Selon une source bien introduite, des dizaines de centaines de tonnes d’engrais sont stockés dans les magasins de la Cmdt faute de preneurs. Les paysans de la zone cotonnière, auxquels le produit est destiné et au nom desquels il a été commandé, refusent catégoriquement d’en faire usage. Ils n’en veulent pas tant pour sa nature et que son inefficience car il s’agit de la chaux, un fertilisant auquel il est pour le moins reprochable de n’être point un supplétif aux engrais. Du gâchis !, parce que le stock concerné ne saurait être éternellement conservé.
Certains approvisionnements datent d’ailleurs de l’époque Bocari Treta sous le ministère duquel une première quantité de cette chaux a été acquise pour 4 milliards auprès de l’entreprise malienne Stone. Le Pdg Modibo Koné en avait par la suite passé la plus importante command, soit une dizaine de milliards en dépit de la réticence des paysans. Aujourd’hui, le triste constat est que le fournisseur se démène comme un beau diable – notamment à coups de refrains médiatiques – pour inciter les ruraux à la consommation de sa production. Limogé après ce forfait, l’un des responsables du dégât s’est trouvé quant à lui un refuge dans la politique, probablement pour éviter tout ennui.
Qui est le vrai président du G5 ?
IBK avait séjourné en France, la semaine dernière, pour deux motifs. Le président de la République a en effet représenté le Mali à une rencontre mondiale sur le climat, puis au sommet des pays membres du G5 qu’il préside. C’est là aussi le hic car on peut se demander à juste titre qui est réellement le premier responsable de cette organisation de pays sahéliens. Initiée par la Mauritanie, le Burkina, le Mali, le Sénégal et le Niger pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel par la fédération de leurs efforts, elle est de plus en lui phagocytée par le président français, qui s’impose comme le vrai chef de l’organisation.
Un retour – sinon à la colonisation – tout au moins au pré-carré français qu’on fait mine de circonscrire ? En tout cas, Emmanuel Macron s’illustre depuis la création du G5 comme le principal capitaine du bateau sahélien. Après le lancement des forces conjointes où il a joué le rôle de donneur de leçons à ses ‘pères’, pardon !, «ses pairs», le revoilà à la manœuvre avec l’initiative de convier les 5 chefs de l’Etat dans son pays comme pour prouver une fois de plus qu’il est incontournable dans le déblocage des problèmes de financement auxquels l’organisation est confrontée. La moisson a été certes belle en France avec la générosité saoudienne et des Émirats Arabes, mais vilaine était la condescendance qui consiste à faire parrainer la levée de fonds par la France et en dehors de la zone directement concernée par le mal à conjurer.
Idrissa Keita
Le Témoin