Des responsables de l’ONUSIDA craignent que les menaces sur le financement puissent davantage compromettre la riposte dans la lutte contre le sida dans le monde. Une inquiétude exprimée au cours d’une conférence de presse virtuelle tenue le jeudi 28 juillet sur le rapport actualisé 2022 de l’ONUSIDA.
La conférence animée par plusieurs responsables du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida dont sa directrice Régionale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mme Berthilde Gahongayire ; le Conseiller du Programme régional, M. Mach Houd Kouton et M. Tristan Gijsenbergh a été organisée en collaboration avec le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement.
Ce rapport actualisé 2022 de l’ONUSIDA fait un était des lieux de la situation du VIH et le sida dans le monde en tout en mesurant les progrès. Ce document de recherches affirme qu’au cours des deux dernières années et demie, la concomitance entre la pandémie de sida et de COVID-19 ainsi que les crises économiques et humanitaires ont accru la menace sur la riposte mondiale au VIH.
« Le COVID-19 et d’autres instabilités ont perturbé les services de santé dans une grande partie du monde, et des millions d’étudiants ont été déscolarisés, ce qui a accru leur vulnérabilité au VIH », soutient le rapport.
Le surendettement des pays pauvres et une augmentation sans précédent des personnes pauvres dans le monde ont un impact négatif à la riposte au sida faisant subir d’importantes pressions alors que les communautés qui étaient déjà plus exposées au VIH sont désormais encore plus vulnérables, indique l’ONUSIDA.
Selon ce rapport, de nombreux grands donateurs bilatéraux réduisent l’aide internationale en faveur du Sida, pendant ce temps, les pays à revenu faible et intermédiaire sont en proie à des charges fiscales plus élevées dues par la pandémie de COVID-19.
Il souligne que le COVID-19 et maintenant la guerre en Ukraine génèrent des vents contraires exceptionnels. « L’aide publique au développement pour le VIH provenant de donateurs bilatéraux autres que les États-Unis d’Amérique a chuté de 57 % au cours de la dernière décennie, ce qui rend la reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds Mondial) en 2022 plus importante que jamais. En 2021, les ressources internationales disponibles pour le VIH étaient inférieures de 6 % à celles de 2010 », déplore l’ONUSIDA.
Également au plan interne, le programme onusien dans son document regrette que dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le financement national a diminué pendant deux années consécutives, notamment de 2 % en 2021.
« Les niveaux élevés d’endettement sapent davantage la capacité des gouvernements à accroître les investissements dans le domaine du VIH », indique le rapport.
Les progrès en matière de prévention et de traitement sont en train de ralentir dans le monde entier, mettant des millions de personnes en grave danger.
« Les dernières données recueillies par l’ONUSIDA montrent que si les nouvelles infections au VIH ont diminué dans le monde l’année dernière, la baisse n’a été que de 3,6 % par rapport à 2020 la plus faible réduction annuelle depuis 2016. En conséquence, de nombreuses régions, pays et communautés doivent faire face à l’augmentation des infections à VIH parallèlement à d’autres crises en cours », alerte le programme onusien dans son rapport.
En clair, précise-t-il, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ainsi que l’Amérique latine ont tous connu une augmentation du nombre annuel des infections à VIH au cours de la dernière décennie.
Selon les données du rapport, chaque jour, 4 000 personnes, dont 1 100 jeunes (âgés de 15 à 24 ans) sont infectées par le VIH si les tendances actuelles se poursuivent, 1,2 million de personnes seront nouvellement infectées par le VIH en 2025, soit trois fois plus que l’objectif de 370 000 nouvelles infections fixé pour 2025.
« L’impact humain de l’enlisement de la riposte au VIH fait froid dans le dos. En 2021, 650 000 personnes sont mortes de causes liées au sida soit, une par minute », a affirmé le document de l’ONUSIDA.
Toutefois, le rapport rassure : « Avec la disponibilité de médicaments antirétroviraux de pointe et d’outils efficaces pour prévenir, détecter et traiter correctement les infections opportunistes telles que la méningite cryptococcique et la tuberculose, ces décès sont évitables. »
Le préalable à ce succès est de mettre en place un système d’action accélérée pour empêcher les gens d’atteindre un stade avancé de la maladie, souligne le rapport, car sans cette approche, les décès liés au sida resteront une cause majeure de décès dans de nombreux pays.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin