Si l’emploi est orienté à la hausse dans les pays de l’OCDE, la plupart des créations d’emplois interviennent encore dans des secteurs caractérisés par une productivité et des salaires relativement faibles, selon un nouveau rapport publié par l’OCDE.
Il ressort de la dernière édition du Compendium of Productivity Indicators que cette situation a accentué les retombées, sur la croissance de la productivité, de l’atonie générale en matière d’investissement des entreprises.
Face aux pressions à la baisse sur les salaires, les entreprises pourraient avoir reporté leurs décisions d’investissement et choisi de répondre à la demande croissante en embauchant du personnel supplémentaire, compromettant ainsi l’impact positif potentiel de l’investissement sur la croissance de la productivité, explique le rapport.
En Allemagne, en France et au Royaume-Uni, les trois secteurs qui ont enregistré les plus fortes progressions de l’emploi entre 2010 et 2017 représentaient un tiers du total des créations d’emplois mais offraient des rémunérations inférieures à la moyenne. Par ailleurs, en Belgique, en Espagne, en Finlande et en Italie, les secteurs d’activité affichant des niveaux de productivité du travail supérieurs à la moyenne ont accusé des pertes nettes d’emplois.
Les données montrent que la progression des salaires (corrigée de l’inflation) s’est accélérée, ces dernières années, même si elle reste en deçà des niveaux observés avant la crise dans deux tiers des pays de l’OCDE, en dépit d’une période de croissance limitée, voire quasi nulle, des salaires et de la contraction antérieure du pouvoir d’achat causée par la crise financière et économique mondiale. En effet, les salaires réels restent inférieurs à leur niveau d’avant la crise en Espagne, en Grèce et en Italie, et ils ont accusé un repli ces dernières années en Belgique et au Canada.
L’augmentation du nombre d’emplois dans des secteurs offrant de faibles rémunérations, comme l’hôtellerie-restauration, la santé ou l’hébergement médico-social, pèse sur les salaires moyens enregistrés à l’échelle de l’économie dans son ensemble.
Le rapport montre également que la part du revenu généré par l’activité économique qui revient à la main-d’œuvre par l’intermédiaire des salaires ne cesse de diminuer depuis 15 ans dans de nombreux pays, surtout dans le secteur manufacturier. En 2017, c’est en Irlande, en Pologne et au Portugal que les contractions les plus importantes ont été enregistrées ; toutefois, la part du revenu allant à la main-d’œuvre a aussi nettement reculé en Australie, aux États-Unis, en Hongrie, en Israël et au Japon.
Au vu de la remontée amorcée par les coûts de main-d’œuvre dans nombre de pays, les entreprises pourraient commencer à revoir leurs décisions d’investissement, ajoutent les auteurs du rapport. Pour autant, le climat politique incertain, les tensions commerciales et l’érosion de la confiance des entreprises et des consommateurs pourraient continuer de freiner l’investissement. Le rapport préconise d’adopter des mesures propres à relancer l’investissement, à tirer profit des gains d’efficience et des économies d’échelle résultant de la transformation numérique, et à soutenir la croissance des activités hautement productives.
Le ralentissement des gains de productivité limite les possibilités d’amélioration du bien-être matériel. Selon l’OCDE, la productivité relève davantage de la capacité à « travailler plus intelligemment » – que l’on mesure au moyen de la productivité multifactorielle – plutôt qu’à « travailler plus ». Elle illustre l’aptitude des entreprises à produire davantage en optimisant l’utilisation de leurs ressources au moyen de nouvelles idées, d’innovations technologiques, d’innovations de procédés et de changements organisationnels.
Pathé TOURE
Lejecom