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Transition au Mali : faire de la demande d’intégrité une opportunité

La transition au Mali, c’est ce qui fait débat aujourd’hui avec Wathi.

Vous estimez qu’il y a un moment particulier de demande d’intégrité de la part des citoyens maliens dont il faut se saisir pour ne pas rater la transition.

 

Oui, depuis les manifestations du mouvement M5 jusqu’aux commentaires des citoyens maliens sur le choix des personnalités censées diriger la transition, on a beaucoup entendu les dénonciations de la corruption et des appels à l’émergence d’une nouvelle classe politique intègre. Le choix du colonel à la retraite Bah N’Daw pour présider le pays pendant la transition a été généralement salué par beaucoup essentiellement parce qu’il est décrit comme une personnalité intègre qui n’a pas été associé pendant sa carrière dans l’armée à des affaires de malversations.

Le choix qui s’est porté sur l’ancien ministre des Affaires étrangères, Moctar Ouane, a aussi été apprécié par beaucoup de Maliens parce qu’il est réputé sobre et intègre. La question de l’intégrité des acteurs politiques est devenue centrale au Mali, aussi bien pour les citoyens notamment jeunes qui dénoncent la mauvaise gouvernance qui les prive d’opportunités, que par des acteurs qui s’en servent pour discréditer leurs adversaires politiques et poursuivre leurs intérêts particuliers.

Il faut se saisir de ce moment particulier où s’exprime une demande populaire d’intégrité pour pousser pour une rupture dans les pratiques politiques et administratives, et pour proposer des réformes institutionnelles qui renforcent toutes les institutions de contrôle financier, tous les dispositifs qui incitent à plus d’intégrité dans la vie publique. Nos travaux antérieurs à Wathi sur la lutte contre la corruption et sur les réformes institutionnelles contiennent quelques pistes à cet égard.

Vous mettez en garde contre la perception qui voudrait que les militaires soient forcément plus vertueux que les civils…

Oui, cette demande d’intégrité s’est traduite aussi par un soutien assez large des Maliens pour une transition qui serait dirigée par les officiers auteurs du coup d’État. Beaucoup considèrent que les personnalités politiques maliennes civiles ont mal géré le pays au cours des dernières décennies, sont responsables de la généralisation de la corruption, de l’affaiblissement de l’État et de facto, du basculement dans l’insécurité d’une grande partie du territoire. Ils n’ont pas tort mais il ne faut pas oublier que les militaires ont aussi toujours joué un rôle très important dans la vie politique du pays et ont été aussi pour beaucoup des grands acteurs de toutes les formes de corruption et d’enrichissement illicite.

Vous rappelez qu’un rapport du groupe d’experts des Nations unies sur le Mali -publié quelques jours avant le coup d’État- mettait en cause gravement des hauts responsables militaires même dans des activités criminelles comme le trafic de drogue…

Tout à fait. Que ce soit au Mali, au Niger ou au Nigeria, on sait aussi à quel point les plus gros scandales d’abus de fonctions publiques à des fins d’enrichissement privé ont souvent concerné le secteur de la défense et de la sécurité et autant des personnalités civiles que des militaires.

Dans le contexte de la transition au Mali, il faudra donc être aussi vigilants à l’égard des civils que des militaires nommés dans des postes à responsabilité où résident des opportunités de malversations. L’un des risques importants pendant une période de transition est que certains la considèrent comme une opportunité unique à saisir pour régler durablement leurs problèmes financiers en quelques mois, en profitant d’une nomination à une fonction publique, de contrats de fourniture de services ou de biens à l’État obtenus par des relations personnelles et sans avoir les qualifications nécessaires.

Il faut aussi être vigilant quant au respect minimal de l’Etat de droit et clarifier, maintenant que le cadre institutionnel de la transition est défini, la situation de toutes les personnalités civiles et militaires arrêtées, depuis le 18 août dernier, dont l’ancien Premier ministre. La transition au Mali est un moment charnière qui peut être un tournant historique positif ou se transformer au contraire en une nouvelle période d’approfondissement du délitement de l’État malien et de la société. L’enjeu est crucial pour toute la région. Sans une stabilisation politique et institutionnelle du Mali, il n’y aura pas de sécurité dans le Sahel et dans tout son voisinage ouest-africain. C’est aussi simple que cela.

Source : rfi

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