‘’Le Mali sous Moussa Traoré’’, c’est le titre de cet ‘’ouvrage’’ provocateur que nous proposent l’ancien tyran et son clan, avec comme objectif de tenter de distraire les Maliens et réécrire l’histoire chaotique des 23 ans de dictature pendant lesquelles, ils ont torturé, tué et pillé les ressources économiques du pays..
Cet ‘’ouvrage collectif’’ a été réalisé sous la direction de Djibril Diallo, ancien secrétaire politique de la défunte Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM). Celui là même qui, en 1990, avait osé défier son mentor qu’était le général Moussa Traoré, en démissionnant du parti, parce que disait-il : « l’UDPM a atteint son seuil d’incompétence ».
Cet homme à l’époque, s’était attiré une certaine sympathie du peuple malien décidé à prouver au Grand Manitou d’alors qu’il avait du ‘’cœur’’.
Concernant les autres membres du comité de rédaction de ‘’l’ouvrage ‘’, il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un petit groupe d’hommes usés et désœuvrés.
Dans leur ouvrage qui n’est autre qu’une provocation et une tentative de réécriture de l’histoire du Mali, le Général est tout simplement présenté comme Moussa Traoré. Que les temps changent !
Mais, on peut toujours se demander, quelle mouche a pu bien piquer GMT et ses historiens pour en arriver là ?
A n’en pas douter, le fait que l’ancien dictateur ait été l’année dernière élevé au rang de Républicain par le président IBK en est pour quelque chose.
C’est ainsi que déjà, dans l’avant propos du ‘’livre’’ véhiculé par la haine, la rancœur et le désir de revanche sur l’histoire, ils s’attaquent d’abord à l’ORTM. Pour une histoire d’interview accordée à l’ancien tyran en 2010 à l’occasion du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali, et qui n’aura jamais été diffusée. Et pour cause, le général Moussa Traoré avait exigé que ledit entretien soit intégralement diffusé. Comme à l‘époque où il était président de la République, et dictait ses lois partout et n’ importe où.
Ce ‘’livre’’ donc est en réalité une récapitulation intégrale de la dite interview. Mais en plus, l’homme qui a assassiné des centaines de fils du pays, et rendu à jamais infirmes d’autres, évoque l’important thème relatif à la liberté de la presse au Mali.
Amnésiques pour la circonstance, ses historiens se sont chargés d’expliquer que déjà en 1988, cette liberté était effective. Mensonge.
C’est vrai qu’à l’époque, la revue culturelle Jamana et le magasine des jeunes, Grin-grin avaient été créés par Alpha Oumar Konaré. Mais, ni l’une, ni l’autre n’avaient pour option affichée, de combattre le régime dictatorial du général Moussa Traoré. Pendant ce temps, un vieil homme, feu Boubacar Keita que le régime considérait comme un fou, publiait un petit papier dénommé la ‘’ Roue’’. Mais en réalité, c’est en 1989 (précisément le 17 mars 1989) que Mr Alpha Oumar Konaré a pris tous les risques pour créer un véritable journal dénommé ‘’Les Echos’’. Ce journal avait subi toutes les foudres du pouvoir : expulsion de l’Assemblée nationale de ses reporters, intimidations, chantages et emprisonnement de certains de ses rédacteurs.
‘’Les Echos’’, contrairement aux affirmations des écrivains au service de l’ancien dictateur n’a Jamais été financé par l’Extérieur. C’était un groupe d’hommes et de femmes patriotes connus de tous, (avec à leur tête Alpha Oumar Konaré) qui, sur leurs revenus personnels prélevaient quelques sous afin de défendre à travers les Echos la patrie meurtrie.
Aussi GMT, tout comme ses sbires d’hier et d’aujourd’hui savent bien que le journal les Echos avait son siège (Oulofobougou, rue Dakar) à Bamako et qu’il était conçu et imprimé au Mali. Tous savaient que son directeur de publication, s’appelait Alpha Oumar Konaré. Les rédacteurs des Echos, les collaborateurs étaient également tous connus.
Moussa Traoré n’avait cependant pas osé tenter de détruire le journal, parce que cet organe appartenait au Peuple Malien et était devenu plus puissant que le dicyateur et son clan. En plus, avec sa ‘’démocratie au sein de son parti’’ unique et inique, Moussa Traoré pensait tirer profit de la création de les Echos qui pour lui, devrait prouver qu’au Mali, la liberté de presse était une réalité.
Dans son ‘’livre’’, le Boucher national à travers ses valets, évoque également des questions relatives à la politique nationale, l’éducation, au problème de santé au Mali, à l’équipement militaire de nos Forces Armées et à la politique extérieure du Mali…Des domaines dans lesquels, le dictateur GTM n’aurait brillé que dans la médiocrité.
Quant à son parti UDPM, dont les prouesses sont vantées dans le ‘’ livre’’, Moussa Traoré lui-même dans une interview accordée à Jeune Afrique en 1987 disait à propos : ‘’le parti n’existe pas ! Seuls des malhonnêtes m’entourent ! Tous mes compagnons sont corrompus !’’.
Amnésie collective ?
Cependant, dans leur reliure de tracts, les écrivains au service de l’ancien Grand Manitou ne font point cas des châteaux qui ont été construits en 1973 à travers le Mali, alors que dans le nord de notre pays, le cheptel était décimé et les populations mourraient de faim et de soif, suite à une terrible sécheresse.
Ils oublient également tous ces intellectuels et opposants envoyés dans les bagnes de Taoudénit et de Kidal. Ils ont aussi oublié le jeune étudiant Abdoul Karim Camara dit Cabral, l’ancien président de la République, Modibo Keita qu’ils ont été assassinés. Ils ont même oublié leurs propres camarades comme Tiécoro Bagayogo, Karim Doumbia, Kissima Toungara qui ont humiliés avant d’être liquidés. Ils ont surtout oublié de mentionner dans leur ‘’œuvre’’, les centaines d’élèves et étudiants et même des malades mentaux froidement assassinés par GMT dans les rues de Bamako et d’autres localités du pays.
Ils ont enfin oublié que, c’est grâce à la magnanimité du peuple malien, à son esprit de tolérance, qu’ils sont aujourd’hui encore bien vivants, bénéficiant de tous les privilèges sur le dos du contribuable.
Le général Moussa Traoré, même s’il a été promu Républicain, n’est rien d’autre qu’un assassin. Il devrait, le général Moussa Traoré, ou Moussa Traoré tout court, non seulement se réjouir de compter parmi les vivants (contrairement aux jeunes élèves et étudiants qui sont sous terre au cimetière de Niaréla ou ailleurs) mais aussi, du fait que, grâce aux présidents Alpha et ATT, il est toujours général et, mieux ou pire, il bénéficie du statut d’ancien président de la République avec tous les avantages liés à son ‘’rang’’.
Boubacar Sankaré
Source: Le 26 Mars