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Transition : l’inassouvie ambition du M5-RFP !

Il y a, depuis quelques semaines maintenant, comme un parfum de division, de diversion et même de dispersion au sein du mouvement qui croit être à la base du départ d’IBK, le M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques). Que se passe-t-il chez «les amis de l’Imam Dicko » et que reste-t-il de ce regroupement ?

Quand certains Maliens interrogeaient les leaders du M5-RFP, sur «l’avenir du Mali après IBK», ces derniers ironisaient, les regardaient de haut, banalisaient la question, s’ils ne la trouvaient pas idiote. À présent, on a comme l’impression qu’ils comprennent un peu plus ces questionnements et ces inquiétudes qui s’adressaient, d’ailleurs, beaucoup plus à eux et leur avenir qu’au Mali en tant que tel.

Ce que nos confrères et autres compatriotes voulaient savoir à l’époque, ce dont ils se préoccupaient, c’était surtout l’organisation après IBK et la place qui sera celle du M5-RFP. Malheureusement, le message a été très mal perçu et chez les Choguel Kokalla Maïga, Cheick Oumar Sissoko, Me Mountaga Tall et autres, on croyait que le pouvoir allait leur tomber entre les mains comme un fruit mûr ? et qu’ils en auraient usé et abusé à satiété. Ils s’étaient lourdement trompés et l’apprennent, à présent, à leurs dépens.

La preuve, eux qui croyaient que tout était acquis, à telle enseigne qu’ils commençaient à se comporter en majorité, se voient réduits (quasiment) en simples spectateurs. La transition qu’ils (M5-RFP) étaient censés diriger (c’est ce qu’ils planifiaient et dont ils avaient la certitude) se dessine sans eux. Que s’est-il passé ? Qu’ils le veuillent ou pas, qu’ils l’acceptent ou non, au sein du M5-RFP, on a commis quelques erreurs qui ne pardonnent  pas.

D’abord, lors de leurs différentes manifestations. Ils ont toujours remis à plus tard et ont refusé de forcer les choses. Ils n’ont jamais dit (même s’ils l’ont fait, c’était trop tard) qu’il fallait, définitivement, en découdre avec le régime «en sortant pour ne plus jamais rentrer avant d’avoir gain de cause». Le M5-RFP a été, on a pu le constater, pendant longtemps, pacifique, croyant, peut-être, que la pression populaire allait avoir raison d’IBK, comme cela a été le cas dans certains pays.

Cette attitude pacifiste que l’on peut, ici, saluer et mettre au compte de la maturité est due, pour certains, au rapprochement du M5 avec l’Imam Dicko qui était le véritable patron de tout ça.

Aussi, le jour même de l’entrée en scène des militaires, les Choguel et autres ont été trop timides se transformant, eux-mêmes, en spectateurs d’une affaire dont ils ont été l’un des premiers initiateurs, à savoir, le départ d’IBK. Les militaires qui ont parachevé ce combat se sont retrouvés en possession d’un pouvoir dont, c’est vrai, il en voulait pas au début, mais qu’ils ont été obligés de conserver pour ne pas le mettre dans la rue. C’est ce maintien du pouvoir à Kati qui a trop duré et fini par donner des idées à des proches de la junte.

Les militaires se sont retrouvés détenteurs d’un pouvoir que personne ne revendiquait et la nature ayant horreur du vide, ils ont été obligés de le gérer en procédant d’abord aux premières nominations. Des tests pour peut-être voir la réaction des uns et des autres. Possible, pourquoi pas ?

Et comme personne ne réagissait, en tout cas pas aussi vigoureusement pour inquiéter les colonels, le CNSP a commencé à tisser sa toile qui est désormais -presque- achevée. Le pouvoir est donc à Kati, aux mains du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

Aussi, non seulement le M5-RFP a laissé Kati faire, ses responsables ont même organisé un meeting géant, supplié les militaires à se présenter à la place de l’Indépendance, pour féliciter les Colonels Assimi Goïta, Malick Diaw et les autres.

Ils venaient, sans le savoir, de légitimer le CNSP et le coup d’Etat. Ils venaient également de se mettre à la disposition des Colonels, alors que c’est le contraire qui aurait dû se passer sans oublier l’humiliation qu’ils (M5-RFP) ont accepté de subir, par deux fois, quand ils sont montés voir le Colonel Ismaël Wagué.

La conséquence de ces comportements du M5-RFP et de ses leaders a contribué à diminuer, considérablement, l’estime et le respect que les jeunes militaires avaient pour l’aile politique de la contestation ; sans oublier les incohérences et propos contradictoires constatés chez les amis de l’Imam Dicko.

Le M5-RFP, il faut le dire, s’est, royalement, trompé et «braqué» un grand nombre de patriotes honnêtes, militants et sympathisants, en déclarant, partout, qu’ils étaient les seuls légitimes, avec le CNSP, à entreprendre le changement dans notre pays. Aucun des deux regroupements ne doit et ne peut se substituer au peuple ou s’arroger le résultat de ce soulèvement populaire et toutes les contestations qui ont fini par avoir raison du pouvoir défunt.

Moussa Touré   

Source : Nouvelle Libération

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