Faut-il désespérer des autorités de la transition ? La question mérite d’être posée après que celles-ci, sous la houlette du Président de la transition, Bah N’Daw, se soient permises une relecture de la loi sur l’enrichissement illicite. Une relecture que la Coalition des Organisation de la Société Civile contre la Corruption et la Pauvreté (COSCSLCCP) trouve « non inclusive », et soupçonne la transition de manœuvrer dans l’ombre pour faire passer la loi ainsi révisée illico par ordonnance en Conseil des Ministres ! De quoi faire sortir de son gong la Coalition des Organisations de la Société Civile contre la Corruption et la Pauvreté et qui, sans transition, demande aux autorités transitoires l’arrêt immédiat de ce processus, dont la finalité est saper les efforts de l’Office Central de Lutte contre Corruption et l’Enrichissement Illicite (OCLEI) !
En effet, dans une lettre ouverte adressée au Président de la transition, la Coalition des Organisation de la Société Civile contre la Corruption et la Pauvreté (COSCSLCCP) a, à travers son président, M. Souleymane Dembélé, a exprimé son indignation face à l’attitude des nouvelles autorités de la transition qui auraient procédé à une relecture non inclusive de la loi sur l’enrichissement illicite, avec l’intention claire de la faire passer par ordonnance en Conseil des Ministres.
Ainsi peut-on lire dans cette lettre ouverte au Président de la transition, bah N’Daw, ce qui suit : « la coalition des organisations de la Société Civile pour la lutte contre la corruption et la pauvreté (COSCLCCP) a appris avec stupéfaction la relecture non inclusive de la loi sur l’enrichissement illicite et l’intention de la faire passer par ordonnance en Conseil des Ministres. La coalition des organisations de la Société Civile condamne avec la dernière énergie ce frein à la lutte contre la corruption et l’impunité et demande l’arrêt immédiat du processus.
Toujours selon la coalition, « les acquis de la démocratie doivent être préservés à tout prix, notamment la loi sur l’enrichissement illicite qui est une référence en Afrique, mais aussi une fierté nationale. La coalition estime que les éléments de participation ne sauraient être limités aux seuls SYNTADE et UNTM, au risque de créer d’autres remous sociaux autour des lois de la République… La coalition recommande un processus inclusif et indépendant dont les acteurs de la société civile sont impliqués à tous les niveaux… ».
Ces tractations au sommet de l’État sont du fait de ceux-là qu’on croyait en mesure de faire du « Mali-kura » une réalité qui doit interpeller tous les Maliens soucieux du devenir et de l’avenir du Mali. En effet, elles constituent un parjure, vues sous l’angle des engagements de Bah N’Daw pour se concerne la lutte contre la corruption, mais aussi une trahison contre le peuple malien en ce sens qu’elles ne visent qu’à plomber, et les efforts, et le champ d’action de l’Office Central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI).
Faut-il le rappeler, l’Office Central de lutte contre l’enrichissement Illicite a pour mission de mettre en œuvre l’ensemble des mesures de prévention, de contrôle et de lutte envisagées au plan national, sous-régional, régional et international contre l’enrichissement illicite. À ce titre, il est chargé d’assurer, dans le respect des compétences propres à chacune des structures concernées, une coopération efficace et la concertation des autorités nationales, directement ou indirectement concernées par la lutte contre l’enrichissement illicite.
Il est en outre chargé de prendre communication des déclarations de biens aux fins d’exploitation ; de recevoir tout autres informations utiles nécessaires à l’accomplissement de sa mission, notamment celles communiquées par les organes de contrôle et d’inspection ainsi que les officiers de police judiciaire ; de demander aux assujettis ainsi qu’à toute autre personne physique ou morale, la communication des informations détenues par eux et susceptibles d’enrichir les éléments justifiant la saisine des autorités judiciaires compétentes…
D’effectuer ou de faire effectuer des études périodiques sur l’évolution des techniques utilisées aux fins d’enrichissement illicite ; de centraliser les informations nécessaires à la détection et à la prévention des faits d’enrichissement illicite ; d’animer et de coordonner, si besoin, aux niveaux national et international, les moyens d’investigations dont disposent les administrations ou services pour la recherche des infractions induisant des obligations de déclaration ; d’émettre un avis sur la mise en œuvre de la politique de l’Etat en matière de lutte contre l’enrichissement illicite et de proposer toutes réformes nécessaires au renforcement de l’efficacité de la lutte contre l’enrichissement illicite…
De susciter et de promouvoir au sein des institutions et des organismes publics et parapublics des mécanismes destinés à prévenir, détecter et faire réprimer l’enrichissement illicite ; D’évaluer périodiquement l’impact des stratégies et des performances atteintes ; de recommander toutes réformes, législative, réglementaire ou administrative, tendant à promouvoir la bonne gouvernance, y compris dans les transactions commerciales internationales ; de recevoir les réclamations, dénonciations et plaintes des personnes physiques ou morales se rapportant à des faits d’enrichissements illicites.
Ce n’est pas tout… L’Office Central de lutte contre l’enrichissement Illicite peut aussi, sur la base d’informations graves, concordantes et fiables en sa possession, saisir le procureur du Pôle économique et financier compétent poursuite judiciaire. C’est cet outil puissant et efficace dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite que les autorités de transition veulent aujourd’hui saborder pour uniquement faire plaisir à l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali) et à la SYNTADE (Syndicat des Travailleurs de l’Administration d’Etat), fortement opposés à l’OCLEI pour des raisons que tout le monde connaît !
Source : Le Soir De Bamako