La police turque a perquisitionné mardi des bureaux de l’organisation humanitaire islamique turque IHH lors d’une opération que l’ONG a dénoncée comme une “campagne de diffamation” liée au scandale de corruption qui éclabousse le gouvernement.
La police turque a perquisitionné mardi des bureaux de l’organisation humanitaire islamique turque IHH lors d’une opération que l’ONG a dénoncée comme une “campagne de diffamation” liée au scandale de corruption qui éclabousse le gouvernement.
Réputée proche du régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, cette Fondation pour l’aide humanitaire (IHH) a été accusée au début du mois de livrer des armes aux rebelles islamistes syriens, ce qu’elle a catégoriquement démenti.
La police n’a donné aucune précision sur l’opération menée mardi à l’aube dans les bureaux de l’ONG à Kilis, une ville de l’extrême sud de la Turquie proche de la frontière syrienne.
“Des informations circulent selon lesquelles cette opération vise un salarié de IHH qui serait lié à al-Qaïda mais nous ne comprenons pas pourquoi la police perquisitionne le bureau de IHH plutôt que le domicile de cet employé”, a affirmé à l’AFP un porte-parole de l’ONG, Serkan Nergis.
Le 1er janvier, les gendarmes turcs ont intercepté à proximité de la frontière syrienne, dans la région de Kilis, un camion dans lequel ils ont découvert des armes. Le chauffeur du véhicule a alors affirmé aux policiers qu’il transportait de l’aide humanitaire à destination de la Syrie pour le compte d’IHH, selon la presse turque.
Un porte-parole d’IHH avait alors catégoriquement démenti ces accusations, les qualifiant de “calomnieuses”.
Lors d’une conférence de presse, le secrétaire général de l’association Yasar Kutluay a estimé que l’opération de la police faisait partie d’une “campagne de diffamation orchestrée par certains personnes en Turquie et à l’étranger”.
“Je ne crois pas que nos employés aient le moindre lien avec al-Qaïda”, a insisté M. Kutluay, qui a directement relié l’opération de la police à l’actuel scandale de corruption qui menace le gouvernement islamo-conservateur.
“Nous faisons un lien entre cette opération et le scandale de corruption. Ce n’est pas seulement à propos d’IHH. Ils veulent faire passer la Turquie pour un pays qui soutient le terrorisme”, a dénoncé le secrétaire général d’IHH.
La Turquie est secouée depuis un mois par un scandale politico-financier qui met en cause des dizaines de patrons, hommes d’affaires et élus proche du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et a provoqué la démission de trois ministres.
Depuis le 17 décembre, M. Erdogan accuse la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, très influente dans la police et la justice, de manipuler l’enquête anticorruption en cours pour provoquer sa chute à quelques mois des élections municipales de mars et présidentielle d’août 2014.
L’interception du camion d’armes avait suscité une forte tension entre le procureur qui a supervisé l’opération de la gendarmerie et le gouverneur local, qui a interdit la perquisition en bonne et due forme du véhicule, ont rapporté plusieurs médias turcs.
Le lendemain, le ministre de l’Intérieur Efkan Ala avait démenti qu’il contenait des armes, assurant qu’il était “chargé d’aide pour la communauté turkmène de Syrie”.
Malgré les allégations de la presse turque et internationale, la Turquie, qui soutient l’opposition au président syrien Bachar al-Assad, a toujours catégoriquement démenti livrer des armes aux rebelles hostiles au régime de Damas.
Réputée très proche des autorités turques, l’ONG IHH s’est rendu célèbre en affrétant en 2010 une flottille humanitaire destinée à briser le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza. L’opération menée par l’armée israélienne pour bloquer cette flottille s’était soldée par la mort de neuf citoyens turcs et avait provoqué de fortes tensions entre Ankara et Israël.
© 2014 AFP