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Une échéance non ajournable

Les législatives d’hier dimanche 29 mars ont eu lieu dans un contexte atypique.

Quatre jours auparavant, le mercredi 25 mars, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a été enlevé par la katiba Ançar dine Macina d’Amadou Koufa. L’Indépendant a été le premier organe de presse à émettre cette hypothèse dans sa livraison n°4935 du 27 mars. Elle a été confortée par l’enregistrement sonore circulant depuis sur les réseaux sociaux. Ses ravisseurs rassurent qu’il ne lui sera pas fait de mal mais que, lorsqu’il sera rendu à la liberté, il portera une barbe longue et fournie comme cela sied à tout bon musulman. Ils précisent toutefois que  » Soumaïla Cissé est un gros poisson. Comme tel, il va coûter cher « .

Une claire allusion à la rançon que les siens ou l’Etat malien vont devoir verser.

Sans compter qu’ils entendent se servir de lui comme  » moyen de pression  » dans les négociations qui pourraient s’ouvrir entre ce même Etat et les jihadistes autour de la détermination du futur profil du Mali : restera-t-il entièrement dans le giron démocratique ou deviendra-t-il une fédération dont une partie choisira de vivre en démocratie (le sud probablement) tandis que les parties septentrionale et centrale seront constituées d’émirats ainsi que le préconise Iyad Ag Ghali, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) auquel la katiba Macina a fait allégeance ?

L’enlèvement sanglant du président de l’URD et de son équipe de campagne (son garde de corps a été tué, deux personnes ont été blessées et sept autres dont lui-même sont gardés en otages) n’est pas un événement isolé. Me Mountaga Tall qui, à l’instar de son camarade du FSD (principal pôle de l’opposition) Choguel K. Maïga, a déployé un trésor d’énergie et de talents pour le report sine die du scrutin, a observé que six autres candidats en campagne ont été agressés et dépouillés de leurs biens en différentes localités du pays par des individus armés qui courent toujours.

Ajoutons-y que dans les régions de Mopti, Gao, Menaka, les attaques terroristes se sont multipliées contre les populations civiles, certaines ont ciblé la Minusma.

Cette situation d’insécurité aggravée a été rendue plus délétère par l’apparition du coronavirus dans nos murs et les mesures préventives pusillanimes annoncées par les autorités qui font redouter à nos concitoyens une catastrophe de grande ampleur.

Mis ensemble, ces facteurs ne devraient pas inciter les Maliens, traditionnellement peu portés sur l’exercice du vote, à se rendre aux urnes. Le taux de participation électorale devrait donc être historiquement bas.

Malgré tout, ce scrutin devait se tenir. Depuis deux ans le Mali est privé d’une Assemblée nationale légalement constituée, les deux prorogations auxquelles il a eu recours ne découlant pas de la loi fondamentale mais d’artifices politico-juridiques. Il urgeait de renouer avec la pratique républicaine consacrée par la Constitution et de rendre au peuple souverain sa pleine capacité à choisir ses représentants qui ne peuvent, en aucune façon, être maintenus contre sa volonté.

Qui plus est l’exécutif a inscrit dans son agenda, après discussions avec les partis politiques et les organisations de la société civile, un projet de révision constitutionnelle visant à favoriser la mise en œuvre de certaines dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation, à approfondir la décentralisation, à performer le système électoral en renforçant l’indépendance du juge électoral qu’est la Cour constitutionnelle, à mettre le Mali en phase avec certains de ses engagements sous régionaux notamment vis-à-vis de l’UEMOA.

L’adoption de ce projet de révision de la Constitution sera probablement la première tâche de l’Assemblée nationale qui sortira de ces consultations.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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