«Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh
Peuple du Mali, grand peuple du Mali, permet qu’en ton nom, je souhaite la bienvenue la plus cordiale à tous ces grands dirigeants de pays et de peuple, qui malgré leur calendrier chargé, nous font l’honneur de leur présence en ce jour ici. Permet qu’en ton nom, je salue tous : Majesté, chefs d’Etat, chefs de gouvernement, membres du gouvernement, animateurs d’organisations citoyennes ainsi que la presse. En ces heures vous faites de Bamako, notre capitale le lieu d’envol, de l’espérance nouvelle. Vous écrivez avec nous une sympathique page d’histoire (…).
Chers amis,
Le Mali d’abord tel qu’indiqué comme thème de la campagne, n’était certes pas le signe d’un répit nationaliste sourcilleux, mais une véritable proclamation de foi, calme, sereine, qu’au sortir de l’enfer que fut l’occupation djihadiste, notre pays, le Mali, souhaitait se retrouver dans sa dignité, dans ses valeurs, dans ce qu’il fit apprécier de tout temps par le monde.
J’ai souvent coutume de le dire, qu’en le temps où Constentinop était la capitale du monde, nous avions déjà des relations diplomatiques dans le plus pur style Quai d’Orsay, cela était le Mali, cela demeure le Mali, terre d’ouverture, terre de culture, terre de rencontre de civilisations, terre d’humanisme triomphant au souffle peureux et fécondant qui a de tout le temps imprégné les rives du Djoliba.
Notre pays a des atouts. Et le Mali d’abord n’était pas un simple slogan insipide à usage électoraliste. Que Non ! Que Non !
Un Mali prospère et rayonnant n’est pas un rêve irréalisable car son potentiel agricole, qui est énorme, peut en faire de nouveau le grenier de l’Afrique de l’Ouest et pas seulement.
Le potentiel minier est impressionnant et nous classe aujourd’hui au troisième rang continental pour l’or.
Notre peuple est riche de sa diversité et de son savoir-faire. Nous sommes un peuple pacifique et créateur, mais dont on fera bien de prendre garde d’écorcher la dignité et l’honneur.
Le Mali, c’est le peuple des récoltes, le peuple de transhumance, Dialoube est là, le peuple de la débauche, le peuple des marchés. C’est pour ce peuple-là, que j’ai prêté serment. Je respecterai et ferai respecter la constitution du Mali Incha allah.
Et je renouvelle ceci, mon serment de lutter de toutes mes forces contre la mal gouvernance, la prédation de nos maigres ressources et la honteuse et criminelle corruption. Chaque centime peut améliorer l’accès à l’école, aux centres de santé et aux routes pour de multitudes de Maliennes et de Maliens qui ne demandent rien d’autres que de vivre en paix, de produire en paix, d’aller librement en paix dans un environnement sécurisé. Cette modeste ambition sera comblée incha allah.
La nouvelle gouvernance de mes vœux n’est pas de l’utopie. Tous les pays africains, aujourd’hui, qui ont fait l’effort méthodique de cultiver l’efficacité et l’efficience, sont aujourd’hui parmi les pays émergents. Nous pouvons en être et nous serons incha allah. C’est le lieu de saluer les efforts gigantesques entrepris aujourd’hui par notre frère estimé, Théodoro Obian N’Guema pour faire de la Guinée Equatoriale ce que l’on voit aujourd’hui. Malabo, capitale figurant de l’Afrique de demain et un effort de solidarité nationale, qui fait qu’aujourd’hui, qu’au plan social, un modèle nouveau est en train de voir le jour.
Président Obian N’Guema, bienvenu chez vous en terre du Mali.
La route qui mène au bonheur du Mali, est ma route. Je la prendrai, sans dévier, quel que soit les défis. Ce n’est point un projet d’autarcie. Nous croyons sincèrement et profondément à l’intégration sous régionale et régionale pour être demain du banquet de la mondialisation. Mais, seul un Mali fort, qui n’est pas une menace sécuritaire contre lui-même et contre ses voisins, est digne d’aller au rendez-vous de l’universel. Il s‘agit alors d’un Mali débarrassé à tout jamais du crime organisé, du narcotrafic et autres cancers sociaux.
Il s’agit d’un Mali dont l’armée républicaine à souhait, réhabilitée, remise en ordre, sera le garant de notre défense territoriale et la défense des institutions. J’en ai pris l’engagement, je le ferai incha allah.
Par le choix clair porté sur ma personne, j’ai compris mon obligation de travailler quotidiennement et irréversiblement à l’avènement de ce Mali. Et pour ceux qui en doutaient, les populations de Djicoroni, de Dravela, voient chaque matin passer le vieux lion monter à Koulouba et en redescendre tard dans la soirée.
A celles et ceux qui ont vécu, avec horreur, les cauchemars de notre histoire récente, je voudrais promettre ceux-ci : Plus jamais ça !
Pour les voisins qui ont tremblé devant le péril malien et pour les pays qui ont subi les effets collatéraux de notre crise, je voudrais promettre ceux-ci : Plus jamais ça !
Pour les forces maliennes et étrangères qui se sont battues contre les forces du mal pour que le peuple malien vive en paix, je voudrais promettre ceux-ci : Plus jamais ça !
Pour les soldats maliens, français, tchadiens, nigérians, nigériens, mort dans la campagne de la libération du Mali, et devant la mémoire desquels je m’incline pieusement, je voudrais promettre ceux-ci : Plus jamais ça !
J’accepte d’être l’homme de ces défis.
Le péril était grand. Le secours, cher François, cher Idriss Deby, cher président Ouattara, cher président Compaoré, le péril était grand, le secours fut à la hauteur.
Que les grandes nations aujourd’hui rassemblées reçoivent ici l’expression de notre infinie reconnaissance et toutes les assurances quant à notre volonté de redressement.
Les attentes à l’endroit du Mali sont à juste titre très grandes. Le peuple malien a commencé à y répondre par son engagement massif dans le cycle électoral, lassé d’un Mali et des pratiques honteuses, il s’était détourné des urnes. Il y est revenu et de belle façon. Aujourd’hui, le peuple représenté dans toutes ses composantes, est sorti pour célébrer la démocratie retrouvée après deux ans de convictions profondes.
Je saisis donc cette occasion pour saluer l’engagement patriotique dont a fait preuve le peuple malien, le 28 juillet puis le 11 Août 2013, en vue de se choisir librement un président de la République.
Nous accueillons ce choix souverain du peuple avec responsabilité et humilité. Nous traduirons l’esprit de cette lisibilité qui nous est conféré, en redonnant au peuple malien, toute sa fierté malmenée ces dernières années par l’effritement de l’autorité de l’Etat et la déliquescence des institutions.
Le soutien magnifique de la communauté internationale nous fait le devoir exigeant de ne pas décevoir ceux qui ont eu foi en nous. Le Mali revient dans le concert des nations. Il a un rôle à y assumer conforme à son parcours historique et à ses valeurs de civilisations forgés au cours des siècles et marquées de l’empreinte des grands bâtisseurs comme Soundiata Keïta, Soni Ali Ber, Askia Mohamed, Babemba, Firhoun Ag Alinsar.
Faut-il le rappeler, quand le centre du monde était en Orient, le Souverain du Mali, je l’ai rappelé, recevait, échangeait
Et son voyage à la Mecque, fabuleux, légendaire, par sa prodigalité, au point que le court du métal, nous dit-on, baissa. Et cela pour des décennies à la Mecque et au Caire.
Nous sommes une vieille civilisation à l’humanisme avéré, entretenant un rapport humain chaleureux et singulier, hautement captivant pour quiconque nous fait l’honneur de venir à nous, dans un monde où l’ère du temps semble être à un reclus de la solidarité. Nous sommes l’exemple de ce que les hommes peuvent faire de grand quand ils ont le souci des uns des autres.
Merci à ceux qui n’ont pas hésité à envoyer leurs enfants combattre et mourir pour un Mali libre et démocratique. Nous sommes désormais éternellement liés à eux par un pacte de sang. Nous sommes désormais liés par un pacte d’honneur.
Mesdames, Messieurs
J’ai une pensée pieuse et émue, encore une fois, au Damien, mort à Konna pour le Mali, première victime de la bataille pour la libération du Mali. Il a rejoint l’arrière-grand-père manding, mort pour la France à Gradin et dont le Sieur de Douaumont conserve pieusement le souvenir anonyme. J’y ai été.
Son sacrifice, après celui de nos pères soudanais, également vaillants, sur le chemin des Dames, ouvre une page nouvelle dans les relations franco-maliennes.
Plaise au ciel que nous sachions féconder cette nouvelle épopée, qui s’annonce brillante, si nous savons maintenir intact la nouvelle espérance née à nos peuples.
J’ai une pensée pieuse et émue pour le Commandant Abdel Aziz Adam et mes frères tchadiens, brave entre les braves, mort pour la libération du Mali de la terreur et de l’obscurantisme.
J’ai une pensée sans réserve pour les fils du Burkina, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Nigéria, de tous les pays de la Cedeao qui veillent avec abnégation, loin de leur foyer, aux côtés de leurs frères maliens pour la tranquillité de nos concitoyens.
En reconnaissance de cette admirable solidarité internationale, le sacrifice du sang en accompagnement du redressement du peuple malien, j’ai le devoir de vous dire notre ambition résolue de reconstruction de l’Etat et de toutes les institutions. C’est collectivement notre mission historique et notre vœu le plus ardent. La voie, qui y conduit, sera longue et difficile. La force des institutions procède d’un mandat précis et accepté, de capacité solide et d’une légitimité sur des valeurs républicaines, singulièrement le respect de soi et d’autrui, l’égalité devant la loi. Nul n’est et ne sera au-dessus de la loi.
Le mérite, la Solidarité, la principale institution à cet égard, est l’institution judiciaire. Une justice forte et impartiale, est par principe, d’une société plus sûre.
La lutte contre la corruption est essentielle. Et elle sera implacable. C’est pourquoi, une place insigne est désormais faite à Dame Justice dans l’architecture gouvernementale. Sur ce fondement, il est essentiel pour qu’advienne un Mali plus stable, de consolider la cohésion de la nation. Elle repose sur deux piliers.
La participation de tous à travers le renforcement des institutions démocratiques notamment une véritable décentralisation des pouvoirs afin qu’émergent des communautés épanouies dans la nation.
La promotion de l’égalité des chances. Nous devons recoudre le tissu national, singulièrement lardé. C’est d’ailleurs l’année. Nous nous y attèlerons de toutes nos forces avec constance, détermination. Le propos du nouveau ministère en charge de la réconciliation nationale et du développement des Régions du nord, n’est pas autre.
La reconstruction de l’armée est également une ardente priorité. Nous devons disposer d’une armée forte et républicaine. Une armée respectueuse des droits humains qui a un intense besoin de formation, d’appuis logistiques et d’équipements. Là encore, la solidarité internationale s’exprime déjà avec force.
Enfin, nous nous attacherons à construire avec les agents économiques un environnement d’opportunités nouvelles, nécessaires à l’épanouissement de chacun.
Je vais lancer aujourd’hui un message de reconnaissance au monde et réitérer l’assurance que le Mali sera désormais autre et conforme sa vocation au service de la paix, au service de des hommes.
Chers amis d’Afrique, de France et du monde, chacun en vos qualités respectives, de vous SIR, des chefs d’Etat de pays frères et amis, les compagnons politiques, les plus illustres aux plus anonymes, de toi, vaillant et digne peuple martyr du Mali, en cette merveilleuse cérémonie de l’amitié et de la solidarité, vous m’avez honoré. Vous avez honoré, mon pays, le Mali et son peuple libre, fier et digne. Vous m’avez grandi, que Dieu vous grandisse et vous bénisse.
Vive la République Vive le Mali, libre et démocratique
Vive la solidarité internationale ».
Source: Le repère