Une année après l’adoption, au cours de la session du Conseil des ministres du 31 juillet 2024, les textes de création de la nouvelle compagnie publique aérienne « MALI AIRLINES SA », le gouvernement a nommé un directeur général.
Le Mali est un vaste pays enclavé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il partage 7420 km avec ses sept voisins. Plusieurs localités sont distantes les unes des autres. C’est principalement la route qui sert de liaison entre elles. Ce qui rend difficile la mobilité des populations. La recherche d’un moyen beaucoup plus rapide s’avère donc nécessaire. C’est pourquoi, certainement, les autorités de la transition ont décidé de voir du côté des airs. C’est ainsi que le mercredi 31 juillet 2024, lors du conseil des ministres, elles ont approuvé, sur proposition du ministre des Transports et des Infrastructures, la création et les statuts d’une société d’État de transport aérien dénommée «MALI AIRLINES-SA». Les textes adoptés établissent la création de la compagnie aérienne « MALI AIRLINES-SA » et en approuvent les statuts. D’après le communiqué du conseil des ministres, cette initiative, qui s’inscrit dans les recommandations de la réunion annuelle des services de transports de 2023, vise à améliorer la mobilité des populations entre les capitales régionales. Cette nouvelle compagnie viendra combler un vide laissé par la toute première compagnie publique du pays « AIR-MALI », l’éphémère Compagnie aérienne du Mali (CAM), et AIR-MALI -SN (AIR-MALI -Société Nouvelle).
AIR MALI, une fierté nationale
Aux premières heures de l’indépendance du Mali et sous le leadership de Modibo Keïta, une compagnie publique avait été créée sous la dénomination « AIR-MALI ». Et ce, avec l’appui de la coopération d’avec l’URSS (Union des Républiques Socialistes et Soviétiques) à travers la compagnie publique de ce pays « AEROFLOT ». Les accords signés le 20 mars 1961 avec la partie soviétique ont permis de doter le Mali d’une flotte aérienne d’une vingtaine d’aéronefs. En application de ces accords, plusieurs maliens ont été formés dans le pays de Lénine pour être des pilotes, des ingénieurs, des techniciens, des hôtesses, des stewards, des aiguilleurs, etc. Pour la petite histoire, lors du premier sommet des chefs d’État africains portant création de l’organisation de l’unité africaine (OUA) tenu le 25 mai 1963 à Addis-Abeba ( Ethiopie), le président malien était le seul à se rendre au sommet dans un avion malien. Il aurait même embarqué avec lui, à l’aller comme au retour, le chef d’État de la Mauritanie, Moctar Ould Dada. Quelle fierté pour un pays qui vient d’être indépendant. AIR-MALI a été très déterminante dans le transport des fonctionnaires qui devraient joindre leurs postes à travers le pays. La compagnie a, aussi, permis à beaucoup d’étudiants de rejoindre leur bercail pour passer les vacances scolaires et de retourner dans la capitale à la reprise de l’année scolaire. La mobilité des populations entre les différentes régions, surtout celles du nord du pays, a été beaucoup facilitée par la société d’État. Malheureusement, en 1985, AIR-MALI a mis les clés sous le paillasson par la faute de ceux à qui sa gestion a été confiée. Depuis, plusieurs tentatives de ressusciter la société ont été menées, mais sans résultats. Parmi ces tentatives, on peut évoquer le cas de AIR-MALI -SN (AIR-MALI -Société Nouvelle) qui a été créée en 2005. Après 7 ans d’activités, cette compagnie s’est écroulée.
AIR-MALI -SN, incapable de remplacer AIR-MALI
Depuis la dissolution de la première compagnie « AIR-MALI » en 1985, les maliens ont attendu 20 ans pour voir une nouvelle compagnie, mais qui n’a pas été à la hauteur des attentes. La direction générale de la compagnie avait fait un mauvais choix des équipements navigants. D’après des spécialistes, elle louait des avions qui avaient une consommation deux fois plus grande que les avions comme « tel B737-700-800 A310/321 ». Durant sept ans, si AIR-MALI SN faisait une politique de vente-location (transfert de la propriété) au lieu de location simple ou location opérationnelle dont la durée d’utilisation de l’équipement (sans transfert de propriété), le Mali allait obtenir au moins un avion. En sus, la compagnie avait une politique de gaspillage à tous les niveaux : 5 directeurs techniques et 5 directeurs administratifs en 3 ans d’exploitation. Il y avait eu aussi une surfacturation des pièces de rechange. Il n’y avait pas de véritable politique de bonne gestion des ressources humaines, ni de suivi et de contrôle des agences hors du Mali (Conakry, Dakar, Abidjan, Libreville, Lomé, Cotonou). Durant 3 ans (2009, 2010, 2011), la compagnie a perdu plus de 30 milliards FCFA. Bref, la liste des fautes de gestion n’est pas exhaustive. Ainsi, profitant du coup d’État militaire de mars 2012, la compagnie a décidé de mettre fin à ses activités. Vingt-deux ans (22) ans après, les autorités ont décidé de la création de « MALI AIRLINES-SA ».
Avec la création de « MALI AIRLINES-SA », le Mali amorcera un nouveau pan de la souveraineté tant revendiquée par les autorités de la transition. En tout cas, avec la nomination d’un directeur général, on ose espérer que cette fois-ci le Mali s’est réellement doté d’une compagnie publique aérienne fonctionnelle.
Mariam Konaré