Le Mali, à l’instar de la Communauté internationale, a célébré la 14ème journée mondiale de lutte contre le paludisme, le 25 avril2021, sous le thème « Zéro palu, tirer un trait sur le paludisme », a appris l’AMAP de source officielle.
En prélude des activités, le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) a organisé, mercredi dernier au Grand Hôtel, une conférence de presse sur la situation de la lutte épidémiologique de la maladie dans notre pays.
La rencontre s’est déroulée en présence du représentant du ministère de la Santé et du Développement social, Markatié Dao, du point focal paludisme à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Boubacar Sidibé et du directeur général du PNLP, Dr Idrissa Cissé.
Etaient également présents Dr Issaka Sagara, chercheur au Malaria Research and training center (MRTC), le Centre de recherche et de formation sur le paludisme du prestigieux parasitologue, feu Pr Ogobara Doumbo.
Le directeur du PNLP, Dr Idrissa Cissé, dans sa présentation, a déclaré que pendant ces deux dernières années, le paludisme a un peu freiné dans son évolution vers l’élimination, d’où le thème de cette année qui vise à attirer l’attention sur la nécessité d’accroître encore les efforts de lutte contre cette maladie tropicale, avant d’explique que la croisade contre le phénomène intègre les priorités gouvernementales.
Dr Idrissa Cissé a également souligné l’engagement des autorités dans la lutte contre le paludisme. Ce qui justifie, selon lui, l’adhésion de notre pays à plusieurs initiatives internationales telles que la couverture universelle aux interventions de lutte contre le paludisme suite à l’appel du secrétaire général des Nations unies en 2008 et l’Initiative Roll back Malaria.
Le directeur du PNLP a saisi l’occasion pour dresser le tableau épidémiologique du paludisme dans notre pays. L’Enquête démographique et de santé (EDS-M VI) de 2018 indique que la prévalence du paludisme au Mali est de 19% au niveau national et varie dans les régions.
La prévalence est de 1% à Bamako tandis que Sikasso enregistre la plus grande prévalence, soit 30%. Le conférencier a également noté que selon le Système local d’information sanitaire (SLIS 2020), le paludisme est la première cause de morbidité (34%) et de mortalité (22%) dans notre pays. Au cours de la même année, notre pays a enregistré 2.666.266 cas confirmés de paludisme, 843.961 cas graves et 1.708 décès dont une létalité hospitalière de 2%.
Le directeur du PNLP Dr Cissé a, par ailleurs, affirmé que les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sont les couches les plus affectées à l’échelle nationale par cette endémie majeure. Il a aussi rappelé que la stratégie de lutte contre le paludisme dans notre pays est axée sur la prévention, la prise en charge des cas, la gestion des épidémies, l’accès aux intrants de lutte contre le paludisme et les stratégies de soutien.
Les actions accomplies dans ce sens concernent notamment la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide (Mild), la pulvérisation intra domiciliaire, la gratuité de la sulfadoxine pyriméthamine (SP) pour la prévention du paludisme chez les femmes enceintes et le pré-positionnement des médicaments et des autres intrants au niveau des districts sanitaires. S’y ajoute la gratuité universelle du Mild pour toute la population chaque trois ans.
Dr Idrissa Cissé a reconnu que de nombreux défis restent à relever dont, entre autres, la mobilisation des ressources financières internes, la disponibilité permanente des intrants à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Il dira que le Mali fait partie des 11 pays du monde où le paludisme est une charge élevée pour les familles, après avoir affirmé que le palu constitue un problème de santé publique.
S’agissant des perspectives, il a souligné que le PNLP développera des stratégies innovantes de mobilisation des ressources financières internes en faveur de la lutte contre le paludisme et renforcera l’organisation de l’offre et de l’utilisation des services.
Le point focal du paludisme à l’OMS, Dr Boubacar Sidibé a précisé que l’organisation onusienne a déploré 384.000 décès évitables liés au fléau dans la Région africaine de l’OMS l’année dernière. Or en 2019, cette région africaine concentrait 94% des 229 millions de cas et des 409.000 décès imputables à la maladie dans le monde.
Dr Boubacar Sidibé a affirmé que l’augmentation de la résistance des vecteurs aux insecticides dans la Région et la résistance des parasites du paludisme à certains médicaments sont de nouveaux défis qui se profilent à l’horizon.
Il s’est réjoui des résultats qui provenant du déploiement à titre expérimental du vaccin antipaludique RTS, S. Il soutient que ce vaccin est un outil prometteur supplémentaire dans la prévention du fléau.
Dr Sidibé a enfin souligné que des mesures urgentes doivent être prises pour se rapprocher des objectifs mondiaux de réduction de 90% du nombre de cas et de décès dus au paludisme d’ici l’horizon 2030.
Dans le programme de cette 14ème édition, il y a eu aussi bien à Bamako que dans de nombreuses localités de l’intérieur du pays, des journées scientifiques et des débats, entre autres.
KM
Source : (AMAP)