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Turquie : une vague de sécheresse en plein hiver inquiète les autorités

soleil couchant Istanbul turquie

Les autorités tirent la sonnette d’alarme. La Turquie est confrontée à une vague de sécheresse plutôt inhabituelle en plein hiver. Un manque d’eau qui se fait d’ailleurs également sentir dans d’autres pays du pourtour méditerranéen. Dans plusieurs grandes villes, comme Istanbul, la situation devient critique : les robinets délivrent encore le précieux liquide, mais peut-être plus pour longtemps.

Grand soleil et températures avoisinant les 15° : voici le problème des autorités turques depuis plusieurs semaines. Les présentateurs de télévision appellent les bulletins météo en demandant non pas quel temps va-t-il faire mais « quand va-t-il donc pleuvoir ? » Car les dix barrages d’Istanbul étaient à peine à 33 % de leur niveau normal il y a quatre jours. C’est la moitié de l’an dernier et c’est le niveau le plus bas depuis vingt ans. Selon l’Union des Chambres agricoles, il est tombé cette année dans la période octobre-novembre-décembre 42 % de précipitations en moins qu’au cours de la même période de l’année précédente (2012).

Cela fait plus de quarante jours qu’il n’a pas plu ici, et il n’y a pas de pluie prévue pour la semaine à venir. Ankara est à peu près dans la même situation, de même que la côte méditerranéenne. Çà et là, des rivières, des sources se retrouvent entièrement asséchées, les paysans font des prières invoquant la pluie, et les autorités locales comme le maire d’Istanbul, Kadir Topbas, commencent à implorer les usagers de réduire leur consommation au minimum. Ce n’est pas encore l’urgence, mais l’alerte est lancée.

Un problème historique

Ce n’est pas la première fois qu’Istanbul manque d’eau ces dernières années, mais étonnamment, rien n’est prévu, ou presque, pour faire face à la situation si le manque de précipitations devait se prolonger. Les autorités multiplient les propos rassurants. Ils commencent à évoquer le recours à l’eau des stations d’épuration et à l’eau de mer pour remplir les barrages, mais ils sont clairement démunis.

Il est vrai que toute la longue histoire d’Istanbul est empreinte de ce manque d’eau. Les vestiges historiques visités par des millions de touristes racontent cette lutte contre la sécheresse, avec ses vestiges de citernes, d’aqueducs, un peu partout dans la ville.

Aujourd’hui encore, les mêmes solutions sont employées : de longues conduites amènent de l’eau des rivières à plus d’une centaine de kilomètres de la ville, et on construit de nouveaux réservoirs. Le ministre des Forêts et de l’Eau, Veysel Eroglu, vient d’annoncer la mise en service de deux nouveaux barrages dans les deux ou trois ans. Mais les écologistes dénoncent ces solutions tardives, qui assèchent les régions voisines, et ne représentent pas des alternatives durables.

L’agriculture et l’industrie lourde pointés du doigt

L’agriculture consomme aujourd’hui 70 % de l’eau disponible dans le pays. Comme dans chaque situation similaire de déficit hydrique, on se rappelle alors, mais trop tard, que l’irrigation des cultures ne se fait toujours quasiment pas par goute à goutte, une technique bien plus économe que la méthode par inondation. Cette dernière est la plus utilisée encore aujourd’hui, avant même la méthode par aspersion.

Il manque des mesures incitatives pour pousser les paysans à s’équiper en systèmes plus économes, expliquent les spécialistes. L’industrie lourde pompe aussi parfois beaucoup sur les réserves sans traiter ses eaux usées, comme cette grande usine à l’est d’Istanbul qui est accusé d’avoir quasiment vidé le lac de Sapanca et qui est aujourd’hui poursuivie en justice. Bref, la situation est préoccupante, et l’année, qui, selon les météorologues sera sèche, s’annonce difficile…

rfi

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