Livrée à elle-même en matière de santé sexuelle et reproductive, des jeunes font face à de nombreuses difficultés pour satisfaire leurs besoins de planification familiale à Tombouctou. L’accès aux services est compromis par les préjugés.
Plus que nécessaire, la planification familiale permet de réduire les grossesses à risque et non désirées chez les jeunes. Cependant, au Mali, particulièrement à Tombouctou, le recours aux services de planification familiale reste très limité. Souvent, l’environnement familial se pose en obstacle. « Deux ans après mon mariage, témoigne Mounaïssa, habitante de la ville de Tombouctou, j’ai proposé à mon mari d’adopter une méthode de planning familial pour espacer les naissances et me concentrer sur mes études. Malheureusement, cette proposition a failli me coûter mon foyer, car mon mari m’a directement traitée d’infidèle. »
En effet, les obstacles relatifs à l’environnement social et institutionnel empêchent la majorité des jeunes femmes à aller vers la planification familiale. Certains sont confrontés à l’opposition des parents, qui pensent que parler de planning familial et des méthodes contraceptives à de jeunes célibataires est une manière de les encourager à la débauche.
D’autres aussi font face à la stigmatisation et des préjugés. « L’hôpital manque de confidentialité », estime Aicha, une autre habitante de la ville de Tombouctou. « J’ai peur d’y aller par crainte de rencontrer des parents ou des voisines qui pourraient informer la famille, alors qu’à la maison on ignore que je suis malade. Ici, tout le monde se connait », poursuit-elle.
Hostilité et préjugés
« La plupart des prestataires refusent de prescrire en-deçà d’un certain âge ou hors union. Ces comportements hostiles envers les jeunes d est un obstacle considérable lié à la qualité du service », confie Amadou Diadié, agent dans une ONG locale
« A défaut d’avoir des réponses à leurs questions, les jeunes discutent entre eux. De ces discussions découlent plusieurs hypothèses qui souvent ne cadrent pas avec les réalités », affirme l’étudiante Mariam Traoré. « Souvent les préjugés relatifs aux effets secondaires des contraceptifs rendent les jeunes sceptiques. Puisque plusieurs d’entre eux doutent de l’efficacité et de la crédibilité des méthodes de planification familiale », ajoute-t-elle.
Pour répondre de manière adéquate aux besoins des jeunes en matière de planification familiale, il est nécessaire de mettre sur pied un mécanisme permettant de lever les barrières sur la question. « Il faut une grande action de sensibilisation afin de changer la mentalité collective en matière de planification familiale. Aussi, former et outiller les prestataires de services de planification familiale à une approche convenable à la couche juvénile. En tenant compte des difficultés financières dans l’optique d’offrir des contraceptifs à des couts abordables pour tous », propose Mariam Traoré.
L’éducation étant le meilleur moyen de changer les comportements, il convient alors de miser sur l’éducation des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive à travers les pairs éducateurs, surtout en milieu scolaire.
Source : Benbere