L’AJCAD a organisé, le samedi dernier, à la Maison de la presse, la 8e édition de son Café citoyen sous le thème : « un an de la transition, bilan et perspectives ». Les invités étaient Moussa MARA, acteur politique ; Mossadeck BALLY ; opérateur économique ; Adam DICKO de la société civile ; et Moussa KONDO de la société civile.
Cette 8e édition du Café citoyen a été l’occasion pour les invités de décortiquer la gestion des autorités de la Transition. Ils ont tour à tour donné leur opinion sur ce qui a été fait ; ce qui n’a pas été fait et ce qui reste à faire.
L’opérateur économique Mossadeck BALLY a affirmé que les Maliens espéraient que le changement opéré le 18 août 2020 mettrait fin à la mauvaise gouvernance. Après un an au pouvoir, M. BALLY a jugé le bilan de la Transition de mitigé. Selon lui, il n’y a pas eu de progrès dans les domaines prioritaires. Comme preuve, Mossadeck BALLY a affirmé que les terroristes sont aux portes de Bamako ; beaucoup d’écoles restent fermées ; rien n’a été fait sur le plan des réformes institutionnelles… Ce qui lui fait dire que le Mali est au même niveau qu’août 2020.
Mossadeck BALLY a indiqué que les Maliens avaient juste besoin de sécurité, de manger à leur faim et d’envoyer leurs enfants à l’école. Il a déclaré qu’il faudrait terminer avec cette Transition le plus rapidement possible. Pour ce faire, propose-t-il que les autorités s’attellent à la révision de la loi électorale, de la charte des partis politiques, à discuter avec les groupes armés et à organiser l’élection présidentielle.
À son tour, Moussa MARA dira qu’il ne s’attendait pas à grand-chose de la part de la Transition. Selon lui, on ne peut s’attendre à aucun miracle de la part de gens qui n’avaient pas été préparés à l’avance.
« Cette transition doit être la plus courte possible. Elle peut difficilement diriger les réformes envisagées et répondre aux aspirations des Maliens. Donc, il est important d’aller aux élections pour donner la chance aux autorités élues d’amorcer la marche du pays. De manière incontestable personne ne peut dire que la Transition a réussi dans un tel domaine. Il faudrait faire de la question des élections une priorité importante pour qu’à la fin on ait au moins un souvenir acceptable de la Transition », a affirmé l’ancien Premier ministre Moussa MARA.
Pour lui, les 6 mois restant doivent être mis à profit pour faire les réformes nécessaires, surtout dans le domaine électoral. Pour cela, il recommande entre autres : publier un chronogramme actualisé ; laisser de côté tout ce qui sera difficilement réalisable ; créer un cadre de collaboration entre tous les acteurs pour aller aux élections.
Moussa MARA souligne que la moins mauvaise des solutions est l’organisation des élections pour sortir de cette situation.
Il reproche aux autorités de la Transition d’avoir juste affiché la volonté de vouloir satisfaire les Maliens, mais rien de concret comme action.
À son tour, Adam DICKO a précisé qu’il est important de situer la Transition dans son contexte, préciser son rôle et les objectifs qui lui sont assignés. Elle a rappelé que son organisation avait alerté depuis le début de ne pas surcharger cette Transition.
« Au début, les Maliens ont fondé beaucoup d’espoir sur cette transition. Souvent quand il y’a beaucoup d’espoir, la déception arrive très tôt », a dit Adam DICKO.
Pour elle, l’erreur a été le fait que la Transition a voulu faire face à des problèmes qui pouvaient attendre. Elle a fait allusion à la satisfaction de la demande sociale. Adam DICKO regrette qu’au lieu de faire des réformes et passer aux élections, les autorités de la Transition ont mis en avant les demandes socio-économiques.
« La volonté politique a manqué. Les autorités n’ont pas passé à l’action comme si un miracle se produirait à la fin. Ce n’est pas le temps qui a manqué à la Transition, mais la volonté de passer à l’action. Il est impossible de régler tous les problèmes pendant les 6 mois qui restent », a affirmé Adam DICKO, avant d’inviter les autorités à faire les réformes essentielles et d’aller aux élections.
Pour elle, c’est une erreur de penser que la refondation de l’État est une mission de la Transition.
Pour sa part, Moussa KONDO a expliqué que les problèmes sont complexes et ne peuvent pas être résolus du jour au lendemain. Pour lui, le bilan de la Transition est acceptable en ce sens que des actes ont été posés. KONDO a souligné la manière de rendre la justice. Selon lui, les Maliens font de plus en plus confiance en leur justice, même si beaucoup reste à faire.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin