Candidat à la présidentielle pour la troisième et probablement à sa derrière participation, Soumaila Cissé a connu l’un des plus durs évènements de sa carrière politique. Arrivé deuxième du 1er tour du scrutin du 29 juillet, le candidat Cissé a été lâché par ses alliés de longue date aux ultimes heures avant le 2è tour.
En effet, avec 17 autres candidats, il avait dénoncé de multiples irrégularités tout au long du processus. Dans une déclaration commune, la fronde a dénoncé le bourrage d’urnes et des violations de la loi électorale et ressassé les mêmes récriminations en conférence de presse, le 6 aout dernier, y compris à l’endroit de la Cour constitutionnelle dont 6 membres sur 9 ont été récusés, du ministre Mohamed Ag Erlaf dont la démission a été réclamée. Les contestataires avaient également réclamé au gouvernement une évaluation de la mise en œuvre des mesures annoncées lors de la rencontre entre les candidats et le Premier ministre, le 28 juillet 2018, la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, la publication du nombre de procurations utilisé par bureau de vote. Faute de quoi, ils avaient menacé de ne pas accepter les résultats.
Et, en meeting le jeudi 9 aout, ils ont ont tour à tour dénoncé la manipulation des résultats, sur un ton parfois trop fort. «Selon nos calculs IBK est en réalité 22e sur les 24 candidats», attaque le Général démissionnaire, Moussa Sinko, en annonçant l’investiture d’un président différent d’IBK le 4 Septembre prochain. Et Dramane Dembélé d’intimer à la Cour Constitutionnelle de proclamer les résultats qu’il juge vrais. Aliou Boubacar Diallo, a estimé pour sa part que l’élection aura été une insulte aux Maliens, à cause de l’annulation massive de leur vote et le bourrage d’urnes.
En définitive, toutes les logiques convergeaient vers un front commun pour déloger le président sortant. Mais, contre toute attente, l’écrasante majorité n’a donné aucune consigne de vote et tous prétendent avoir consulté les différentes structures de leur formation politique. Comme si cela ne se suffisait pas, les rares qui ont donné une consigne notamment Modibo Koné, le porte-parole des 17 candidats, Housseini Amion Guindo et Mamadou Oumar Sidibé, ont opté pour l’adversaire commun d’en face. Seul, Choguel Kokalla Maiga a eu le courage politique d’appeler ouvertement ses militantes et militants à voter Soumaila Cissé au 2e tour.
Qu’est ce qu’il s’est réellement passé ? Selon nos sources, sur demande de ces alliés, Soumaila Cissé aurait refusé de boycotter le 2e tour de la présidentielle. Cette décision républicaine et démocratique, selon le chef de file de l’opposition, va permettre d’éviter la politique de la chaise vide et plonger le Mali dans un chaos sans précédent.
Amidou Keita
Source: Le Témoin