Mettre en place un nouveau bureau politique national et ceux des mouvements des jeunes et des femmes, examen des différents rapports, tels étaient, entre autres, le menu du 3ème Congrès ordinaire du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) tenu les 28 et 29 mai dernier au Centre international de conférence de Bamako sous la présidence de M. Tiébilé Dramé, le président sortant. Un président qui, après tant d’années à la tête du parti, a décidé de remettre son poste de président en jeu. L’espoir est permis car ils sont aujourd’hui des centaines de militants à être aptes à impulser au PARENA une nouvelle marche, une nouvelle dynamique au parti.
Le Parti du Bélier blanc a tenu, les 28 et 29 mai 2016, les assises de son 3ème congrès ordinaire du parti. Des assises qui ont été couplées aux congrès des mouvements des jeunes et des femmes. Les délégués étaient venus des 55 sections de l’intérieur, du District de Bamako et aussi des Sections de France, du Sénégal et du Burkina Faso.
Dans son discours d’ouverture, le président sortant a interpellé sur les autorités sur les grandes questions de la Nation. Sur l’application de l’Accord de paix et de réconciliation nationale. Au gouvernement en particulier, aux mouvements signataires, à la communauté internationale, M. Tiébilé Dramé leur a appelé de se donner, dans un élan commun et sincère, pour la mise en application dudit accord et surtout l’examen négocié et consensuel de ses points controversés. Car, a-t-il déclaré, devant la Constitution adoptée par le peuple souverain du Mali en 1992, l’Accord d’Alger ne saurait être ni le Saint Coran, ni la Sainte Bible. D’ailleurs, il a prévu les conditions de sa relecture et de son éventuelle révision.
” Notre responsabilité historique vis à vis de notre pays et de notre peuple nous oblige d’aller, sans traîner davantage les pieds, vers des concertations nationales en vue de rassembler notre peuple, afin de forger une marge de manœuvre pour notre pays aujourd’hui coincé et menacé, et en vue d’une appropriation nationale, inclusive et collective de l’Accord d’Alger dont dépendent le présent et l’avenir “, a-t-il martelé.
Aujourd’hui, la situation sécuritaire se dégrade, trop de sang coule au Mali depuis trop longtemps, et les populations du centre et celles du nord sont terrorisées, et les forces armées sont harcelées quotidiennement. Dans un tel contexte, c’est la responsabilité pour le Président de la République de réagir afin de rassurer les Maliens qui commencent à douter sur sa bonne foi dans un pays coincé. C’est aussi, a-t-il poursuivi, la responsabilité du Président IBK de sortir le pays de l’immobilisme et de créer les conditions de mise au point d’une stratégie nationale autonome de sécurisation et de stabilisation du pays.
La recrudescence, la multiplication des actes terroristes dans les cinq régions du Nord sont inquiétantes et traumatisantes. Elles appellent des réponses appropriées qui ne sauraient être que militaires. Les défis sont énormes avec une démographie qui croît plus vite que les ressources et d’une population jeune (83% des Maliens ont moins de 35 ans), la pauvreté de plus en plus galopante, car notre économie qui a tout pour passer à la croissance à deux chiffres, traine encore le pied. A ceux-ci, il faut ajouter les défis d’un espace national à quadriller effectivement par une administration efficace ainsi que des forces de défense et de sécurité conséquemment outillées, défis d’une école compétitive, défis d’une politique sanitaire et d’une gouvernance dignes du grand peuple du Mali.
Parlant de la jeunesse, le président du PARENA s’est beaucoup appésanti sur le manque d’emploi qui demeure de nos jours l’angoisse des jeunes maliens et qui les pousse à l’immigration dont certains, malheureusement, perdent la vie dans les eaux de la Méditerranée.
Un pays qui n’entend pas l’angoisse de ses enfants prépare très mal son avenir.
Le Mali d’aujourd’hui démontre largement l’urgence d’une réflexion stratégique sur les voies et moyens de l’émergence, les révolutions institutionnelles, y compris les transferts de compétences pour une vraie dévolution du pouvoir aux collectivités décentralisées, et y compris les modes de désignation des autorités et responsables du pays.
Dans ce cadre, le PARENA préconise depuis des années, une réfondation de nos institutions, à savoir : la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel, l’élection du Président de la République par le parlement, l’élection des chefs d’exécutifs régionaux par les Assemblées régionales, l’élection du parlement national et des Assemblées régionales au scrutin proportionnel. Et la grave crise politico-institutionnelle et sécuritaire de 2012 aurait dû être l’occasion de cette réfondation. Si le Mali a raté cette occasion, cependant, l’Accord d’Alger est une autre occasion à ne pas rater. La Conférence d’entente nationale dont l’objet doit être revu en est aussi une opportunité à saisir.
LA RÉCONCILIATION PAR LES EXCUSES DE MOUSSA TRAORÉ AUX VICTIMES DE MARS 1991
Aujourd’hui, le PARENA se soucie de la réconciliation de tous les fils du Mali. C’est pourquoi le président sortant a interpellé le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta à créer les conditions des retrouvailles avec ceux qui l’ont précédés à la tête de l’État. Ainsi, il demande à IBK de créer les conditions afin que le président Moussa Traoré apporte une contribution de qualité au renforcement de la cohésion nationale en présentant ses excuses aux victimes de mars 1991 et au peuple malien. Créez les conditions du retour du président ATT qui a non seulement présidé aux destinées du pays dix ans et qui a apporté une contribution décisive à l’avènement de la démocratie. Créez les conditions afin que le président Alpha Oumar Konaré apporte mette son expérience et son expertise à la résolution des problèmes du pays.
Il y chemine aux côtés d’autres, au coude à coude, la main dans la main, comme l’illustre la grande marche pour le Mali du 21 mai dernier.
Ce cadre unitaire d’action est un atout pour le Mali et il participe de la pédagogie démocratique dans un contexte où la citoyenneté est en crise et la société civile aux abonnés absents quand il s’agit d’infléchir la gouvernance du pays.
Membre de l’opposition, le parti du Bélier a joué son rôle d’investigations et de dénonciations de toutes les actions contre la fragilisation et l’affaiblissement du pays, contre la gabegie, la corruption, le népotisme, l’incompétence et l’immobilisme.
Après tant d’années passées à la tête du parti, M. Dramé a décidé de remettre son poste de président du parti en jeu. Car, l’espoir est permis à travers la présence des centaines de personnes aptes à impulser au PARENA une nouvelle marche, une nouvelle dynamique. Ainsi, il a vivement remercié ses camarades membres du bureau politique national pour la confiance placée en lui et pour leur compagnonnage fidèle et l’amitié sincère qui l’ont permis de vaincre l’adversité, a-t-il conclu.
Les partis amis (de l’opposition comme de la majorité) ont, à travers des témoignages, magnifié leur attachement aux idéaux du PARENA.
Le congrès a pris fin par la mise en place d’un nouveau bureau politique national et de nouvelles équipes dirigeantes des jeunes et des femmes.
A l’ouverture des travaux, une minute a été observée à la mémoire de tous les disparus.
Youssouf SANGARÉ
Source : Le Malien