Et voilà, la journée ayant suscité tant d’espoir quant au départ de ce régime mais également tant redoutée à Bamako, où les services publics et privés (administration, Banques et boutiques) ont fermé, certains ayant préféré rester à la maison, s’est terminée en queue de poisson.
La stratégie du meeting transformé en sit-in a donné à voir de nombreux jeunes qui ne sont pas rentrés et ont passé la nuit sur l’esplanade du Boulevard de l’Indépendance, dans l’espoir que le lendemain, « IBK de passage pour Koulouba les réveillera pour leur remettra sa lettre de démission », ironisait un ancien acteur rescapé des événements de 1991, qui qualifie ces jeunes de très naïfs.
Certains, parmi eux, ont passé toute la nuit à danser aux rythmes d’un concert improvisé pour la circonstance.
A suivre certains raisonnements dans les milieux politiques au Mali, qui s’interrogent sur la démarche de Dicko qui, en soufflant le chaud et le froid, c’est-à dire en invitant les maliens à sortir massivement « mais sans violences », ne condamnent-il pas le M5-RFP dans une posture de guerre du temps et de l’usure ? Cette stratégique peut-elle faire plier le président IBK et son régime ?
Comme à l’accoutumée, les principaux leaders se succèdent au pupitre pour dénoncer ce que tout le monde savait déjà : la mauvaise gouvernance, l’insécurité, la corruption, le népotisme, etc.
Mieux, l’appel du Chérif de Nioro à ses partisans de ne pas participer à la manifestation pour éviter le chaos du pays, aurait beaucoup joué sur la détermination de l’imam Dicko à pousser plus loin le pion.
De même, la divergence des objectifs et des motivations des différents groupes qui composent le M5-RFP (les politiciens, anciens ministres exigent la démission du Président IBK, alors que Mahmoud Dicko revendique la tête du Premier ministre Boubou Cissé qu’il avoue publiquement avoir proposé pour le poste de Premier ministre lors du départ de Soumeylou Boubèye Maiga, lui aussi demis à sa demande.
En tout cas, il est triste de constater que ces sorties, loin d’être une solution à la crise, constituent un grand manque à gagner, certes pour l’Etat, mais surtout pour les commerçants et autres citoyens qui vivent le jour au jour. Sans doute que cette exaspération généralisée a conduit les autorités à faire déguerpir les nouveaux campeurs de la place de l’Indépendance avec des bombes lacrymogènes, tôt ce mercredi 12 Août 2020.
Pire, soutiennent beaucoup d’observateurs, la démission actuelle du Président IBK dans un pays sans gouvernement, sans Président de l’Assemblée nationale légitime avec une nouvelle Cour constitutionnelle, sous la menace terroriste, poserait plus de problèmes à ce qui reste du Mali.
La seule issue à cette crise sociopolitique reste le dialogue franc et sincère entre maliens sur les voies et moyens de trouver ensemble les solutions idoines aux maux qui gangrènent aujourd’hui toute la société malienne, dont le pouvoir en est la parfaite émanation. La preuve, tous ceux qui s’agitent de nos jours sont comptables de cette mauvaise gestion du pays qui ne date de sous le régime IBK.
Sékou CAMARA
Source: Bamakonews