Commis pour créer, favoriser ou même imaginer 20 000 emplois, conformément aux promesses du Président IBK, le ministre en charge de ce secteur, Mahamane Baby, use plutôt de 200 000 subterfuges pour rendre le programme présidentiel totalement invisible aux yeux des Maliens.
Nombre d’observateurs auront compris que la bonne foi du Président IBK n’est nullement en cause et que sa volonté demeure intacte quant à doter la jeunesse malienne de moyens sérieux d’épanouissement. Les secteurs en rapport avec la jeunesse (éducation, santé, formation et emploi) ont ainsi occupé une place centrale dans l’action des différents gouvernements, depuis septembre 2013. Si des résultats honorables sont à saluer dans les deux premiers domaines cités – au regard notamment des moyens et du contexte sécuritaire de notre pays -, on ne saurait en dire autant des secteurs dévolus au ministre Baby, tant ses «résultats» sont fictifs. Au lieu d’une moisson digne d’enrichir le bilan du Président IBK, l’échéance 2018 risque d’intervenir avec des emplois virtuels, des jeunes recrues et des réalisations fictives, bref, un honteux bilan soutenu par une propagande illicitement entretenue : articles de journaux commandés, animateurs de radio conditionnés, mouvements de colères contenus à coups d’espèces sonnantes et trébuchantes.
Si les moyens alloués par le Chef de l’Etat n’ont pas servi à la création d’emplois réels pour une jeunesse de plus en plus déboussolée, il y a tout lieu de s’interroger sur ce que le ministre a pu faire des dizaines de milliards que totalisent par an les nombreuses structures rattachées à son département.
L’Empire Baby : Du squatteur de piaule au « Propriétaire Terrien »
Peu de nos compatriotes ignorent qu’en septembre 2013, Mahamane Baby squattait un studio chez son beau-frère, ancien ministre de l’Enseignement supérieur. Devenu membre du gouvernement, il occupe par la suite – et de nos jours encore – la résidence ministérielle réservée au ministre en charge de l’emploi et de la formation professionnelle. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et le sans-domicile est devenu pratiquement un propriétaire terrien. Vergers au bord du fleuve, villas dans les zones ACI, bovins et caprins commandés du Tchad, radios libres à Bamako et à l’intérieur, télévision privée et autres investissements opulents insultent la misère des Maliens et narguent les jeunes chômeurs qui voient leurs emplois offerts par IBK convertis en monnaie de singe pour assurer l’avenir des héritiers de Baby. Sans compter les investissements à l’étranger notamment à Dakar.
« Un ministère au rabais », malgré les moyens colossaux mobilisés
A tout cela vient se greffer la gestion désastreuse du département de l’Emploi et de la Formation. Le ministre cache à peine ses préférences. Au sein du cabinet, la compétence semble foutre le camp pour laisser la place à l’humeur et aux désirs, à en croire certaines indiscrétions internes en mentionnant le cas d’une jeune femme qui polarise toutes les attentions et curiosités par le nombre record de ses voyages et missions à l’extérieur. Pendant que des laborieux conseillers et chargés de mission n’ont jamais franchi la moindre frontière, Mademoiselle totalise plus d’une vingtaine de voyages l’année. Au point qu’au Secrétariat général du Gouvernement on commence à se demander s’il n’y a autre âme qui vive au cabinet de Baby. Des missions les plus intéressantes pour l’Etat jusqu’à celles inventées pour les emplettes outre-Méditerranée de notre princesse, tout y passe au grand dam de tous. Et nul murmure ne suinte.
Outre ses déboires, assimilables à des frasques par certaines mauvaises langues, la gestion managériale constitue un handicap mortel pour la structure et les groupes cibles qu’il est censé promouvoir. La pression exercée sur les structures relevant de l’autorité du ministre est telle que certaines d’entre elles ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Il se susurre qu’une de ces structures en est même endettée auprès des banques de la place à hauteur du milliard, une fortune apparemment contracté pour satisfaire certains caprices insatiables.
Qui plus est, les mécontents ne se comptent plus de nos jours. Les Maliens ont suivi de près le malheureux épisode de la guéguerre entre le Conseil national de la jeunesse (CNJ) et le chef du département. Certains observateurs parlaient même en son temps de jalousie mortelle que ce dernier nourrissait contre le jeune Touré pourtant grand soutien d’IBK. Idem avec la jeunesse RPM dont il était le président et à qui il a coupé tout appui pour des raisons inexplicables. Aucune grande fédération de jeunes, de chômeurs ou de chercheurs d’emploi ne peut montrer deux réalisations du ministre en termes d’offre ou de création d’emplois. Ceux qui ont eu de l’emploi, Baby est le seul à les connaitre, en définitive. A défaut des personnes concrètes, qui n’ont rien eu du tout, la baguette magique du ministre crée des emplois aussi fictifs qu’imaginaires, pensant ainsi tromper la vigilance et la confiance du Président IBK. Or, sur les réseaux sociaux, nombre de jeunes dénoncent la corruption éhontée mise en branle pour faire obstacle à une manifestation publique prévue pour demander des comptes au gouvernement sur les 200 mille emplois. Car on ne s’y trompe pas, les Maliens savent les efforts déployés par IBK. On sait que sous les précédents régimes avec seulement les structures existantes les conditions de l’apaisement social étaient créées. On sait que le président IBK a néanmoins augmenté le PROCEJ (32 milliards) tout en rehaussant le budget de toutes les anciennes structures du département, cela pour booster l’emploi des jeunes et réussir le pari fixé en 2013. On sait que le secteur de Baby a joui de la stabilité institutionnelle nécessaire (ministre depuis le 1er gouvernement). On sait que toutes les conditions règlementaires ont été créées (vote diligent des projets de lois sur les secteurs de emploi, de la formation et de la jeunesse, etc.). On sait aussi qu’il y a des Maliens offusqués du fait que le président IBK est jeté en pâture par la faute de collaborateurs déloyaux.
« L’Homme-Au-Schéma » :
Certes l’incompétence et la déloyauté ne sont pas l’apanage du seul ministre Baby, mais il est de ceux qui ne peuvent avoir l’excuse d’avoir été mal accompagnés ou mal dotés. On peut même affirmer, sans risque de se tromper, qu’il a été chouchouté et favorisé au-delà de l’ordinaire. Ne répète-t-il pas lui-même à l’envi qu’il bénéficie des meilleures entrées, que ce soit à Koulouba, à Quinzambougou ou à l’Hippodrome ? Et c’est bien pour cela que la note du plus mauvais ministre lui est attribuable.
Malgré tout, M. Baby demeure très ambitieux. Ayant une volonté d’airain de parvenir au sommet, il témoigne avec fierté avoir gagné sa guerre contre Téréta et les caciques du RPM. « L’Homme-Au-Schéma », comme on l’appelle (on dit de lui qu’il distingue les Maliens entre ceux qui sont dans son schéma et ceux qui n’y sont pas), grimpe sur l’escalier des moyens de l’Etat pour assouvir ses ambitions qui ne sont ni celles d’IBK, ni celles des jeunes chômeurs encore moins celles des Maliens. Affaire à suivre…
Isaac Théra
source: Le Témoin