L’influent leader religieux a, par ailleurs démenti les rumeurs le concernant, dont certaines l’avaient annoncé en exil dans le Golf arabique. « J’étais parti me reposer », a sèchement ajouté l’imam de 66 ans, sans plus de détails sur sa retraite.
Ingérence de la France
Selon des sources, il s’était rendu au sud du Mali, puis à l’Ouest. Probablement chez le Chérif de Nioro, Bouyé Haidara, pour prendre des « bénédictions » comme il en a l’habitude. C’est un leader déterminé qui est apparu devant la presse dimanche 9 août dernier, pour annoncer la reprise de la contestation sans « violences ».
L’imam de Badalabougou a consacré un bon moment de son intervention, à dénoncer ouvertement l’ingérence de la France dans la crise en cours. Il va jusqu’à l’accuser d’avoir joué un rôle important dans le maintien de l’actuel Premier ministre, malgré son rejet par la classe politique malienne, opposition et majorité confondues. D’ailleurs, reconnait-il, Dr Boubou Cissé a été nommé sur sa proposition avec le départ de Soumeylou Boubèye Maiga, lui-même demis à sa demande personnelle également.
« La France doit nous respecter », a lancé Mahmoud Dicko. Cependant, dira la figure de proue de la contestation : « Je n’ai pas la myopie politique pour ignorer les relations historiques et stratégiques entre la France et le Mali »
Sentiment anti-français
L’imam Dicko entend assumer cette position, qui marque un tournant dans la défiance à l’égard du régime en place. Depuis le lancement du mouvement le 5 juin 2020, c’est la première fois que des responsables de l’opposition interpellent directement la France et la rappellent à la neutralité.
Le sentiment anti-français d’avant le Sommet de Pau pourrait rebondir à nouveau, et accentuer la pression sur l’Élysée, pour tourner le dos enfin, à un régime au bout du rouleau et en proie à une grogne récurrente sur fond de mauvaise gouvernance et d’absence de résultats significatifs sur le plan militaire.
« La mobilisation de ce mardi sera historique », a martelé l’Imam Mahmoud Dicko, plus que jamais réconforté dans sa croisade contre le pouvoir. En s’en prenant ouvertement à la communauté internationale, la contestation espère surtout jouer sur l’émotion d’un peuple qui s’accommode mal d’une présence qu’il vit comme une invasion plutôt qu’une coopération.
Les lignes risquent donc de bouger ce mardi. Un test de fidélité pour le régime qui pourrait compter ses dernières défections à l’issue de la mobilisation.
Aly BOCOUM
Source: Bamakonews