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Trimballée entre cours et tribunaux par la Bank of Africa : Mme Simpara Saran Traoré victime d’un «réseau mafieux» et d’une justice à double vitesse

Peu de personnes le savent, mais la tricherie éclate au grand jour de plus en plus : au sein de certaines banques de la place existent de véritables réseaux mafieux spécialisés dans le vol camouflé de l’argent des clients par le truchement de la création de sous-comptes ou tout simplement le grignotement dans les comptes des particuliers ou sociétés. Dès que la supercherie est découverte, la banque noie le scandale par un feuilleton judiciaire dénoué, coûte que coûte, en sa faveur à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes tendues à certains magistrats. Aujourd’hui, Mme Simpara Saran Traoré, communément appelée Saran Gossi Saran, est victime de ce tourbillon juridico-mafieux de la part de la Bank of Africa. L’opératrice économique se trouve prise entre le marteau d’un cercle d’arnaqueurs au sein de la Banque et l’enclume d’une justice à double vitesse. Le phénomène doit être su et combattu afin que Saran Gossi Saran et plusieurs autres victimes soient libérées de ce nouveau phénomène qui gangrène le système bancaire et judiciaire de notre pays.

L’affaire défraie la chronique depuis des années, mais le différend qui oppose la Bank of Africa (Boa-Mali) à Saran Traoré est encore loin de connaître son épilogue tant l’opératrice économique est victime d’un puissant réseau mafieux comme il en existe dans beaucoup d’autres banques au Mali qu’elles soient nationales, sous-régionales ou internationales.

Non seulement la banque est soupçonnée de puiser à souhait dans les comptes de Saran, mais elle lui réclame une dette visiblement imaginaire et qu’elle ne reconnait pas. Le comble, c’est que dans le feuilleton judiciaire qui oppose les deux parties, la cliente a quasiment gagné à tous les niveaux, mais le dossier est indéfiniment ramené à la case départ par la justice.

Mme Simpara ne sait plus aujourd’hui à quel saint se vouer, ayant été encore appelée à se présenter devant le juge le 26 février prochain bien que l’affaire ait été portée auprès de la Cour commune de justice et d’arbitrage (Ccja).

Quel est le fond de l’affaire : la Bank of Africa-SA (Boa-Mali-sa) contre Mme Simpara Saran Traoré (vente par expropriation forcée) ? Où en est-on avec le feuilleton ? Comment les banques procèdent-elles pour soustraire l’argent aux clients ? Qui sont les auteurs ou les commanditaires ?

Selon nos recoupements, Mme Simpara Saran Traoré aurait contracté un prêt de 2 milliards de Fcfa à la Bank of Africa (Boa-Mali) courant 2015 contre des biens immobiliers à titre de garantie. Saran a commencé à rembourser la Banque à la satisfaction générale des deux parties jusqu’au jour où elle a constaté des anomalies dans les mouvements de ses comptes.

En effet, en plus des 3 comptes qu’elle a créés (au nom de Simpara Transit, Mme Simpara et Saran Traoré et Commerce), elle a découvert 9 autres comptes appelés comptes reflets en son nom avec des numéros différents.

Elle venait de prendre la Banque “la main dans le sac” comme un vulgaire voleur pris au grand jour. Ce fut le top départ des ennuis de Saran.

Et pour cause ! La Banque lui réclame la somme de 604 017 478 Fcfa (donc elle n’aurait remboursé que 1,4 milliard de Fcfa) là où elle ne reconnaissait, en son temps, que 200 millions de Fcfa comme créances. La Boa-Mali défère l’affaire devant la justice aux fins de vente aux enchères des biens immobiliers mis sous garantie par Saran Gossi Saran.

Plusieurs tentatives sont restées vaines pour trouver une solution au niveau du Tribunal de commerce du district de Bamako, à travers une médiation que la Banque a refusée.  Finalement, l’affaire est jugée au Tribunal de la Commune II de Bamako. La décision est rendue le 8 mai 2019. Saran gagne la partie, mettant fin à la procédure de vente aux enchères de ses biens immobiliers.

Mais la Boa-Mali ne démord pas et prend sa revanche en appel avec les pratiques que l’on sait. En effet, le mercredi 25 septembre 2019, la Cour d’appel de Bamako annule la décision du 8 mai et ordonne la poursuite de la vente des biens immobiliers de “Saran Gossi Saran”.

Pour parer à cette grosse arnaque, celle-ci fait un pourvoi en cassation auprès de la Cour commune de justice et d’arbitrage (Ccja), l’institution-clé de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada). Heureusement, par décision du 8 janvier 2020, le Tribunal de la Commune II ordonne d’office le sursis à statuer à la vente jusqu’à décision de la Ccja sur la liquidité de la créance.

Cependant, Mme Simpara n’est pas au bout de ses peines. Le 31 janvier dernier, on lui fait connaître qu’une demande en justice est formulée contre elle devant le Tribunal de commerce de Bamako aux fins de constat de péremption par la Bank of Africa-Mali (Boa-Mali). Pour cela, elle doit se présenter ou se faire représenter à l’audience ordinaire qui se tiendra le 26 février 2020 à 11 h et jours suivants, s’il y a lieu. Quelle justice !

Le pire, c’est que, pas plus tard que le 30 janvier, Mme Simpara Saran Traoré a payé à un expert la somme de 5 millions de Fcfa à titre d’acompte provisionnel. Ce montant, Saran doit le verser chaque mois pendant trois mois à l’expert commis pour l’expertise de ses biens, alors que cette dépense doit être intégralement (et non à moitié) supportée par la Banque. Le hic, c’est que cet expert n’a pas encore statué. Tout ça pour mieux dépouiller et arnaquer la dame.

En tout cas, ce feuilleton opposant la Boa-Mali-sa à Mme Simpara Saran Traoré semble avoir de beaux jours devant lui parce qu’il nous revient que son épilogue n’arrange pas les maillons de la chaîne de complicité. En effet, d’une manière générale et dans la pratique, cette chaîne regrouperait les agents et cadres des banques qui font les ponctions dans les comptes des clients en créant des sous-comptes, les plus hauts responsables des banques, les services juridiques des banques, les avocats, huissiers et magistrats dans un système où tout le monde a à manger. Saran est victime est d’un tel système.

                    La Rédaction

Source: Journal Aujourd’hui Mali

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