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4 septembre 2015 : Les defis de l’AN 3

Plus qu’une date anniversaire, le 4 septembre est une etape presque a mi-parcours pour le president IBK, avec des acquis certains, mais beaucoup reste encore a faire…

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Après une campagne victorieuse qui le vit élire au second tour avec plus de 77% des voix, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a pris les commandes du bateau Mali en 2013, plus d’une année après le déclenchement d’une crise multidimensionnelle sans précédent. Héritant d’un Mali divisé, d’une armée en déroute, d’un État effondré aux caisses vides, il a consacré la première étape de son mandat à la résolution de la crise du nord, une démarche sanctionnée par la signature en mai et juin 2015 d’un accord de paix et de réconciliation entre le gouvernement et les groupes armés. Deux ans jour pour jour après son installation dans le fauteuil présidentiel, l’heure est à un premier bilan, ou plutôt à un point d’étape. Il est vrai que beaucoup reste encore à faire, mais l’espoir est permis, tant le Mali revient de loin. Journal du Mali l’Hebdo a choisi de vous présenter l’action menée dans les principaux domaines, tout en mettant l’accent sur ce qui nous paraît aujourd’hui urgent de faire pour réussir ce mandat « historique ».

Paix et sécurité : pour l’union nationale

États des lieux

D’une relative stabilité en 2013 consécutive à l’opération Serval, la situation sécuritaire au Mali s’est fortement dégradée depuis deux ans. En dépit de belles avancées dans le processus de paix et la signature d’un accord en mai et juin derniers, la région de Kidal reste la chasse gardée des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Les récents affrontements avec la Plateforme, qui a grignoté du terrain à Anefis, ont ralenti la mise en œuvre du processus. Zone convoitée, zone de tous les trafics, le retour de l’administration à Kidal n’y est pas complet, avec une armée nationale qui reste cantonnée. L’autre fait saillant est sans aucun doute la recrudescence d’actes terroristes sur l’ensemble du territoire, et ce malgré la présence de la force Barkhane et de la MINUSMA. Mopti, Sikasso, Koulikoro, Tombouctou, Gao, et Kidal, toutes ces régions ont été victimes, de même que la capitale Bamako, depuis l’attentat de La Terrasse en mars.

Ce qu’il faut faire

Pour faire face à la menace, l’État doit poursuivre le travail de réforme et de mise à niveau des Forces armées du Mali (FAMas), notamment à travers la loi d’orientation et de programmation militaire votée en février. Toutefois, il reste à compléter l’arsenal juridique par une loi antiterroriste, qui donnerait aux autorités davantage de moyens, préventifs et répressifs, à l’instar d’autres pays de la région. Elle contribuerait par ailleurs à rassurer une population parfois en proie à la psychose. Sur le plan politique, l’enjeu nécessite que les autorités associent l’ensemble de la classe politique, majorité et opposition confondues, afin de susciter l’union nationale, comme c’est d’usage sur les questions de sécurité et de terrorisme. Quant à la MINUSMA, qui a déjà payé un lourd tribu, l’évolution de son mandat avec un volet lutte anti-terroriste, lui permettrait d’accompagner les FAMas et Barkhane, chose qui deviendrait possible lors du renouvellement en 2016. Seulement, le Conseil de sécurité n’accèdera certainement à cette demande répétée des autorités maliennes que si le processus de paix est véritablement enclenché et que toutes les parties ont prouvé leur bonne foi, avec des résultats palpables d’ici là.

Bonne gouvernance : sensibilisation et répression

État des lieux

Affaibli par la crise, l’État malien doit se reconstruire, tout en veillant à assainir son fonctionnement et à lutter contre la corruption, une gangrène qui touche tous les secteurs, à tous les niveaux. En deux années, plusieurs actes ont été posés dans le sens de la transparence, suite aux rapports du Bureau du vérificateur général (BVG) et à l’implication du FMI. La modification de l’article 8 du code des marchés publics a limité le champ des dépenses extrabudgétaires et de gré à gré, et les contrats d’achat d’équipements militaires et de l’avion de commandement ont été détricotés, les rendant ainsi conformes. Le vote de la loi portant prévention et répression de l’enrichissement illicite a renforcé l’arsenal de lutte contre la corruption, avec la création d’un office dédié, bientôt opérationnel. Cependant, d’après le dernier sondage « Mali-Mètre 6 », publié le 23 juillet dernier par la Fondation Friedrich Ebert, 36,1 % de personnes interrogées ne font plus confiance à la gouvernance actuelle.

Ce qu’il faut faire

Pour Bourama Kalfa Traoré, enseignant du second cycle, la bonne gouvernance exige « un bon environnement de contrôle avec des autorités donnant le bon exemple ». Les différentes affaires de 2014 et celle plus récente des engrais frelatés, ainsi que le rapport 2014 du BVG qui révèle un manque à gagner pour l’État de 153 milliards de francs CFA depuis le début du mandat d’IBK, sont toujours présentes dans les esprits. La lutte contre l’impunité doit donc figurer parmi les priorités, comme l’a laissé entendre le président, en évoquant en juin le fait qu’il serait désormais « impitoyable ». Quelques semaines plus tard, plusieurs anciens dirigeants de l’Agence pour l’emploi des jeunes (APEJ) étaient mis en examen et incarcérés pour certains, suite à une affaire de détournement de fonds présumés. Pour que la loi soit respectée, il convient de donner davantage de moyens à la justice, dont le budget n’atteint toujours pas 2% du budget global de l’État malien. Mais il faut aussi une prise de conscience générale au sein de l’administration, pour plus de rigueur dans l’application des textes et dans la passation des marchés, et au sein de toute la société. C’était l’un des objectifs de la création d’un ministère de la Construction citoyenne adossé à la jeunesse, pour susciter le respect de l’éthique et de l’intégrité dès le plus jeune âge, mais l’ambition s’est heurtée au manque de moyens alloués. Cela dit, un changement dans les pratiques ne peut se faire sans une sérieuse revalorisation des traitements des fonctionnaires, chose que les finances publiques ne pourront supporter sans un véritable développement de l’économie, générateur de croissance et de revenus additionnels pour l’État. En attendant, sensibilisation, éducation et répression restent les maîtres mots.

Source: Autre presse

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