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Vendeurs ambulants : Ils ont leur gagne-pain aux feux et sur les grandes voies

Pour certains, c’est pendant les vacances, mais pour beaucoup d’autres, c’est durant toute l’année. Aux feux tricolores et sur les grandes voies, des jeunes vendeurs ambulants circulent sous le chaud soleil, entre les automobilistes, motocyclistes, piétons, proposant leurs différents articles à la vente. Inconscients du risque qu’ils courent, préférant, plutôt, courir derrière la recette, le revenu du jour.

 

Du boulevard de l’indépendance aux feux tricolores de Dar Salam, devant l’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de la communication (ESCJ), en passant par l’entrée du ministère de l’Education nationale, près de la mairie du district de Bamako, des jeunes gens se promènent, se baladent entre les usagers, jusque tard dans la nuit. Objectif ? Rentrer à la maison avec quelques pièces en poche.

Que pousse ces jeunes gens à s’adonner à cette activité, malgré le soleil brûlant, sous la pluie et le vent ? Qui sont-ils ? Y gagnent-ils quelque chose? Notre arrivée au feu tricolore du Boulevard de l’indépendance coïncide avec le passage au rouge, synonyme d’arrêt de la circulation pour les usagers qui venaient de l’Ecole normale supérieure de Bamako. Tout d’un coup, des jeunes, tenant des articles pour voitures et motos, à la main et autour du cou, affluent et accostent les usagers.

Drissa Keita, 22 ans se rend à l’université, deux ou trois fois par semaine. Pour ne pas rester à ne rien faire à la maison, le jeune homme décide de consacrer le reste de son temps à quelque chose, au lieu de compter sur quelqu’un. « Dépendre de quelqu’un est, de nos jours, aléatoire car, même les frères et sœurs de même sang ne sont plus comme avant. Notre société est devenue du ‘chacun pour soi, Dieu pour tous’ », dit-il.  Drissa propose des tapis et balais d’essuie-glace, qu’il prend chez son grand frère, boutiquier.

Selon lui, ce boulot lui permet de subvenir à ses besoins quotidiens. Le jeune homme espère, aussi, payer ses études supérieures avec ses économies. « Le marché est lent maintenant », dit-il. « Mais quand ça marche, je peux vendre plusieurs tapis par jour. Un tapis est vendu jusqu’à 2500 Fcfa, pour un bénéfice de 500Fcfa », affirme Drissa.

En nous voyant discuter, les autres se sont approchés, pour en savoir davantage. Ainsi, Mamadou Coulibaly s’est mêlé au débat. Il vend des déodorants. Chaque jour, Mamadou doit, d’abord, passer à l’école coranique avant de venir vendre ses déodorants aux feux tricolores  du Monument de l’indépendance. « Les prix des déodorants varient, de 600 à 1300 Fcfa », énumère-t-il. « Tout dépend de la demande », confie l’élève coranique. Sur ces prix, Mohamed gagne entre 300 et 100 Fcfa de bénéfice, selon lui.

Les soixante secondes s’épuisent, le feu tourne au vert. Les clients s’en vont. Les jeunes doivent attendre que le feu revienne au rouge.

Direction, près de la mairie du district de Bamako, devant le ministère de l’Education nationale. Là, est leur véritable marché. Tout au long de la voie, l’on aperçoit des adultes et des jeunes garçons qui se créent des espaces entre les voitures et les motocyclistes, bravant le danger pour exposer leurs divers produits. Et quant on jette un coup d’œil autour, également, les bas-cotés de la voie sont couvert d’articles de tous genres (jeux et jouets pour enfants, tapis de prière, gants pour véhicule etc.). Les voix de ces jeunes vendeurs se suivent, les unes après les autres. Hélant d’éventuels clients Parfois, elles coïncident. Chacun crie, pour son compte, les noms de ses articles et leur prix. Les usagers/clients ont donc le libre choix.

Souhaitant garder l’anonymat, un jeune vendeur de jeux d’enfants accoste un client :«  Il y a de beaux jeux pour enfants ici. Allons ! Ce n’est pas trop cher, mon frère », lance-t-il au motocycliste qui fixe les articles sans dire mot. « Le marché, ça va un peu, mais notre souci majeur reste le manque de place. Car, tout le temps, la mairie nous rappelle que ce lieu n’est pas un espace de vente. Bon ! Comme, on n’a pas de place fixe, nous-nous accrochons ea cet endroit, en attendant », explique le jeune homme.

Nous voyant parler, un vendeur de chapelets et de porte-clés s’invite à la discussion. Il confie qu’il fait ce boulot pour avoir un fonds de commerce fixe.

Un motocycliste, dans la circulation, trouve que « faire quelque chose de digne, vaut mieux que de rester à la maison à ne rien faire ». Notre promenade nous a conduit, également, aux feux tricolores de Dar Salam, devant l’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de la communication (ESCJ). Là, aussi, même constat. Dès que notre véhicule de reportage s’est garée, les jeunes vendeurs ont afflué vers nous, articles à la main et autour du coup.

Quand ils ont su que nous ne sommes pas des acheteurs potentiels, les jeunes se sont tus. Seul Mohamed Tigana a accepté de nous parler. Il vend des chargeurs de téléphone et des clés USB pour véhicule. Mohamed dit exercer ce travail pour aider ses vieux parents. « Et, Alhamdullilah, je m’en sors petit à petit. Quand le marché est rose, je fais des bénéfices de 500 à 1000 Fcfa sur les chargeurs. Pour les clés USB, cela peut aller jusqu’à 2000 Fcfa, souvent », confie-t-il.

Les difficultés de nos interlocuteurs sont, entre autres, le mauvais caractère et l’humeur de certains usagers qui les traitent, souvent, de vagabonds, la morosité du marché et la menace policière.

ABM/MD

(AMAP) 

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