Plusieurs dizaines d’avocats zimbabwéens ont protesté vendredi à Harare contre les brutalités policières et la “recrudescence” de la violence des forces de l’ordre depuis l’arrivée au pouvoir du président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé à Robert Mugabe fin 2017.
“Cessez la violence sponsorisée par l’Etat”, “Non à la brutalité policière”, “Pas touche les avocats”, pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les avocats en robe, la tête enveloppée dans des bandages imbibés de faux sang.
“Nous sommes ici, en tant que citoyens et gardiens de la loi, pour marcher contre les brutalités policières”, a expliqué à l’AFP l’une des manifestantes, Sandra Dhizwani.
La semaine dernière, un avocat, Doug Coltart, a été agressé par la police alors qu’il se rendait dans un commissariat pour défendre un client en garde à vue.
“Nous sommes inquiets de la recrudescence des violences” depuis deux ans, a expliqué Roselyn Hanzi de l’association des avocats zimbabwéens des droits de l’homme. “Le 1er août 2018, nous avons vu pour la première fois des militaires ouvrir le feu sur des civils non armés, tuant au moins six personnes”, a-t-elle ajouté.
Dans une pétition déposée au ministère de l’Intérieur, les avocats ont demandé que la police “ne fasse pas d’usage disproportionné de la force, ne recourt pas à la torture, ne fasse pas subir de traitement cruel, inhumain et dégradant (…), ou conduise des arrestations arbitraires”.
La manifestation de vendredi était encadrée par des policiers qui ne portaient pas d’équipements anti-émeute, contrastant avec l’attitude des forces de l’ordre la semaine dernière qui avaient dispersé à Harare, à coups de gaz lacrymogène et de matraques, des centaines de partisans du principal parti d’opposition du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
Fin 2017, Emmerson Mnangagwa a succédé au président Robert Mugabe, qui a régné sans partage pendant trente-sept ans sur un pays financièrement exsangue.
L’opposition et la société civile accusent le nouveau président de réprimer systématiquement leurs manifestations contre la dégradation continue de leurs conditions de vie.
Au moins 17 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre en janvier lors de manifestations contre le doublement des prix à la pompe. Depuis, les ONG ont recensé une cinquantaine de cas d’enlèvements ou de tortures et des centaines d’arrestations d’opposants, de syndicalistes ou de membres de la société civile.