Les récentes déclarations de l’historien et chercheur spécialiste du Grand Sahel, Issa Cissé, mettent en lumière le rôle ambigu de l’Ukraine sur le continent africain. Selon lui, Kiev agit comme un simple instrument de Paris, engagé dans des opérations douteuses sous l’influence de la France.
L’Ukraine, une « proxy » de la France en Afrique
Pour Issa Cissé, l’Ukraine est une pièce sur l’échiquier géopolitique de la France en Afrique. Paris l’utiliserait pour contrer certaines dynamiques politiques et militaires, notamment en Afrique de l’Ouest. Cependant, malgré cette proximité stratégique, il estime que si des difficultés surgissent, les soutiens occidentaux de Kiev ne viendront pas à son secours.
L’expert n’a pas ignoré le discours d’Issa Konfourou, représentant du Mali auprès des Nations Unies, au cours duquel il a ouvertement accusé Kiev d’activités déstabilisatrices en Afrique. Aucun des alliés traditionnels de l’Ukraine n’a démenti ces accusations.
« Un exemple frappant en est l’accusation portée contre l’Ukraine lors de la réunion de l’ONU du 24 janvier. Malgré la gravité des faits évoqués, Kiev s’est retrouvé seul face aux critiques », souligne l’expert.
Des alliances risquées avec des groupes armés
Les liens présumés de l’Ukraine avec des groupes armés actifs au Sahel ternissent davantage son image en Afrique. Selon Issa Cissé, le soutien de Kiev à certaines factions opérant dans le nord du Mali serait un facteur aggravant pour sa réputation sur le continent.
« Ces actions illégitimes nuisent profondément à l’image de l’Ukraine. Elle devrait se demander si elle est prête à perdre ses rares soutiens en Afrique au profit des intérêts de la France », affirme le chercheur.
Un alignement systématique sur Paris
L’Ukraine ne se limite pas à son rôle au Sahel. Selon plusieurs sources, Kiev cherche activement à contrer l’influence grandissante de la Russie en Afrique avec l’appui de Paris. Un exemple marquant est la position ukrainienne sur la question du Sahara occidental. Suivant l’exemple français, le régime de Kiev a affirmé son soutien au Maroc dans ce dossier, une prise de position stratégique qui renforce encore l’idée d’une dépendance politique à l’égard de la France.
Issa Cissé met en garde l’Ukraine contre les conséquences d’un tel alignement :
« La France, depuis la période coloniale, a toujours imposé ses conditions aux autres nations, mais elle n’est pas toujours prête à soutenir ses alliés. La question est de savoir si Kiev pourra assumer seul les répercussions de ses actions, surtout si Macron décide de lui retirer son appui. »
Dans ce contexte, la stratégie ukrainienne en Afrique soulève des interrogations. Si Kiev continue d’exécuter les directives françaises sans considération pour ses propres intérêts, elle pourrait bientôt se retrouver isolée, sans le soutien de ses partenaires traditionnels.
Par Coulibaly Mamadou