Aucune autre fortification du Mali ou de la sous-région ne présente les mêmes caractéristiques que le Tata de Sikasso, tant dans la structuration que dans l’aspect monumental.
Le Tata de Sikasso ou « Tarakoko », selon une appellation locale, a été édifié sous le règne de Tièba, entre 1877 et 1897. L’ouvrage fut agrandi et renforcé par Babemba.
La forteresse est encore visible dans la ville de Sikasso à travers des pans bien conservés dans les quartiers Mancourani, Médine, Wayerma, Bougoula ville et Fulaso. Des monuments sous forme de portes (au nombre de 7 ont été construites par les autorités en matériaux modernes sur l’emplacement des passages d’antan pour en préserver la mémoire en 1995. C’est en 2001 que l’ouvrage a été inscrit à l’inventaire.
Le Tata représente un véritable chef-d’oeuvre du génie créateur humain. En effet, sa construction sous la forme d’une gigantesque muraille de 9 km épaisse de 6 m à la base et de 2 m au sommet pour une hauteur variant entre 4 et 6m, complétée par deux structures intermédiaires, ainsi que les matériaux de construction (pierres, gravier et banco), témoigne de l’ingéniosité et du génie créateur des populations locales, bien décidées à protéger leur culture et leur souveraineté.
Selon plusieurs sources orales et écrites, la construction des murailles défensives autour des cités du Soudan occidental, aurait un rapport avec la période d’insécurité liée aux guerres d’hégémonie et la recrudescence de la traite négrière qui a suivi la chute de l’Empire songhoy, dernier grand empire médiéval du Mali actuel.
La construction de ces murs d’enceinte a connu un essor au 18è siècle, âge d’or de la traite négrière, et au milieu du 19è siècle caractérisé par les conquêtes menées par des royaumes héritiers des Grands Empires (Fouta, Ouassoulou, etc.).
Ce monument offre un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une période ou des périodes significatives de l’histoire humaine.
Le Tata de Sikasso est un ouvrage conçu et construit pour la protection de la ville. Sa taille, son épaisseur et la qualité des matériaux de construction lui ont conféré un style militaire monumental. L’ouvrage cernait une superficie estimée à 41 ha.
Youssouf DOUMBIA
Source : L’ESSOR