Le Président en exercice de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidatti, a été tué le 13 avril à Bamako par des individus armés non identifiés. Yida Diall, chercheur spécialiste des groupes armés du Centre et du Nord du Mali livre son analyse à Journal du Mali.
Quelle lecture faites-vous de cet assassinat ?
Les personnes qui ont commis cela peuvent être considérées comme contre la paix au Mali. Aujourd’hui, assassiner un haut représentant de la CMA jusque dans la capitale ne peut provenir que de personnes qui veulent saboter l’Accord pour la paix.
Existait-il des éléments pouvant faire craindre une attaque contre la personne de Sidatt ?
On peut imaginer un certain nombre de choses. Ces derniers temps, Sidi était très actif dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Dans ce cadre, il a signé pas mal de textes avec le gouvernement et même récemment avec les autorités de la transition. Il était donc très motivé pour l’avancement de certains points de l’Accord, pour que le Mali retrouve la paix. Mais il y a des mains invisibles qui ne veulent pas que la paix revienne au Mali. C’est la raison pour laquelle certains sont prêts à tout faire pour saboter l’Accord. On ne sait pas encore qui est derrière l’assassinat, mais ces personnes n’aiment pas le Mali.
Cet assassinat peut-il faire naitre un climat de suspicion entre le gouvernement et les mouvements signataires de l’Accord pour la paix ?
Absolument. Assassiner le Président de la CMA jusque dans la capitale, vous voyez la tension que cela peut créer entre Bamako et Kidal. Quand on tue le Président d’un mouvement qui a une force politico-militaire et qui contrôle tout une zone du pays, cela peut aboutir à une situation à laquelle les gens ne s’attendent pas.
Cet assassinat porte-il un coup à la nouvelle dynamique de mise en œuvre de l’Accord pour la paix enclenchée par les autorités de la transition ?
On peut le dire. Quand le gouvernement de la transition a été mis en place, le ministre de la Réconciliation a pu se rendre très tôt en personne, avec une forte délégation, à Kidal, ce qui n’avait pas été possible depuis la tentative ratée de Moussa Mara. Si après cela, on tue le Président de la CMA jusqu’à Bamako, cela peut faire peser un lourd fardeau sur le gouvernement de transition. Les mouvements signataires peuvent le suspecter de négligence pour n’avoir pas pu assurer la sécurité du Président de la CMA dans la capitale.
Propos recueillis par Germain Kenouvi
Source : Journal du Mali