Le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a tenu son troisième congrès extraordinaire les 28 et 29 mai 2016 au Centre international de conférence de Bamako (Cicb) sous la présidence de son président Tiébilé Dramé non moins ancien ministre des affaires étrangères. Ainsi, les congressistes ont discuté la vie du parti et passé au peigne fin l’état de la nation. A l’issu des travaux, le parti bélier blanc s’est doté de nouveaux organes dirigeants. Ainsi, le Comité Directeur reste dirigé par Tiébilé Dramé, le Bureau National des Femmes est conduit par Mme Tamboura Mah Keïta et le Bureau National des Jeunes est désormais dirigé par Dr Souhel Moulaye. Dans son discours d’ouverture, le président du Parena, Tiébilé Dramé a fortement interpellé le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à sortir le Mali de l’immobilisme. Il a prôné, non seulement, la tenue des assises nationales mais aussi la création des conditions idoines pour une contribution de l’ancien président Alpha Oumar Konaré à la résolution des problèmes du pays. En outre, Tiébilé Dramé a invité le dictateur Moussa Traoré a présenté ses excuses aux victimes de mars 1991.
En plus des délégués du parti venus de l’intérieur et de l’extérieur du pays, plusieurs personnalités ont pris part à ce 3ème congrès extraordinaire du Parena. Parmi eux, on peut citer des représentants des partis amis de l’extérieur comme Jean Marc Palm, vice-président du MPP et Athanasse Boudo, secrétaire national chargé des structures du parti UNIR/ PS du Burkina Faso, Ousmane Ba Diagne, secrétaire général de la Ligue démocratique(Sénégal), Mamadou Lamine Diallo, mouvement Teguida (Sénégal), Honorable Sadi Soumaïla du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, des leaders, des militants et sympathisants du parti Parena, des partis de l’opposition et de la majorité, des Honorables députés, des organisations de la société civile, des diplomates accrédités au Mali et bien d’autres structures et personnalités.
Des fortes résolutions ont sanctionné les travaux du congrès hier dimanche 29 mai 2016 au Cicb. Ainsi, le congrès recommande la tenue sans délai de la conférence d’entente nationale pour relancer le processus de paix et de réconciliation nationale et au delà refonder les institutions de l’Etat. En outre, le congrès recommande que les élections soient organisées seulement après la mise en place du nouveau cadre institutionnel préconisé par l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. Des motions d’encouragement ont été adressées aux forces armées maliennes ainsi que des motions de remerciement des partis amis de l’extérieur et de la communauté internationale. Le moment fort de la cérémonie de clôture fut sans nul doute la lecture de la liste des membres du comité directeur d’autant plus que le président sortant avait mis en jeu son poste au nom de la démocratie et de l’alternance. Mais apparemment les militants ne veulent pas laisser partir leur président aussi facilement. Ce qui fait que le Comité Directeur reste dirigé par Tiébilé Dramé. Il est à la tête d’un bureau de 70 membres. Le Bureau National des Femmes est conduit par Mme Tamboura Mah Keïta et le Bureau National des Jeunes est désormais dirigé par Dr Souhel Moulaye qui remplace Seydou Cissé. Ce dernier rejoint les membres du comité directeur du parti. Dans son discours de clôture, le président du Parena, Tiébilé Dramé a remercié les militants pour la confiance placé en sa modeste personne. Avant de mettre l’accent sur l’ampleur de l’instabilité au Mali. Pour preuve, 5 casques bleus ont été tués hier dimanche dans la région de Mopti, a-t-il dit. « Quand nous évoquons la dégradation de la situation sécuritaire, nous sommes traités d’oiseau de mauvais augure…Le Mali n’est pas le titre foncier de personne. Le Mali est à nous tous. Restons debout la tête haute pour la défense du Mali», a dit l’opposant Dramé.
Le président IBK interpellé à sortir le pays de l’immobilisme
Après l’exécution de l’hymne national du Mali, puis l’hymne du parti et l’observation d’une minute de silence en la mémoire des disparus, le président Tiébilé Dramé a souligné dans son discours d’ouverture que ce congrès intervient à une période où le pays traverse des moments très difficiles caractérisés par l’insécurité, la pauvreté. « Malgré certaines des dispositions de l’accord d’Alger qui portent les germes de la division et de nouveaux conflits, le Parena a invité le pays à l’endosser, à le considérer comme une étape dans la longue quête de paix durable au Mali, un processus difficile, appelant beaucoup de patience et de compromis. Au gouvernement en particulier, aux mouvements signataires, à la communauté internationale, nous disons qu’il est temps, que d’un élan commun et sincère, nous nous mettions en route pour l’application dudit accord et pour l’examen négocié et consensuel de ses points controversés », a-t-il dit. Et d’interpeller vigoureusement le président de la République IBK. « Monsieur le président, la situation sécuritaire se dégrade, trop de sang coule au Mali depuis trop longtemps, les populations au centre et au nord sont terrorisées, nos forces sont harcelées quotidiennement. Dans un tel contexte, c’est votre responsabilité de réagir pour rassurer le pays, un pays qui commence à douter, un pays qui est coincé. C’est votre responsabilité de réunir le pays afin qu’il se forge une marge de manœuvre sans laquelle, il est en danger. C’est votre responsabilité de sortir le pays de l’immobilisme et de créer les conditions de mise au point d’une stratégie nationale autonome de sécurisation et de stabilisation du pays », a averti Tiébilé Dramé. Selon lui, un pays comme le Sénégal qui a moins de défis que le Mali entame aujourd’hui des assises nationales pour se rassembler, se prémunir des turbulences. Le Mali, dit-il, qui est dans une situation quasi inextricable traîne à se retrouver. Pour lui, la recrudescence, la multiplication des actes terroristes dans les cinq régions du Nord sont inquiétantes et appellent des réponses appropriées qui ne sauraient être que militaires. « Monsieur le président de la République, les défis sont énormes : défis d’une démographie qui croît plus vite que les ressources et d’une population jeune (83% des Maliens ont moins de 35 ans), défis d’une économie qui a tout pour passer à la croissance à deux chiffres, défis d’un espace national à quadriller effectivement par une administration efficace ainsi que des forces de défense et de sécurité conséquemment outillées, défis d’une école compétitive, défis d’une politique sanitaire et d’une gouvernance dignes du grand peuple que nous sommes. Monsieur le président, les défis sont énormes: le manque d’emploi notamment celui des jeunes empêche des familles entières de dormir, aggravant les difficultés des ménages », a indiqué Tiébilé Dramé. Avant d’inviter le président IBK d’entendre la supplique des producteurs de coton qui réclament justice et l’application des textes de droit. A l’en croire, le Mali d’aujourd’hui démontre largement l’urgence d’une réflexion stratégique sur les voies et moyens de l’émergence, les révolutions institutionnelles, y compris les transferts de compétence pour une vraie dévolution du pouvoir aux collectivités décentralisées, et y compris les modes de désignation des autorités et responsables du pays. Le Parena, à cet effet, préconise depuis des années, une refondation de nos institutions: la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel, l’élection du président de la République par le parlement, l’élection des chefs d’exécutifs régionaux par les assemblées régionales, l’élection du parlement national et des assemblées régionales au scrutin proportionnel. Le tsunami politique, sécuritaire et institutionnel de 2012 aurait dû être l’occasion de cette de cette refondation. Ainsi, l’orateur poursuit que la Conférence d’entente nationale dont l’objet doit être revu est une occasion à ne pas rater pour cette refondation. « Monsieur le président de la République, le défi de la réconciliation nous interpelle tous, il vous interpelle plus directement: c’est à vous de créer les conditions des retrouvailles avec ceux qui vous ont précédés à la tête de l’État. Créez les conditions afin que le président Moussa Traoré apporte une contribution de qualité au renforcement de la cohésion nationale en présentant ses excuses aux victimes de mars 1991 et au peuple malien. Créez les conditions du retour du président ATT. Créez les conditions afin que votre compagnon et frère Alpha Oumar Konaré apporte sa contribution à la résolution des problèmes du pays », a souhaité le président du Parena, Tiébilé Dramé.
Auparavant, la présidente du mouvement des femmes, Mme Tamboura Mah Keïta a déploré la faible représentativité des femmes dans les instances de prise de décision pour preuve, il n y a que 14 femmes députés sur 147 et 6 femmes ministres sur 32. Avant d’indiquer que le Mali souffre de la mauvaise gouvernance. Les femmes du Parena pensent que pour une paix durable au Mali, il faut rénover l’outil de défense, de sécurité et de renseignement.
Pour sa part, le président sortant des jeunes du Parena, Seydou Cissé a noté que la gestion calamiteuse du dossier du nord par le régime a mis le pays dans une situation de ni paix ni réconciliation. La cérémonie d’ouverture fut agrémentée par la prestation des artistes de renommée comme Maïmouna Dembélé qui a fait les éloges des leaders du Parena.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain