Représentant le Mali, à la 11è Conférence de Moscou pour la Sécurité internationale, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel Sadio Camara, revient sur les principaux défis sécuritaires du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Dans la foulée, il a exhorté la création d’une « Afrique affranchie des injonctions extérieures, capable de définir sa propre stratégie de sécurité avec des partenaires fiables et transparents ».
Devant un parterre de spécialistes des questions de sécurité, le ministre de la Défense du Mali a déploré la violence d’une rareté qui se manifeste dans la région du Sahel. Laquelle, selon lui, est l’apanage de certains acteurs internes et externes classés en catégories : « groupes armés terroristes, groupes criminels transnationaux, ou encore groupes hybrides à tendance sécessionniste ».
« Ils ont tous en commun cette volonté d’encourager et d’instrumentaliser des crises de coexistence communautaire dont ils se nourrissent », a qualifié le colonel Sadio Camara, qui relève un fossé entre les décisions politiques et le peuple.
« Les politiques publiques mises en œuvre ne correspondent pas aux besoins des peuples, et les élites sont en décalage croissant avec ceux qu’elles sont censées représenter », a déclaré le ministre malien de la Défense.
Le colonel Sadio Camara a dénoncé la destruction des systèmes d’éducation et de sécurité au nom des politiques libérales d’ajustement structurel.
Il a profité de l’occasion pour lancer des nouvelles piques aux puissances occidentales, suite à leur intervention contre la Libye. « Cette attaque en 2011 est la parfaite illustration de cette pratique mafieuse », a accusé le colonel Camara en insistant que cette déstabilisation du Sahel tire ses causes de cette intervention.
« Le feu s’est étendu dans toute la région, et les pyromanes se sont déguisés en pompiers célébrés comme des sauveurs. Nous vivons encore aujourd’hui les conséquences de cette tragédie », s’offusque le ministre dans son discours, déplorant toujours la destruction du tissu social et du vivre ensemble dans l’espace qui, selon lui, est exploité par les puissances externes.
Conscient de la situation qui prévaut dans le Sahel, le ministre de la Défense a indiqué que « le moment n’est plus à la victimisation, ni au fatalisme, mais il faut plutôt affronter ces défis, mais pas en rangs dispersés ».
A ce sujet, il a pointé d’un doigt accusateur les stratégies politiques et sécuritaires souvent imposées de l’extérieure et marquées par une ingérence permanente dans toutes nos décisions.
Sans pourtant citer le nom de pays encore dans la menace d’intervention de la CEDEAO au Niger, le ministre Sadio Camara a déploré le rôle des États qui jouent avec brutalité le rôle de gendarmes ou de garde-frontières au profit des mêmes pays européens qui leur donnent des miettes.
« Les institutions régionales et sous régionales, dont le financement est négligé par leurs propres membres, survivent grâce aux fonds extérieurs, et doivent donc obéir à ceux qui les payent. Elles sanctionnent leurs membres sous le diktat étranger, sous les injonctions des puissances néocoloniales. A force d’imiter leurs maîtres, elles persistent dans le ridicule, et mobilisent contre elles les Peuples désormais éveillés », a dit haut et fort le colonel Sadio Camara.
Et d’ajouter : « Le Mali est, depuis longtemps, victime de cette attitude désastreuse, qui touche, selon lui, désormais le Burkina Faso et le Niger.
« Les menaces actuelles d’agression collective contre le Niger, sous les ordres à peine masquée de la France, en sont la forme la plus lâche et dangereuse pour la communauté Ouest-africaine », a-t-il mis en garde.
Et de rappeler que le Mali a opté pour son affranchissement : « le Peuple Malien a décidé de reprendre son destin en main et de construire son autonomie, avec des partenaires plus fiables, plus sincères, dont les intérêts sont transparents et clairement exprimés dans le cadre d’une relation gagnant-gagnant ».
En conclusion, le ministre de la Défense et des anciens combattants, colonel Sadio Camara, a vivement loué la coopération du Mali avec la Fédération de Russie dont les résultats les plus spectaculaires sont visibles dans le domaine sécuritaire et alimentaire.
Source : l’Indicateur du Renouveau
Mise en ligne : Moctar Koné