Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Une classe politique vieillissante et irresponsable

Les idéaux pour lesquels le peuple malien s’est battu en 1991 en renversant le régime dictatorial de Moussa Traoré, ont été sacrifiés sur l’autel des intérêts personnels et égoïstes des hommes politiques. Durant des décennies, sous le régime démocratique, les pauvres citoyens ont été spoliés de leurs terres, privés de justice, trompés par des discours électoralistes et ignorés par les pouvoirs en place. Aujourd’hui, le constat est amer : corruption, clientélisme, copinage, partialité, galvaudage, haine, mensonges, banditisme, terrorisme, intégrisme religieux, dépravation des mœurs… accompagnent notre quotidien.

parti classe politique drapeau malien vert jaune rougeLa révolution de mars 1991 avait un sens : restaurer les libertés individuelles, instaurer le multipartisme démocratique, rétablir la justice pour tous. Ce sont ces éléments qui ont poussé le peuple à se soulever contre un régime qu’il jugeait dictatorial, à l’époque. Plus de 20 ans après, où en est on avec ces idéaux ?

Le premier régime démocratique fera deux mandats successifs à la tête du pays. Au bout du compte, les espoirs sont déçus. Si le multipartisme est devenu une réalité au Mali, l’homme de la rue en a eu pour son compte. Il dira que la démocratie est pire que la dictature en ce sens que ses espoirs, ses rêves, ses droits sont volés par ceux qui prétendent les défendre.

Durant une décennie, les hommes politiques ont menti à leurs électeurs. L’espoir a cédé la place au désespoir, au dégoût de la chose politique et de l’homme politique. C’est pourquoi, en 2002, au bout des deux mandats du premier président politique, démocratiquement élu, les citoyens ont voulu manifester leur mécontentement en élisant à la tête du pays, un candidat indépendant et de surcroît militaire. En fait, il s’agit du « héros » de la révolution de mars 1991. Tout un symbole.

La classe politique malienne, une arme de destruction massive ?

Mis au banc des accusés, les hommes politiques ont senti le désamour des électeurs vis-à-vis d’eux. Le retour d’ATT à la tête du pays, et le faible taux de participation aux différentes élections,  en sont des preuves. Mais, ils ne comptent pas se laisser faire. Eux qui sont déjà trop habitués aux délices du pouvoir, vont obliger le président ATT à créer le « consensus politique » pour la « stabilité politique » du pays. En réalité, il s’agit pour ces hommes politiques, de ne pas se tenir loin de la grosse « marmite ».

Si ATT a été réélu deux fois de suite, les hommes politiques diront que c’est grâce à eux. Mais combien d’entre eux ont une base électorale ? Combien d’entre eux bénéficient encore de la confiance de leurs électeurs ?

La fin du régime d’ATT en dit long sur le degré de confiance entre le politique et le social. Le « héros » du 26 mars n’a jamais pu concrétiser les rêves de ceux qui avaient décidé de le replacer à la tête du pays pour corriger les errances/lacunes des hommes politiques qui les dirigeaient. En a-t-il été empêché ? Par qui et par quoi ?

Les principes démocratiques, universellement reconnus, ne doivent pas nous empêcher de rester coller à la réalité. Le coup d’Etat contre le régime d’ATT, a eu un soutien populaire énorme. Pourquoi ? Il revient encore aux hommes politiques de chercher à comprendre le pourquoi pour éviter certaines erreurs du passé. En ont-ils tiré toutes les leçons ? Ce n’est pas évident.

Le premier gouvernement formé par Cheick Modibo Diarra durant la transition qui a suivi le coup d’Etat contre le régime d’ATT, était essentiellement composé de technocrates et non d’hommes politiques, en tout cas pas la « vieille classe politique » connue. Si cette vieille classe politique a pu contraindre les « putschistes » à reculer, elle a été également à la base de l’échec du gouvernement Cheick Modibo Diarra. En obligeant celui-ci à composer un « gouvernement de large consensus » politique – comme sous ATT – les hommes politiques précipitaient la fin de la transition sous « CMD ». La suite, est connue.

Les pères de l’Indépendance se sentiraient trahis par cette espèce d’hommes politiques plus soucieux de leur propre devenir que celui de la nation. Le « consensus politique » ou « gouvernement de large consensus » qu’ils ont toujours défendu corps et âme selon les circonstances, est en fait une sorte d’orgie où tous se servent et sont servis. L’Etat est pillé de ses ressources au mépris des règles de bonne conduite. Les rapports de contrôle sur l’état des finances publiques, se suivent et se ressemblent tous. L’impunité est la règle. IBK a été placé à la tête du pays, pas parce qu’il est si différent des autres, mais parce qu’il pourrait défendre le mieux, selon certains, les valeurs d’un Malien de type nouveau imbibé de dignité, d’honneur, de patriotisme.

Mais, l’homme semble désespérément seul dans son combat pour la restauration de cet « honneur » et de cette « dignité ». Lui-même issu de cette vieille classe politique, IBK se place, tout de même, au dessus de la mêlée. L’homme prône rigueur et sens de la responsabilité. Mais, a-t-il les moyens de sa politique ? A-t-il les hommes et femmes pour aider à relever le défi ? Peut-il combattre les vices de la vieille classe politique dont il est issu ? Quel héritage laissera-t-il au bout de sa mission ?

Il est important pour les hommes politiques de se ressaisir et mettre l’intérêt supérieur de la nation au devant de leurs activités. Il est aussi important pour eux de tirer les leçons de ce qui se passe actuellement (crise du nord et qui s’est généralisée) et dans lequel ils ont une grande responsabilité. Les partis politiques existent parce qu’il y a un Etat. Sans Etat, pas de partis politiques. Et un Etat sans des partis politiques responsables, est un Etat faible, fébrile, à la merci des ses ennemis.

Tiémoko Traoré

Source: Le Pouce

 

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance