“Justice en Afrique, le grand corps malade, cas du Mali”, est le titre du nouveau livre de l’ancien ministre de la Justice, Me Mamadou Ismaël Konaté. Ce livre de 164 pages évoque les maux qui minent ce métier et donne aussi les pistes de solution pour une justice irrévocable. La cérémonie du lancement officiel a eu lieu samedi dernier au Parc national.
Dans cet ouvrage de 164 pages, l’auteur ne va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer les véritables maux qui minent ce secteur. Le ton grave, la mine serrée, l’ancien garde des Sceaux a lancé un message pressant aux juges. “Soyez justes mesdames et messieurs les juges. Le jour où vous êtes juges dans ce pays, on fera attention à ce que l’on dit à Koulouba. Mesdames messieurs les juges, tant que vous n’êtes pas juges, l’argent public souffrira. Tant que vous n’êtes pas juges, le faible supportera la violence du fort”, a-t-il-lancé.
Selon Me Mamadou Ismaël Konaté, lorsque vous êtes tout seul à réfléchir la justice, à imaginer la justice avec des gens qui ne pensent pas à la justice comme-vous, quels que soient votre courage et votre talent, cette justice est difficile.
“Il faut que les acteurs de la justice soient conscients qu’ils sont là en situation de fonction pour les autres. Ils doivent faire en sorte que la régulation sociale, contre les déviances, contre les violations soient des choses qui s’arrêtent dans notre pays. Voilà la motivation essentielle qui m’a amené à écrire”, a-t-il-fait savoir.
Après 16 mois passés à la tête de ce département, l’ancien Garde des Sceaux a fait un regard rétrospectif sur sa gestion. Il expliquera par ailleurs le désintérêt du politique pour la justice. “Au bout de 16 mois, lorsque j’ai été confronté aux difficultés qui ont été les miennes, qui sont des difficultés tout à fait inhérentes à la fonction de ministre, je me suis simplement rappelé que pour être ministre, il faut servir à quelque chose. Et pour servir à quelque chose, il faut impacter l’intérêt général. Lorsque j’ai hurlé pour qu’on puisse me montrer mon budget, on m’a mis un petit bout de budget en me promettant de le remonter encore. Quand je suis parti du ministère de la Justice, le budget était à 0,54 %, il a encore chuté. Ceci n’est pas la première dignité d’un Etat de droit”, a-t-il-regretté.
Pour Me Mamadou Ismaël Konaté, la justice malienne se porte mal. “L’Etat de la justice est mauvais, des bâtiments s’écroulent et les matériels sont presque inexistants. Des hommes sont totalement découragés, le justiciable lui-même est demandeur d’une justice de qualité. Les pouvoirs publics doivent prendre conscience, faire en sorte que les engagements politiques se transforment en une forte présence d’une justice au profit des justiciables”, a-t-il ajouté.
Séduite par cet ouvrage de l’ancien ministre de la justice, la juge Waïgalo Malado Bocoum a affirmé que la réforme de la justice en Afrique est devenue une urgence. Aussi, elle a souhaité l’augmentation du budget alloué à ce département. “Au Mali, une refonte profonde du budget de fonctionnement de la justice permettra d’assurer plus encore son indépendance”, a-t-elle assuré.
Zié Mamadou Koné
L’Indicateur du Renouveau