruit de son labeur. Pire, à l’approche de la date de leur départ pour les villages, elles sont accusées par certaines patronnes malhonnêtes d’avoir détruit, cassé ou volé (verres, télé ou bijoux de valeur).
Si le coût de dédommagement de ces simulacres de gâchis est soustrait de leurs salaires, il ne leur restera plus grand-chose. Ne voulant pas aller au village les mains vides, certaines bonnes se prostituent ainsi. Malheureusement, elles finissent par contracter des grossesses non désirées ou des maladies sexuellement transmissibles comme le SIDA.
Il faut agir ensemble en faveur de ces filles vulnérables issues des familles très pauvres. Elles sont nos concitoyennes, et par conséquent, ont des droits à faire respecter. Elles méritent des considérations au même titre que nous. Vrai ou faux ?
Maimouna S. Ballo