À une semaine, jour pour jour, de l’épilogue du processus de désignation d’un candidat à l’investiture interne, les Abeilles étaient en conclave à la Maison des Aînés, dans le cadre des assises de leur 16 ème Conférence Nationale. Il s’agit apparemment d’une conférence de conformité aux conditions d’éligibilité à l’aide publique aux partis, mais les délégués ont afflué des quatre coins du Mali pour prendre la température d’une atmosphère préélectorale fortement marquée par le débat sur la posture du PASJ face à la présidentielle de 2018. Sur la question, les lignes n’ont guère bougé à l’issue de la 16 ème Conférence, sanctionnée du reste par une résolution qui en dit long sur une tendance nettement dominante en faveur d’une candidature propre au PASJ. Les participants ont en clair engagé le Comité Exécutif à parachever, au plus tard fin Avril, le processus de désignation du porte-étendard des Ruchers, du dépouillement des candidatures recensées jusqu’à l’investiture du candidat retenu.
Auparavant, les délégués ont été gratifiés d’une cérémonie d’ouverture assez terne et beaucoup moins riche en couleurs que par la portée des insinuations ambiguës du président Tiemoko Sangaré. Dans son locution d’ouverture de la Conférence, le ministre des Mines, coïncidence de calendrier oblige, n’a pas manqué de faire allusion à la partition historique de sa famille politique dans l’avènement du 26 Mars et sa responsabilité d’en être la sentinelle. «La tenue de nos assises intervient dans un contexte qui exige de nous une profonde réflexion sur notre parcours commun, sur les défis que nous avons relevés et sur les enjeux à venir », a-t-il déclamé, insistant par ailleurs sur le devoir pour les militants Adema d’œuvrer pour l’intérêt général et de faire preuve de sublimité à toute épreuve face «aux blessures personnelles» et «frustrations les plu légitimes». C’est à ce prix que seront consolidées les bases du PASJ et se construiront des lendemains meilleurs, a laissé entendre le président des Abeilles, en abordant très subtilement les tenants des consultations électorales présentées comme porteuses de tensions plausibles. Aux yeux du ministre Sangaré, les enjeux des futures élections résident à ce titre dans la réussite de l’organisation, en tant que «tournant décisif dans le renforcement du système démocratique» malienne et de la gouvernance locale. Et le président de l’Adema d’inviter le Gouvernement à tout mettre en œuvre pour la tenue des élections inclusives, sécurisées et dans le respect des délais constitutionnels. Pour ce faire, l’accompagnement de l’Adema-PASJ ne fera pas défaut, a assuré Tiemoko Sangaré, mais en ayant recours à une formule d’expression assez ambivalente pour ne pas intriguer les plus attentifs parmi une audience partagée entre partisans de la candidature d’IBK et ceux de la candidature interne. En effet, outre d’avoir éludé les ambitions de son parti pour les prochaines joutes, le président du PASJ entretient une certaine confusion en déclarant : «l’Adema-PASJ, quant à lui, ne ménagera aucun effort, dans l’accompagnement du président de la République, pour la réussite de ces élections qui constituent le baromètre essentiel de la vitalité de notre jeune démocratique».
Comme il est loisible de le constater, l’équivoque entre l’accompagnement d’IBK et du processus électoral est probablement entretenue à dessein venant d’un homme qui s’est précédemment illustré par des insinuations tout aussi intrigantes dans la foulée de la polémique inter-Ademiste sur la candidature de son parti. Il s’était exprimé sur la question avec une étonnante incertitude en parlant «d’éventuel candidature» de l’Adema sur l’ORTM, avant de confier sur d’autres tribunes que le parti se rabattra sur IBK en cas d’appel à candidature infructueux. C’est dire que Tiemoko Sangaré n’a fait que confirmer les présomptions quant à son penchant pour le soutien à la candidature d’IBK.
A Keita
Le Témoin