La mise en œuvre des dispositifs de lutte contre les dérives financières doit être accélérées, ont acté les ministres des finances des 14 pays concernés.
La lutte contre le blanchiment d’argent et le financement des groupes djihadistes qui sévissent dans plusieurs pays de la zone franc ont été deux des points centraux de la réunion des ministres des finances de la zone, jeudi 28 mars, à Niamey.
« Le terrorisme est un frein au développement, nous voulons le combattre tous ensemble avec la plus grande fermeté. Pas de développement économique sans sécurité, la sécurité est une priorité absolue : combattre Boko Haram comme nous avons combattu Daech est pour la France une priorité absolue », a souligné le ministre français de l’économie et des finances Bruno Le Maire.
Plusieurs pays de la zone (Niger, Burkina Faso, Mali, Cameroun, Tchad…) sont victimes d’attaques récurrentes de groupes djihadistes tandis que leurs économies sont plombées depuis 2014 par « la chute » des cours des matières premières, a souligné un expert à l’AFP.
« Des efforts à faire »
« La réunion a fait le point des dispositifs » de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a expliqué Ismaël N’Diaye, conseiller spécial du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). « Sur un certain nombre d’actions qui doivent être mises en œuvre d’ici à 2020, on a à peu près un niveau moyen de mise en œuvre de 20 % après six mois » d’exécution, a-t-il indiqué.
Sur le plan économique pur, M. Le Maire a estimé que « nous avons aujourd’hui dans la zone franc des Etats qui ont renoué avec la croissance, en particulier les Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui ont une croissance de 6 %. Deux Etats parmi eux ont un niveau de développement parmi les plus élevés de la planète, à savoir le Sénégal et la Côte d’Ivoire ».
Il a aussi « salué les succès » des pays de la zone « pour rétablir les finances publiques » et « réduire la dette, ça avance dans la bonne direction », a-t-il dit.
Mamadou Diop, le nouveau ministre nigérien des finances, s’est félicité que « pour toute la zone des progrès [soient] enregistrés en matière de croissance économique, même si, au niveau de la convergence, il y a encore quelques efforts à faire ».
Dans « la zone UEMOA, la croissance a été de 6 % en 2018 et nous attendons une croissance de 7 % en 2019. Dans la zone de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), après deux années de récession où la croissance était négative, on a enregistré une première année de croissance positive de 1,8 % (2018) et, pour 2019, on escompte une croissance encore plus forte », a-t-il dit.
Cible des critiques politiques
Le premier ministre nigérien Brigi Rafini avait à l’ouverture de la séance « encouragé » les pays de la zone à « moderniser leurs finances publiques » pour améliorer les recettes afin de « financer les politiques de développement économique et social tout en sauvegardant leur stabilité ».
Il avait salué « la bonne marche de la coopération monétaire » de la zone « qui demeure un facteur de stabilité et de bonne gestion macroéconomique », alors que le franc CFA est régulièrement la cible de critiques politiques.
La zone franc est un espace économique et monétaire d’Afrique subsaharienne qui comprend 14 pays : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad.
Source: lemonde