La tontine, regroupant généralement des femmes, est une manière d’économiser son argent sans aller à la banque. «Samedini», «dimanchini» ou encore «N’tènenni» sont les appellations des rencontres des femmes dans le cadre de la tontine. Ces tontines ont permis à beaucoup de personnes de créer des activités génératrices de revenus. Cette pratique s’observe à tous les niveaux dans notre société.
Une vielle dame du nom de Oumou Barry que nous avons rencontrée, explique qu’au départ, la tontine était une manière pour les femmes au foyer, de s’entraider autour d’une tasse de thé en cotisant. Grâce à cet argent, elles pouvaient faire du commerce ou la transformation des produits agricoles a t-elle indiqué.
Mais aujourd’hui, si pour certains c’est une manière d’économiser son argent. En revanche, d’autres pensent qu’elle permet pour les amis, les membres d’une famille qui ne se voient pas quotidiennement, de se rencontrer et d’échanger. Pour eux, c’est donc un moyen de renforcement des liens d’amitié et de collaboration, une manière de promouvoir le vivre ensemble. Pour Oumou Touré, la tontine oblige à économiser. «Pour quelqu’un qui a l’habitude de déposer l’argent dans ton compte bancaire chaque mois, à la longue il peut cesser d’aller à la banque pour telle ou telle raison. Mais si la personne est dans une tontine, elle est obligée de payer chaque mois ou chaque semaine selon ce qui a été prévenu par le groupe», explique notre interlocutrice.
Du point de vue organisation, la tontine a un ou une responsable qu’on appelle généralement «Pari Ba». C’est cette personne qui collecte l’argent et qui le remet à un membre du groupe à la fin du mois ou de la semaine. Parlant des avantages des tontines, Mme Coulibaly Chata Diarra, une enseignante, explique qu’elle a pu payer le cycle universitaire de sa première fille durant 5 ans, grâce à la tontine avec ses collègues enseignants. Mariam Kouyaté, membre d‘une tontine de grandes commerçantes (Lomé-Bamako, Dubaï-Bamako) dira de son côté que l’argent collecté est ajouté à son fond de commerce pour son voyage.
« Vraiment ça nous a permis de relancer notre commerce», a-t-elle souligné. Il convient de souligner que la tontine n’est pas seulement une affaire de femmes. Certains hommes aussi s’y intéressent. Ainsi, Maridie Niaré, un propriétaire de kiosque Orange money, a laissé entendre que depuis plus de 3 ans, il évolue dans une tontine avec ses amis d’enfance. «Ça permet d’économiser de l’argent et de s’épanouir dans un groupe d’amis ou de parents», estime-t-il. C’est vrai que chaque fois que le groupe se réunit pour donner de l’argent à un membre, cela se fête avec des boissons et des poulets rôtis accompagnés de frittes.
Il faut reconnaître que la tontine a aussi des inconvénients.
Selon Mme Camara Djénéba, si on ne fait pas le tirage au départ, il pourrait avoir des polémiques après. En effet, pour quelqu’un qui a besoin d’argent, il ne l’aura pas parce que le ou la responsable de la tontine a décidé de le donner à un autre. Il y a aussi des gens qui paye en retard, mettant en difficulté le ou la responsable (Pari Ba) qui doit collecter l’argent de tous les membres du groupe.
Par ailleurs, beaucoup d’hommes interdissent à leur femme d’adhérer à la tontine, car pour eux, celle-ci peut se terminer par des conflits qui pourraient occasionner des interpellations à la police.
Juliette COULIBALY
Source: Essor